Environnement - Débat sur la transition énergétique : les premiers retours de la Journée citoyenne
Le 25 mai, 1.115 citoyens ont participé simultanément et dans 14 régions, dont trois en outre-mer, à un débat d'un genre unique sur les enjeux de la transition énergétique. Aux yeux du ministère, qui l'a organisé avec l'appui des régions, l'exercice n'est surtout pas à comparer à un sondage. "Ce fut avant tout un exercice de démocratie participative", explique Delphine Batho. "Il ne s'agit pas d'une opinion individuelle recueillie sur le vif. Avec ce débat, l'opinion de chaque participant a pu être formulée à l'issue d'une appropriation des enjeux du débat et d'un processus qui a duré une journée", insiste Stéphane Rozès. Pour l'ex-directeur général de l'institut CSA, la méthode ainsi retenue a permis de "dépasser les contraintes qui tenaillent habituellement les participants à ce type d'opération, en tant que citoyens d'un côté mais aussi consommateurs, travailleurs et mère ou père de famille de l'autre". Le but était de faire émerger des positionnements à l'issue d'une information fournie sur des choix et de grandes orientations possibles. "Ces paroles pèseront sur le projet du gouvernement", a promis Delphine Batho.
Déplacements et précarité énergétique
Même si la méthode utilisée dans chaque région n'a pas été exactement la même – certaines comme la Picardie ou les Pays de la Loire ont opté pour un protocole légèrement différent de la "World Wide View" promue par le Danish Board of Technology – toutes ont combiné information, formation, dialogue et aboutissent à de premiers résultats, présentés pour l'heure sous une forme brute et non consolidée. Ces résultats seront détaillés le 20 juin prochain lors du Conseil national du débat. A la question portant sur les postes de consommation d'énergie sur lesquels les participants pensent pouvoir agir, près de la moitié ont répondu les déplacements, loin devant le chauffage. "Il ressort également d'autres études que l'énergie, parfois même devant l'alimentation, est considérée comme un bien vital, que le citoyen n'est guère prêt à rogner", observe Stéphane Rozès. En outre, un tiers des participants s'est dit prêt à investir dans des équipements moins énergivores et dans l'isolation de son foyer. Autre signal fort : si 13% des participants s'estiment en situation de précarité énergétique, la crainte de basculer dans cette difficulté est forte et touche 42% de ces participants.
L'Europe et l'innovation en tête
Pour réduire leur demande d'énergie, un peu moins des trois quarts (67%) des citoyens consultés croient en des solutions technologiques innovantes. Beaucoup (62%) croient aussi au soutien financier pour des travaux et achats d'équipements. "Plus que des leviers réglementaires, ce dont ils besoin, c'est d'un accompagnement pour maîtriser leur facture d'énergie", décrypte Bruno Rebelle, qui a pris part au pilotage du débat et assisté à celui organisé par la région Midi-Pyrénées à Toulouse. Le climatologue Jean Jouzel, qui est aussi membre du comité de pilotage et a participé aux débats de Lille et Paris, en retire une autre leçon : le fort "besoin d'Europe" des participants. En effet, à la question portant sur l'échelon idéal pour encadrer cette politique de transition énergétique, ceux-ci ont majoritairement répondu l'Union européenne. En comparaison, l'échelon des bassins de vie, communes, communautés de communes et départements n'est cité que par un tiers des participants. "De mon point de vue, ce qu'il ressort de ces retours de citoyens, c'est la forte homogénéité territoriale, par classe d'âge et par milieu. Il y a une forte acceptation des enjeux et une demande de convergence de la part des Français. En région, plus il y a de débats, plus les gens sont nombreux à venir", a conclu Pierre Radanne, convié à commenter les résultats en tant qu'expert national et président de l'association 4D sur le développement durable.