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Audiovisuel - Succès pour la TNT, point d'interrogation pour les télévisions locales

Désormais, l'ensemble du territoire est passé à la télévision numérique terrestre. Techniquement, l'opération est un succès incontestable. Pour l'heure en revanche, elle n'a pas joué le rôle d'accélérateur pour les chaînes locales, dans lesquelles les collectivités sont de plus en plus impliquées.

La fin de l'année 2011 marque celle du principal chantier de l'audiovisuel depuis le passage à la télévision couleur dans les années 1960 : le basculement sur la télévision numérique terrestre (TNT). Dans la nuit du 28 au 29 novembre 2011, le Languedoc-Roussillon a ainsi été la dernière région à passer à la TNT (voir notre article ci-contre du 28 novembre 2011). Le même jour, le satellite Atlantic Bird 23 (AB3) a cessé définitivement d'émettre en analogique sur l'ensemble du territoire métropolitain. Depuis lors, AB3 ne diffuse plus que des chaînes numériques, comme le satellite Astra. Cette ultime opération clôt le cycle entamé le 18 octobre 2009 avec le Nord Cotentin, le premier basculement d'une région entière étant intervenu le 2 février 2010 avec l'Alsace. Avec l'extinction définitive du signal analogique, c'est désormais l'ensemble du territoire - métropole et outre-mer - qui est couvert par la TNT.
L'opération, menée sous la conduite du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), constitue un succès incontestable. Les basculements successifs se sont déroulés selon une mécanique bien rôdée, sans anicroches autres qu'anecdotiques. Le groupe d'intérêt public (GIP) France Télé Numérique - créé et financé par l'Etat et les chaînes hertziennes nationales historiques - a joué un rôle essentiel dans l'accompagnement du basculement, notamment auprès des publics fragiles comme les personnes âgées. Les aides financières mises en place par l'Etat (25 euros pour l'adaptateur et jusqu'à 120 euros pour l'antenne) ont également apporté un précieux coup de pouce aux ménages les plus modestes, du moins ceux qui ont eu connaissance du dispositif.
Alors que la loi fixait un objectif de couverture de 95% de la population, le taux final s'approche de 97%, le reste de la population accédant au numérique par d'autres moyens, comme les réémetteurs financés par les collectivités territoriales dans les zones blanches ou dans celles présentant une qualité de réception médiocre. Le rôle des collectivités dans le déploiement de la TNT restera en effet comme l'une des "surprises" de l'opération, même s'il ne concerne au final qu'un nombre restreint de territoires ruraux ou montagneux. Cette intervention des collectivités - autorisée par l'article 80 de la loi du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision - a été favorisée par les dispositions, d'origine parlementaire, prévoyant une aide financière de l'Etat pour les collectivités qui décident d'installer un réémetteur.

Des tuyaux plus solides que les contenus ?

Alors, la TNT, un succès sur toute la ligne ? La réponse est sans conteste positive pour ce qui concerne les "tuyaux". Elle est beaucoup moins évidente en matière de contenus. Sans évoquer les débats et les atermoiements sur les chaînes nationales (chaînes bonus, nouvelles chaînes et utilisation de ressources supplémentaires...) - qui n'intéressent pas directement les collectivités territoriales -, force est de constater que la TNT n'a pas vraiment, jusqu'à présent, joué le rôle d'accélérateur pour les chaînes locales, dans lesquelles les collectivités sont en revanche de plus en plus impliquées. Si le CSA continue de lancer régulièrement des appels à candidatures - Michel Boyon évoquait récemment la possibilité d'une dizaine de télévisions locales supplémentaires (voir notre article ci-contre du 13 septembre) -, les nouveaux entrants ont du mal à s'imposer et les chaînes locales historiques peinent à décoller. En les contraignant parfois à maintenir simultanément - le temps de la transition sur leur zone de chalandise - une diffusion en analogique et une diffusion en numérique, la TNT a même mis en difficulté certaines chaînes locales. Sans oublier le coût du basculement sur le numérique, qui peut s'avérer difficile à assumer pour les petites télévisions locales, ou la faiblesse du marché publicitaire local, malgré les progrès de la syndication.
Conséquence : la viabilité du modèle économique des chaînes locales passe de plus en plus par un soutien financier des collectivités. Celui-ci prend des formes très diverses : participation au capital, subventions, achat de programmes, aide à la syndication... Nullement découragées par les déboires de certaines télévisions locales - mise en liquidation d'Angers 7 TV, récent retrait de l'autorisation de Télévision Pyrénées-Orientales qui n'a jamais pu commencer d'émettre... -, les collectivités se bousculent au portillon (voir nos articles ci-contre du 10 et du 17 janvier 2011). Mais, même si les engagements financiers sont assez limités, cet engouement pourra-t-il survivre aux restrictions budgétaires en cours et à venir ?

 

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