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Gouvernement - Ayrault II : quatre nouveaux ministres... et un remplacement surprise

Le gouvernement Ayrault compte depuis jeudi soir quatre nouveaux ministres. Deux membres de la première équipe ont changé d'attribution dans le cadre de ce miniremaniement consécutif aux législatives et plusieurs autres voient leur périmètre quelque peu retouché.

Delphine Batho succède à Nicole Bricq à l'écologie
Coté changements d'attributions, en plein sommet Rio+20, l'annonce du remplacement de Nicole Bricq par Delphine Batho comme ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a constitué la plus grande surprise de ce remaniement ministériel. Nommée ministre du Commerce extérieur – poste qui n'était pas pourvu dans le gouvernement Ayrault I –, Nicole Bricq n'aura passé qu'un peu plus d'un mois à l'Ecologie. Elle était ces derniers jours la cible de critiques d'ONG pour avoir promis une "remise à plat" d'un permis de forage accordé à Shell au large de la Guyane, finalement validé par le gouvernement. Delphine Batho, qui était précédemment ministre déléguée à la Justice et considérée comme une spécialiste des questions de sécurité, lui succède donc, avec comme ministre délégué Frédéric Cuvilier, chargé des Transports et de l'Economie maritime – attributions qu'il avait déjà dans le gouvernement Ayrault I – mais aussi de la Pêche. Elue députée des Deux-Sèvres depuis 2007, Delphine Batho a eu l'occasion de s'exprimer à l'Assemblée nationale sur plusieurs sujets environnementaux. Au cours de la précédente mandature, elle a notamment demandé au gouvernement d'annuler l'autorisation de mise sur le marché du pesticide Cruiser et s'est prononcée pour un moratoire interdisant la culture des OGM en plein champ. Elle a également défendu le classement du Marais poitevin comme parc naturel régional. La nomination de Delphine Batho a naturellement suscité de nombreuses réactions dans les milieux écologistes. L'association Agir pour l'environnement estime qu'"en pleine conférence internationale de Rio+20, ce changement est loin d'être la décision la plus judicieuse qu'ait prise le nouveau Premier ministre français". Elle "s'étonne que le ministère de l'Ecologie puisse servir de variable d'ajustement dans un jeu de chaises musicales qui n'est pas à la hauteur des crises écologiques". "Le ministère de l'Ecologie ne peut et ne doit pas être un lot de consolation !" Pour Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement (FNE), la nouvelle ministre "n'a pas vraiment fait ses preuves sur l'environnement" mais "on peut lui laisser le bénéfice du doute". Si ce changement n'est "pas un très bon signal" alors que la conférence environnementale promise par François Hollande pendant la campagne présidentielle est en préparation, le point positif, selon Benoît Hartmann, est que la nouvelle ministre conserve "le même périmètre, avec l'énergie". Le remaniement ministériel devrait avoir pour conséquence de retarder la tenue de la conférence environnementale qui aura probablement lieu en septembre plutôt qu'en juillet, comme cela avait été annoncé initialement.

Un tandem pour la décentralisation
Parmi les quatre nouvelles recrues, les acteurs locaux retiendront avant tout l'arrivée d'Anne-Marie Escoffier en tant que ministre déléguée chargée de la Décentralisation auprès de Marylise Lebranchu, qui reste bien ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique. Haute fonctionnaire, Anne-Marie Escoffier est passée par le ministère de l'Intérieur et l'inspection générale de l'Administration, a été préfète de l'Aveyron et de l'Yonne. Elle fut d'ailleurs préfète de l'Aveyron lorsque Jean Puech était le président du conseil général, avant de devenir elle-même élue de ce département. De quoi, sans doute, donner une vision musclée des relations Etat-collectivités. Mais elle sera elle-même élue de l'Aveyron. Conseillère générale, puis sénatrice, depuis 2008. Anne-Marie Escoffier a en tout cas déjà largement eu l'occasion de se pencher sur les questions de décentralisation. Entre autres en tant que vice-présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales, sans oublier sa présidence de la mission d'information sur les conséquences de la suppression de la taxe professionnelle. "Dans les engagements qui ont été pris par le président de la République, la réforme des conseillers territoriaux était l'une des priorités, donc elle sera ma priorité absolue, pour essayer de trouver un dispositif qui soit un peu plus porteur pour l'ensemble du territoire", a-t-elle déclaré dès vendredi matin sur les ondes d'une radio régionale.
On notera que le même jour, le nouveau président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), Pierre Cohen, maire de Toulouse, a assuré que cette fédération, forte de 60.000 élus, ferait bientôt "remonter les propositions des élus" pour préparer l'acte III de la décentralisation promis par François Hollande. Il compte pour cela "peaufiner" la plate-forme préparée par la FNSER jusqu'ici présidée par Marylise Lebranchu. "Il y a de nombreuses questions à préciser, comme par exemple les modes de scrutin pour les départements et les communautés de communes. Il faut aussi débattre sur l'autonomie fiscale des collectivités", a-t-il souligné à l'AFP, précisant : "Je me place dans la continuité de Marylise Lebranchu."

Un ministre délégué à la formation professionnelle
Son nom figurait déjà dans la liste des ministrables du gouvernement Ayrault I : Thierry Repentin est nommé ministre délégué à la Formation professionnelle auprès de Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Ce spécialiste du logement était responsable du pôle "Habitat, politique de la ville" dans l'équipe de François Hollande. Président de l’Union sociale pour l’habitat (USH) et sénateur de la Savoie (il vient tout juste de déposer une proposition de loi au Sénat sur la suppression de la majoration des droits à construire…), Thierry Repentin est également un élu local très impliqué : vice-président de l'agglomération de Chambéry métropole, conseiller général du canton de Chambéry nord, adjoint au maire de la commune de Sonnaz, membre du comité directeur de l'Anem (Association des élus de montagne)… Son premier grand rendez-vous sera la conférence sociale des 9 et 10 juillet, et plus particulièrement la table ronde qu’il présidera sur la formation professionnelle tout au long de la vie et le développement des compétences. Table ronde à laquelle participeront les partenaires sociaux, les chambres consulaires et, bien sûr, l’Association des régions de France (ARF) qui revendique pour les régions le pilotage de la chaîne orientation-formation-emploi. Thierry Repentin devra également s’atteler au dossier brûlant de l’Afpa.

Mais aussi…
- Sylvia Pinel garde les mêmes attributions (Artisanat, Commerce, Tourisme) mais devient, elle aussi, ministre de plein exercice.
- Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, ajoute à son portefeuille la Consommation.
- Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, ajoute la Forêt à son portefeuille.
- La ministre déléguée Marie-Arlette Carlotti ajoute aux Personnes handicapées la Lutte contre l'exclusion.
- Guillaume Garo, député de la Mayenne et maire de Laval, devient ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire,
- Hélène Conwat, sénatrice, devient ministre déléguée chargée des Français de l’étranger.

 

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