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Social - Etats généraux du travail social : l'Anas veut un recentrage et un nouveau calendrier

L'Association nationale des assistants de service social (Anas) sort de sa relative discrétion sur la préparation des Etats généraux du travail social, lancés dans le cadre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, qui vient d'arriver au terme de sa première année (voir notre article ci-contre du 23 janvier 2014). Alors que la feuille de route annoncée par Jean-Marc Ayrault pour la seconde année du plan prévoit que "le gouvernement mènera avec conviction les Etats généraux du travail social, qui nous permettront de réfléchir collectivement au sens et aux modalités d'exercice de leur métier par les professionnels de l'action sociale et médicosociale" (voir notre article ci-contre du 27 janvier 2014) et que les Assises interrégionales du travail social ont commencé de se tenir depuis le 31 janvier en vue d'une synthèse nationale cet été, l'Anas s'inquiète à la fois des modalités et du calendrier de la démarche.

A marche forcée

Dans un long communiqué, l'association - qui est membre du comité de pilotage national des Etats généraux - se félicite certes d'une initiative en faveur du travail social qu'"aucun gouvernement n'avait lancée" depuis la circulaire de la ministre Nicole Questiaux au début des années 80. Mais elle dénonce en revanche "une méthode discutable". Selon elle, "les moyens ne sont pour le moment pas à la hauteur des objectifs" et "le comité de pilotage national ne fait que valider les orientations et la mise en place effective par la DGCS (direction générale de la cohésion sociale) et l'Ansa (Agence nationale des solidarités actives)". L'Anas y voit donc "une marche forcée derrière laquelle les différents acteurs n'ont que peu de poids". Ce constat vaut aussi pour les premières démarches au niveau interrégional. L'association craint notamment un glissement progressif "vers des Etats généraux des politiques sociales et non du travail social".
L'Anas demande donc à Marisol Touraine et à la DGCS "un recentrage des Etats généraux du travail social sur la mise en œuvre du travail social dans le contexte actuel, caractérisé par des paradoxes importants et des tensions fortes au sein desquelles les professionnels agissent, ainsi que sur les moyens et orientations pour le travail social de demain".

Deux points "incontournables"

Elle insiste par ailleurs sur deux points qui lui paraissent "incontournables" dans la perspective annoncée d'une refondation du travail social. Le premier concerne la reconnaissance de la compétence et des spécificités des professionnels du travail social, formulation derrière laquelle figurent notamment la question de la formation et des diplômes, ainsi que celle de certains aspects propres au travail social, comme le secret professionnel, les méthodologies d'intervention, l'éthique et la déontologie.
Le second point incontournable porte sur l'évolution des rapports entre les services sociaux et les populations. Il s'agit en particulier de s'interroger sur le développement de l'aide contrainte dans le champ administratif, sur la diminution des marges de manœuvre, ou encore sur la difficulté à aller au-devant des populations. L'Anas veut aussi "interroger sérieusement 'l'approche par la faille', qui est devenue hégémonique dans nos institutions" (orientation d'un type de problème repéré vers un type d'aide appliqué de manière descendante et plus ou moins contrainte).
En termes de planification, l'Anas s'inquiète de la "précipitation" de la démarche. Elle demande donc "une révision du calendrier prévu par la DGCS et l'Ansa, permettant une réelle consultation des acteurs et une réflexion collective aussi bien au niveau des territoires qu'au niveau national". Comme le fait remarquer l'association, "une volonté de refondation du travail social nécessite des moyens et du temps !".