Risques environnementaux - Risques naturels : premières Assises nationales pour une "culture commune" des acteurs
Elus, services techniques des collectivités et de l'Etat, assureurs, chercheurs, représentants d'associations et d'ONG sont réunis les 19 et 20 janvier à Bordeaux pour les premières Assises nationales des risques naturels organisées par le ministère de l'Ecologie en partenariat avec l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea), un des principaux organismes de recherche sur les risques naturels en France. Ces assises, désormais prévues tous les deux ans, ont pour ambition de développer "une culture commune" des acteurs intervenant dans la politique des risques naturels, au moment où les services de l'Etat préparent une nouvelle cartographie des risques, des plans d'actions de prévention des inondations et une nouvelle réglementation sismique. Pour Laurent Michel, directeur général de la prévention des risques au ministère de l'Ecologie, "l'objectif est de réfléchir ensemble et faire émerger des propositions concrètes" en concertation avec les élus, qui sont au coeur du dispositif de prévention, et pour lesquels "la connaissance des risques, des mesures existantes et des moyens à mettre en place en matière de prévention demeure primordiale".
"La France est plutôt bonne" sur la gestion des risques, "on a des bons dispositifs mais savoir que ça peut arriver et savoir comment on réagit quand ça arrive, on peut être meilleurs là-dessus", a affirmé la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, en ouverture des Assises, ce 19 janvier. "Partager l'info, les expériences, une culture du risque, c'est l'objectif de ces assises", a-t-elle poursuivi. "Il faut que nous forgions cette culture du risque qui est une mémoire de ce qui s'est passé et une façon de savoir être réactifs", a-t-elle martelé, rappelant les catastrophes comme la tempête Xynthia en 2009 sur la façade Atlantique ou les incendies de forêt à la Réunion. "Sur Xynthia, on s'est rendu compte qu'il y avait un 'risque submersion' pas assez pris en compte en France", a-t-elle développé, citant l'alerte submersion mise en place en octobre et déjà activée à trois reprises notamment lors de la tempête Joachim de décembre dernier en Bretagne.
Les maires, "premiers acteurs de la gestion du risque"
Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé l'élaboration en cours de plans de prévention des risques littoraux, précisant que "303 communes en France ont été présentées comme prioritaires". Reconnaissant que ces plans "entraînent un certain nombre d'interdictions de constructions, de modifications des règles d'urbanisme qui ne sont pas faciles à faire accepter", elle a martelé qu'"il faut être cohérent". "On ne peut pas d'un côté dire 'avec le changement climatique, le niveau de la mer va s'élever de peut-être un mètre jusqu'à la fin du siècle', et, de l'autre, ne rien changer aux plans locaux d'urbanisme, faire comme si de rien n'était alors que l'on construit pour un siècle". "Les premiers acteurs de la gestion du risque" sont les maires, a-t-elle dit, reconnaissant que "ce n'est pas simple pour un élu qui doit développer son territoire avec une demande forte de logements et d'équipements publics". "Des assises comme celles-là permettront de l'aider à ne pas être seul (...) face à une pression des aménageurs, de la population pour avoir une bonne politique de gestion du risque."
"Le cumul des risques, c'est quelque chose sur lequel nous devons agir", a poursuivi la ministre, citant l'exemple de Fukushima où une catastrophe naturelle a entraîné une catastrophe nucléaire par "effet domino". "Est-ce que nous sommes assez préparés sur les effets dominos en France ? Je crois que l'on peut faire mieux", a-t-elle dit, jugeant que "l'association entre risques naturels et risques technologiques mérite des dispositifs de gestion particuliers".
Anne Lenormand avec AFP
Risques naturels en France : les chiffres-clés
- 6.000 communes concernées par un risque d'incendie de forêt
- 18.000 communes exposées à un risque d'inondation
- 11.000 communes concernées par des risques de mouvements de terrain
- 600 communes concernées par un risque d'avalanche
- 9.000 communes couvertes par un plan de prévention des risques naturels approuvé
- 21.430 communes concernées par le zonage sismique