Environnement / Transports - L'Ile-de-France vote son plan "air" et le principe d'une écotaxe pour les poids lourds en transit
Le conseil régional d'Ile-de-France a adopté à la quasi-unanimité le 17 juin le "plan régional de la qualité de l'air" pour 2016-2021. Intitulé "Changeons d'air en Ile-de-France", il prévoit de demander à l'Etat que la région, chef de file en matière de qualité de l'air, soit pleinement associée aux décisions en cas de pic de pollution, et d'exiger que "toute décision locale doit être systématiquement évaluée à l'échelle régionale", a expliqué Chantal Jouanno, vice-présidente (UDI) chargé de l'environnement. Le plan propose également de mandater la présidente du conseil régional pour "définir avec l'Etat les dispositions nécessaires" pour mettre en place une écotaxe sur les poids lourds en transit. Valérie Pécresse avait défendu lors d'une conférence sur l'air en avril ce "principe du pollueur-payeur", pour les routiers qui traversent l'IDF. Selon elle, cette mesure pourrait rapporter entre 100 et 200 millions d'euros par an.
La plupart des groupes ont dit partager les "objectifs" et "l'esprit" de ce plan. Seul le FN a dénoncé une délibération où "l'automobile devient l'ennemie numéro 1". Concernant l'écotaxe, le groupe a estimé qu'il s'agissait "d'une mesure punitive pour les routiers français", et a réclamé qu'elle ne concerne que les transporteurs étrangers.
Le plan propose aussi d'instaurer un nouveau plan vélo, de développer les parkings aux abords des principales gares pour encourager l'utilisation de transports en commun, de mettre en place un fonds "air-bois" pour remplacer les vieilles chaudières à bois, extrêmement polluantes, et de mettre en oeuvre une "expérimentation" de dépollution de l'air du métro.
Les conseillers régionaux ont auparavant adopté à la quasi-unanimité (à l'exception du FN) une niche du groupe EELV sur la pollution de l'air, actant notamment l'engagement de la région vers une dé-diesélisation des véhicules de transports urbains. "Une satisfaction" sur un "sujet qui impacte très concrètement la santé des Franciliens", a salué le groupe. Une autre niche a été adoptée, celle du groupe MoDem, portant sur le principe d'un passe Navigo à points ("Navig'Air"), pour récompenser les actes éco-responsables comme l'usage de transport en commun. Un comité exploratoire devra étudier la mise en oeuvre de ce dispositif.
Plusieurs groupes se sont abstenus ou ont voté contre (PS, FDG, Radicaux de gauche, EELV, FN), s'inquiétant notamment d'une "discrimination" à l'égard des habitants de la grande couronne, moins dotée en transports en commun.
AFP
Les voitures les plus polluantes interdites à Paris au 1er juillet
Au moment où la région Ile-de-France adoptait son plan qualité de l'air pour les cinq ans à venir, la ville de Paris présentait "l'acte II" de son propre plan contre la pollution de l'air qui prévoit d'interdire de circulation en semaine dans la capitale à partir du 1er juillet les véhicules les plus polluants, dont les voitures essence ou diesel immatriculées avant 1997.
"Il ne s'agit pas d'être moins mobile, mais d'être aussi mobile sans polluer", a indiqué Le 17 juin devant la presse Christophe Najdovski, adjoint EELV de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, en présentant la deuxième étape d'un plan démarré en 2015.
L'objectif est de "diviser par plus que deux" la pollution dans Paris d'ici 2020 et atteindre les valeurs définies par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), a indiqué Chritophe Najdovski, selon qui le trafic routier est responsable de 62% des émissions de dioxyde d'azote et de "55% d'émissions de particules en Ile-de-France".
Au 1er juillet, seront ainsi interdites dans Paris intramuros (hors bois et périphérique), du lundi au vendredi de 8H00 à 20H00, les voitures essence et diesel immatriculées avant le 1er janvier 1997, les camionnettes d'avant le 1er octobre 1997 et les motos d'avant le 1er juin 1999.
Il a par ailleurs lancé un appel à Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, pour que soit publié "le plus vite possible" le décret portant sur le dispositif des vignettes identifiant les diverses catégories de véhicules.
Le plan parisien est "une première étape", a ajouté l'élu, une deuxième en
2017 interdira les véhicules uniquement diesel d'avant janvier 2001. Une période "pédagogique", avec des contrôles mais pas de contraventions, est prévue jusqu'au 1er octobre 2016.
La pollution provoque 40.000 décès par an, a insisté Bernard Jomier, adjoint EELV à la santé. Les "habitants des grandes agglomérations perdent de six à huit mois d'espérance de vie" à cause de la pollution de l'air. A Paris, 15% des enfants sont asthmatiques, 35% allergiques et "si on ne fait rien", la moitié de la population sera à l'avenir allergique, avec prise de médicaments quotidienne.
AFP