Santé / Social - Plan Alzheimer : et maintenant ?
Le 1er février 2008, à l'occasion d'un déplacement à Nice, Nicolas Sarkozy lançait officiellement le plan Alzheimer 2008-2012. Cette annonce concrétisait un engagement pris par le chef de l'Etat dès sa prise de fonctions. Quarante-quatre mesures - dont dix "mesures phares" -, des objectifs ambitieux et chiffrés, une feuille de route, une gestion ad hoc, des réunions régulières du comité de suivi, présidées par le chef de l'Etat lui-même, et une enveloppe budgétaire spécifique de 1,6 milliard d'euros : le plan a bénéficié de tous les atouts traditionnels des grands chantiers présidentiels. A ces atouts s'est ajoutée la qualité des travaux préparatoires du plan, marqués notamment par le rapport de la commission présidée par le professeur Joël Ménard - ancien directeur général de la santé -, remis au chef de l'Etat en novembre 2007. Certes, le plan 2008-2012 est le troisième du genre lancé sur le même sujet, après ceux de Bernard Kouchner en 2001 et de Philippe Douste-Blazy en 2004. Mais son ampleur et son portage politique sont sans commune mesure avec ses deux prédécesseurs.
Une réussite avérée
Incontestablement, ces atouts de départ n'ont pas été dilapidés... Même si tous les objectifs ne seront sans doute pas atteints dans le délai prévu, le plan Alzheimer 2008-2012 affiche déjà un bilan très largement positif. La politique française en la matière fait d'ailleurs désormais figure de référence dans les colloques internationaux sur la maladie. Il serait toutefois fastidieux de dresser le bilan des 44 mesures décidées en 2008. Le site dédié au plan Alzheimer et le comité de suivi ne manquent d'ailleurs pas d'y procéder régulièrement, le dernier bilan provisoire en la matière remontant au 30 septembre dernier (voir notre article ci-contre du 4 octobre 2011).
On peut néanmoins retenir quelques mesures représentatives. La mise en place des maisons pour l'accueil et intégration des malades d'Alzheimer (Maia) - éléments clés du dispositif de prise en charge des malades et de leur famille - est ainsi la mesure la plus emblématique. L'objectif de 100 nouvelles Maia sera atteint dans les délais et l'ambition est désormais de disposer de 500 Maia à l'horizon 2014. On peut citer également la mise en place des UHR (unités d'hébergement renforcé) et des Pasa (pôles d'activités et de soins adaptés), même s'il n'est pas évident que le chiffre de 1.800 Pasa et de 360 UHR soit atteint avant la fin de 2012 (voir notre article ci-contre du 7 décembre 2011). Autres avancées significatives : le renforcement très important des structures de dépistage et de diagnostic (500 lieux d'accueil au total), le développement des structures de répit et la formation et le soutien des aidants naturels - dont la société commence à prendre conscience du rôle essentiel, et épuisant, auprès des malades -, ou encore la création des coordonnateurs. Sans oublier les 200 millions d'euros affectés à la recherche sur la maladie (voir nos différents articles ci-contre).
A quand un nouveau plan ?
Seul bémol à cette réussite : lorsqu'il avait annoncé le lancement des travaux d'élaboration du plan - à l'occasion d'un déplacement à Dax en juillet 2007 -, Nicolas Sarkozy avait chargé Xavier Bertrand, alors ministre des Affaires sociales, de travailler à "la création d'une cinquième branche de la protection sociale exclusivement tournée vers la prise en charge de la dépendance des personnes âgées et handicapées", avec pour objectif que "cette cinquième branche soit créée au tout début de l'année 2008". Ce volet de la prise en charge de la dépendance s'est perdu dans les sables de la crise économique et de la rigueur budgétaire...
Annoncé le 1er février 2008, le plan Alzheimer devrait donc s'achever en février 2012, même s'il s'agit là d'une date symbolique davantage que d'une obligation technique ou budgétaire. Lors d'une table ronde à Bordeaux sur le suivi du plan, le 22 février 2011, Nicolas Sarkozy avait confirmé le lancement d'un nouveau plan Alzheimer (voir notre article ci-contre du même jour). Pour le chef de l'Etat, "il va de soi que ce plan 2008-2012 doit être suivi d'un deuxième plan. La lutte contre l'Alzheimer est quelque chose qui doit s'inscrire dans l'avenir jusqu'à ce que l'on trouve un médicament". Mais, alors que la date théorique de l'échéance approche, rien ne filtre sur la préparation et le contenu de ce nouveau plan : simple reconduction du premier ou introduction d'axes et de mesures nouvelles, en particulier pour tenir compte du report sine die du chantier de la dépendance. Compte tenu de la réussite et de la perception positive du plan 2008-2012, mais aussi de l'impact de ce sujet dans l'opinion, il serait cependant étonnant que le chef de l'Etat ne s'exprime pas sur ce thème avant les échéances électorales du printemps prochain.