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Environnement - Philippe Martin nouveau ministre de l'Ecologie

Le député PS du Gers Philippe Martin succède à Delphine Batho comme ministre de l'Ecologie. De la préparation de la conférence environnementale de septembre à la conclusion du débat national sur la transition énergétique et au verdissement de la fiscalité, de nombreux dossiers sensibles l'attendent.

Article initialement publié le 3 juillet 2013.

Au lendemain de son renvoi du gouvernement pour avoir critiqué le budget 2014 de l'Ecologie, touché par une baisse des crédits de 7%, Delphine Batho a quitté son ministère ce 3 juillet au terme d'une cérémonie de passation de pouvoir avec Philippe Martin. Le député PS du Gers devient ainsi le troisième ministre de l'Ecologie du gouvernement Ayrault, Delphine Batho ayant elle-même succédé à Nicole Bricq qui avait dû renoncer à ce portefeuille pour avoir voulu suspendre les forages d'un grand groupe pétrolier au large de la Guyane. "Je souhaite à Philippe Martin bonne chance dans ses fonctions", a déclaré Delphine Batho, après avoir salué chacun des membres de son cabinet et autres collaborateurs. Et "en ce qui concerne les circonstances de ce limogeage et ses conséquences, je dirai tout dans une conférence de presse demain à 15 heures", a-t-elle ajouté.
"L'écologie est une exigence", s'est empressé de déclarer son successeur, Philippe Martin. "La nécessité de transformer de manière écologique notre mode de vie n'est pas quelque chose de superflu, mais une exigence absolue", a-t-il ajouté, estimant qu'il faut en convaincre "la population inquiète des urgences sociales". Soucieux de se présenter comme un vrai défenseur de l'environnement, quand les écologistes ont exprimé leurs inquiétudes sur les véritables intentions du gouvernement à ce sujet, il assure : "Je suis passionné par l'écologie qui est devenue dans mon département du Gers ma pratique quotidienne." "Mon travail sera de faire que l'écologie soit à la place qui lui revient dans la politique du gouvernement, c'est à dire une place de choix", a-t-il martelé.
François Hollande a justifié ce même jour en Conseil des ministres l'éviction de Delphine Batho par le fait qu'elle avait manqué, selon lui, au "principe majeur de solidarité gouvernementale", a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Un peu plus tard, lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a estimé que les critiques de Delphine Batho sur le budget du ministère de l'Ecologie ont constitué un "problème politique, de cohérence, un problème de solidarité gouvernementale". "Un des actes majeurs d'un gouvernement, c'est le budget", a souligné le Premier ministre. "Dans un conseil municipal, lorsqu'on participe à la majorité et qu'on ne vote pas le budget, en exerçant des responsabilités d'exécutif, on quitte immédiatement le gouvernement municipal", a-t-il déclaré, en réponse à une question du député UMP Martial Saddier. Jean-Marc Ayrault a aussi affirmé que "l'environnement n'est pas une variable d'ajustement, il est au coeur du projet du président de la République".

Les chantiers du nouveau ministre

Considéré comme un bon connaisseur des questions d'environnement, Philippe Martin est de longue date un fervent défenseur de l'agriculture raisonnée et un farouche opposant aux OGM. Membre de la mission parlementaire sur les enjeux des essais et de l'utilisation des OGM (2004-2005), il avait même lancé un référendum sur les cultures OGM en plein champ au début des années 2000. Comme président du conseil général du Gers, il s'est attaché à promouvoir l'agriculture biologique et les circuits courts dans les cantines scolaires. Fin 2012, il avait été chargé par le gouvernement d'une mission sur la gestion quantitative de l'eau.
Comme nouveau ministre de l'Ecologie, de nombreux dossiers délicats l'attendent. Il devra préparer avec ses collègues Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Pascal Canfin (Développement) la conférence de l'ONU sur le climat programmée en 2015 à Paris, censée donner naissance à l'accord le plus ambitieux jamais adopté sur la lutte contre le réchauffement climatique. A plus court terme, il va aussi devoir s'atteler à la loi-cadre sur la biodiversité, qui instaurera notamment une nouvelle Agence française pour la biodiversité, qui doit être présentée en Conseil des ministres en juillet ou début septembre au plus tard. Autre grand chantier : la conférence environnementale des 20 et 21 septembre, qui doit notamment être consacrée à l'économie circulaire. Delphine Batho avait ouvert la perspective d'une loi-cadre pour en poser les principes. Philippe Martin hérite aussi du dossier du projet très contesté d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Depuis la remise en avril 2013 de trois rapports de commissions d'études sur ce projet, créées à l'automne 2012 après d'intenses affrontements des opposants au projet avec les forces de l'ordre, aucun nouveau calendrier de démarrage des travaux n'a encore été communiqué officiellement. Le nouveau ministre va également devoir se pencher sur la réforme du droit de l'environnement en vue d'en réduire la complexité, un sujet sur lequel Delphine Batho avait organisé des états généraux fin juin. Il est aussi attendu sur la question du verdissement de la fiscalité écologique et, dans ce cadre, sur celle d'un durcissement de la fiscalité du diesel, à laquelle Delphine Batho était favorable, et de son éventuelle mise en oeuvre à partir de 2014.
Philippe Martin devra également mener à bien le débat national sur la transition énergétique, qui doit se conclure ce mois-ci et déboucher sur des recommandations pour rendre la France moins dépendante du nucléaire et des énergies fossiles. Le débat a déjà donné lieu à de nombreuses frictions autour du nucléaire et du gaz de schiste. Ces recommandations serviront elles-mêmes de socle à un projet de loi de programmation sur l'énergie attendu à l'automne et qui devait être débattu au Parlement début 2014. La fermeture de la centrale de Fessenheim d'ici fin 2016 et la réduction du nucléaire dans le bouquet électrique de 75 à 50% à l'horizon 2025, deux promesses de François Hollande, doivent figurer dans ce projet de loi.
Le nouveau ministre va aussi devoir se positionner sur la révision des tarifs d'EDF, prévue en juillet. Delphine Batho avait rejeté la hausse proposée par le régulateur du secteur (7 à 10% plus un rattrapage de 7,6% pour 2012). Autre sujet en arrière-plan : la mise en oeuvre du bonus-malus de l'Energie, retoqué par le Conseil constitutionnel. Le projet de loi de réforme du code minier (dossier partagé entre l'Ecologie et le Redressement productif) est également attendu ce mois-ci, de même que des décisions sur des dossiers plus techniques comme le déploiement des compteurs communicants Linky et Gazpar ou l'ouverture à la concurrence du secteur des barrages hydrauliques, à laquelle Delphine Batho était réticente.
 

 

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