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Inondations - Soixante actions pour l'"après-Xynthia"

Tirant les leçons de la catastrophe engendrée par la tempête Xynthia et de sa gestion, qui avait été critiquée l’été dernier par les parlementaires, le gouvernement a repris la main et la parole en lançant le 17 février une série de mesures visant à éviter les erreurs du passé. Dans les communes sinistrées de Vendée et de Charente-Maritime, le fonds Barnier a d’ores et déjà permis de racheter près de 900 maisons mais le dispositif d’acquisition amiable - qui suit toujours son cours et franchira une nouvelle étape en mars avec l’enclenchement de procédures d’expropriation soumises à enquête publique - en concerne près de 1.600. Aux propositions faites l’été dernier par le duo de sénateurs Retailleau-Anziani, qui recommandaient alors un ajustement du fonds Barnier pour éviter son assèchement, on notera que le gouvernement ne répond que partiellement. Certes, les assureurs l’abondent de plus en plus, à hauteur de 165 millions d’euros en 2010, mais cela semble insuffisant pour couvrir l’ensemble des dépenses prévues. D’autant que le plan en question finance déjà les plans de prévention des risques (PPR)...

Tourner la page

En revanche, l’effort de concertation territoriale pour accompagner une dynamique de projet est à saluer. Ainsi, un "atelier littoral" qui a réuni des experts missionnés par l’Etat, dont des pointures de l’architecture et de la géographie, et 25 élus de Charente-Maritime, a donné d’intéressants résultats. En effet, sur des périmètres entièrement sinistrés, il reste "pour tourner la page et regarder l’avenir" (selon l’expression de la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet) à repenser l’aménagement urbain. En ce sens, cet atelier qui vient de restituer ses travaux suggère un mouvement de reconcentration des extensions urbaines vers l’arrière-pays, moins saturé et moins risqué. Cela exige de repenser les transports : des reconversions de tronçons routiers sont ainsi envisagées. Portée par les élus, la démarche est à suivre tant elle brasse de nombreux enjeux. 
Marées d’équinoxe oblige, les travaux de colmatage des 200 km de digues les plus touchées en Vendée et Charente-Maritime étaient les plus urgents. Ils ont pour la plupart été terminés, d’autres plus sensibles sur le plan  environnemental notamment sont à poursuivre dans l’année. Montant déjà engagé : plus de 42 millions d'euros dont près des 2/3 par l’Etat. Mais jusqu’en 2016, ce sont plus de 500 millions d'euros que l’Etat mobilisera pour conforter un millier de kilomètres d’ouvrages supplémentaires. "Le travail complexe de recensement de ces ouvrages – on en est à 8.000 sites identifiés – progresse également. L’enjeu est de renforcer nos compétences de contrôle et suivi au sein des Dreal et de poursuivre aux côtés des préfets la recherche des gestionnaires des digues dites orphelines", ajoute Laurent Michel, à la tête de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR).

PPR, PCS et Papi

L’autre priorité était d’accélérer l’élaboration des PPR pourvus d’un volet inondation. Avec 500 nouveaux plans approuvés en 2010, la dynamique semble bien engagée. Plus de 8.400 communes sont désormais couvertes mais il en reste au moins 4.000 où tout reste à faire, tout particulièrement en Paca, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais, Normandie mais aussi à La Réunion ou le long de multiples affluents de la Loire ou du Rhône. Quant aux PPR littoraux (PPRL) décrétés comme étant prioritaires par les préfets, on les retrouve surtout en Poitou-Charentes, Bretagne, Aquitaine, Picardie et Languedoc-Roussillon. D’ici trois ans, d’une centaine de communes disposant d’un tel plan, on devrait passer à près de 400. D’ici là, l’idée d’expérimenter des schémas de cohérence territoriale (Scot) spécifiques à chaque littoral devrait aussi faire du chemin et être armée de nouveaux référentiels de construction sur lesquels planche le ministère. "Trop peu employés, les plans communaux de sauvegarde (PCS) peuvent par ailleurs s’imposer comme le principal outil de la mise en sûreté des personnes au niveau communal. Mais pour qu’ils s’articulent mieux avec les PPR et gagnent en cohérence du point de vue des collectivités, on s’appuiera sur la proposition de loi du sénateur Retailleau prévue en avril afin d’inciter dès la prescription de ces derniers à la mise en œuvre des premiers", a précisé la ministre. Enfin, concernant les programmes d'actions de prévention des inondations (Papi), notons qu’un appel à projets visant à les dynamiser est lancé. 
Le rôle d’alerte et de vigilance de Météo-France ayant été mis à l’index suite à Xynthia et aux crues de Draguignan, l’organisme innove en faisant évoluer son dispositif "fortes vagues" vers un système de prévision plus complet baptisé "vagues-submersions". "Structuré en quatre niveaux, il permettra dès la fin d’année de prendre en compte dans nos prévisions et notre chaîne d’alerte le niveau de vulnérabilité et de sensibilité des territoires", a précisé François Jacq, président-directeur général de Météo-France. D’ici à 2016, 20 millions d'euros seront engagés dans l’amélioration du réseau de surveillance et d’avertissement des crues. Jugés obsolètes, une dizaine de radars hydrométéorologiques seront ainsi remplacés et la couverture globale du réseau renforcée, en s’adaptant notamment à de plus petites échelles en Paca comme à La Réunion.