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Social - Plan Pauvreté : François Hollande fait le point avec les associations

François Hollande a échangé ce 14 octobre avec les principales associations de solidarité sur la mise en oeuvre du plan Pauvreté. Soulevant plusieurs points d'amélioration, les associations ont appelé le président de la République à porter une parole politique forte sur le sujet.

Alors que la deuxième année de mise en œuvre du Plan de lutte contre la pauvreté est déjà bien entamée, le président de la République s'est mis à l'écoute des représentants des principales associations de solidarité (*). Cette table ronde intervenait à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ce 14 octobre, à l'issue d'une visite de François Hollande à l'Agence du don en nature, une association collectant des produits non alimentaires auprès d'entreprises et les redistribuant à environ 500 associations de lutte contre l'exclusion. Rappelant que l'évaluation régulière du Plan faisait partie de la méthode définie lors de sa conception à l'été 2012, le chef de l'Etat a affiché sa détermination quant à sa mise en œuvre. Il s'agit d'"appliquer dans tout sa rigueur le plan Pauvreté et de le compléter", en prenant en considération "ce qui se passe autour de nous" et notamment l'"aggravation de l'intensité de la pauvreté".

Des points positifs, mais un plan trop complexe

Interpellé sur la baisse des dotations aux collectivités, François Hollande a considéré que les diminutions prévues n'étaient pas de nature à remettre en cause le soutien aux associations. "Une meilleure organisation territoriale" est possible, pour le président de la République, tout en glissant que "les dépenses locales [avaient] continué d'augmenter en 2012 et 2013". François Hollande a par ailleurs mis l'accent sur la nécessité de "cohérence" de la politique de lutte contre la pauvreté : il faut agir "globalement pour que les personnes puissent revenir dans un délai le plus court possible vers l'activité, (…) vers la citoyenneté".
"Le premier bilan 2013-2014 est positif", a estimé la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion. A l'actif du Plan, jusqu'à présent : des mesures de renforcement de l'accès au droit et de soutien financier, telles que la revalorisation du Revenu de solidarité active (RSA) socle, le lancement de la garantie Jeunes ou encore la "mise en place territoriale du plan" - les schémas régionaux devant tous être en place au 31 octobre. Pour la première année de mise en œuvre du plan, "les grands objectifs ont été atteints", a confirmé François Chérèque, tout en alertant sur la "grande complexité" et le problème de visibilité globale" et sur les difficultés persistantes dans le secteur de l'hébergement et du logement. Co-auteur du premier rapport d'évaluation du plan pauvreté, François Chérèque a salué l'"énorme dynamique territoriale à l'œuvre", avec la mobilisation de 6.000 personnes au cours de 30 rencontres. Plus circonspect sur le maintien de cette dynamique pour la deuxième évaluation qu'il s'apprête à entamer, le président de l'Agence du service civique s'est dit notamment attentif à la montée en charge de la garantie Jeunes, "un élément innovant du plan" alors que la pauvreté des jeunes s'accroît.

Contre la "discrimination pour précarité sociale" 

Ce qui s'accroît, pour François Soulage, président du Collectif Alerte, "c'est l'intensité de la pauvreté". Un constat partagé par ses collègues des autres réseaux associatifs qui, tout en saluant les progrès réalisés dans le cadre du plan Pauvreté ou encore de la loi sur l'économie sociale et solidaire, ont formulé des critiques et propositions sur un certain nombre de points. Plusieurs associations ont ainsi exprimé leur vive déception devant le recentrage de la garantie universelle des loyers (GUL) sur les jeunes salariés et les personnes en situation précaire. Des progrès sont en outre attendus sur la simplification de l'accès au droit, la dynamique des Etats généraux du travail social, la relance du logement social ou encore l'assouplissement du cadre de l'insertion par l'activité économique.
Manifestant aussi leur indignation quant à une étude du Credoc récemment publiée (voir notre article du 2 octobre) ainsi que sur les récentes déclarations politiques sur une éventuelle remise en cause du système d'indemnisation du chômage, les dirigeants associatifs ont appelé le Président à porter une parole publique forte contre la stigmatisation des personnes en situation de pauvreté. ATD Quart Monde porte même une campagne visant à lutter contre les "discriminations pour précarité sociale". Considérant qu'il n'est pas normal d'avoir à "justifier" l'action menée en faveur des plus démunis, le chef de l'Etat a appelé à "de la dignité", considérant que "la solidarité n'[était] pas un supplément d'âme", mais impliquait "l'ensemble de la société".

PPE-RSA activité : fusion en 2016, un "effort substantiel" sur le montant 

Revenant sur l'hébergement et le logement, point noir du plan Pauvreté de l'avis des associations, François Hollande s'est engagé à "créer plus de places d'hébergement", ainsi que "davantage de prêts super sociaux" pour le logement très social, tout en laissant la porte ouverte à une "éventuelle généralisation" de la GUL dans un second temps. Christophe Robert de la Fondation Abbé-Pierre venait de dénoncer l'"hypocrisie de l'hébergement hivernal" et l'absence de priorité donnée aux publics les plus fragiles, quand le gouvernement s'attache par ailleurs à relancer le logement intermédiaire.
Sur la fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi (PPE), "le dispositif doit être prêt au 1er janvier 2016", a confirmé le président de la République, en précisant qu'on ne pouvait aller plus vite, pour bien s'assurer que certaines personnes ne perdent pas les droits acquis. Sur le montant, François Hollande a toutefois annoncé "un effort substantiel", dans un souci de justice vis-à-vis des foyers modestes ne payant pas d'impôt - suite à la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu.

Développer la garantie Jeunes et simplifier l'accès au droit  

Le chef de l'Etat a enfin manifesté le souhait d'une montée en charge rapide de la garantie Jeunes, rappelant que l'Initiative européenne pour la jeunesse prévoyait 600 millions d'euros pour la France et considérant que d'autres crédits pourraient être débloqués au-delà de 2015. "Cela répond à la question des droits pour les moins de 25 ans", a estimé François Hollande, tout en alertant sur le problème de la sous-consommation des crédits dédiés à certains dispositifs.
Ségolène Neuville a quant à elle proposé "un ensemble de mesures simples et concrètes" pour faciliter l'accès au droit : un "coffre-fort numérique pour sauvegarder toutes les pièces justificatives", un dispositif simplifié de partage d'informations entre institutions – le dispositif "Dîtes-le moi une fois" devant être expérimenté à partir de début 2015 – et un "simulateur de droits". La secrétaire d'Etat a enfin félicité les associations présentes pour leur mobilisation de cet été sur l'aide alimentaire européenne, "préservée grâce à vous tous". Ségolène Neuville a annoncé travailler avec Stéphane Le Foll sur la filière des fruits et légumes, pour avoir "des produits frais" et "de la qualité" dans l'aide alimentaire attribuée.

Caroline Megglé

Etats généraux du travail social : les parlementaires se mobilisent

"Les travailleurs sociaux attendent une parole politique forte (…) de soutien à leur action", a appelé Louis Gallois, président de la Fnars. Les Etats généraux du travail social n'auront toutefois pas été abordés par le président de la République.
Interrogée par Localtis, Ségolène Neuville a considéré que le dispositif prenait du temps du fait d'un "travail ascendant". En outre, "les parlementaires souhaitent participer", avec actuellement des auditions de responsables de groupes thématiques à l'Assemblée nationale. Suite au travail réalisé en régions, puis aux travaux des groupes thématiques, les Etats généraux du travail social pourraient avoir lieu "au premier trimestre 2015", la secrétaire d'Etat ne souhaitant toutefois pas trop contraindre les travaux en cours par un calendrier trop rigide.
Quant au portage du travail social et de l'action sociale au-delà de 2020, Ségolène Neuville semble compter sur l'implication des parlementaires pour mettre le sujet sur la table. "Les conseils généraux ont mis en place des services de très grande qualité, ces services doivent perdurer", a affirmé Ségolène Neuville, donnant foi au maintien des départements dans les territoires ruraux et à la montée en compétence, à terme, des métropoles et grandes intercommunalités dans le domaine social. En attendant, pour la secrétaire d'Etat, les conseils généraux sont bien "les chefs de file de l'action sociale". 
C.Me.

 (*) Organisations représentées : Collectif Alerte, Fnars, Uniopss, Croix Rouge française, Secours Populaire, Fondation Abbé Pierre, Secours Catholique, Union nationale des missions locales, Familles rurales, Emmaüs, Fondation Face (et ATD Quart Monde, représenté par le président de la Fnars).

 

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