Environnement - L'Ile-de-France respire toujours mal
La qualité de l'air reste "problématique" en Ile-de-France et des mesures permanentes sont nécessaires pour combattre cette pollution chronique, au-delà des actions ponctuelles lors des pics, avertit l'organisme de surveillance Airparif. Plus de 2,3 millions de Franciliens restent en effet exposés à des niveaux de pollution supérieurs à la réglementation, même si la qualité de l'air s'est améliorée en 2014 par rapport à 2013, ont souligné plusieurs responsables d'Airparif en présentant le 19 mai à la presse un bilan de la qualité de l'air l'an dernier. Si celle-ci s'est améliorée, c'est en partie grâce à "une très bonne année météorologique", marquée par un hiver doux, qui a limité les émissions dues au chauffage, et par un été frais et pluvieux, relève Airparif. Ces conditions météo, plutôt favorables à la dispersion de la pollution, ont aussi entraîné une baisse du nombre de pics de pollution, tombé à 16, contre 36 en 2013.
Mais malgré les progrès, "encore 400.000 Franciliens" sont concernés par des expositions aux particules PM10 (d'un diamètre inférieur à 10 microns) dépassant les niveaux réglementaires. Et "plus de 2,3 millions de personnes", dont neuf Parisiens sur dix, sont exposés à des niveaux excessifs de l'autre grand polluant en Ile-de-France, le dioxyde d'azote, a précisé Frédéric Bouvier, directeur d'Airparif. Pour ces deux substances, les valeurs limites ont été dépassées de manière récurrente. Outre le dioxyde d'azote et les particules PM10 ou plus fines (PM 2,5, d'un diamètre inférieur à 2,5 microns), qui s'introduisent en profondeur dans les voies respiratoires, l'ozone et le benzène "posent de fait toujours problème, à des degrés divers" et "ne respectent pas les réglementations", selon Airparif.
Sans surprise, les Franciliens les plus exposés sont ceux qui résident dans l'agglomération parisienne et au voisinage de grands axes de circulation. Le long de certaines voies, les concentrations de polluants atmosphériques ont été jusqu'à deux fois supérieures aux valeurs limites.
Lors des pics de pollution, des mesures d'urgence, comme la gratuité des transports en commun et la circulation alternée, ont été prises. Ce fut le cas en mars 2014 et également en mars dernier, où ces mesures ont donné lieu à une polémique entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, réticente à instaurer la circulation alternée.
Mais au-delà de ces actions ponctuelles, "il faut mettre en place des actions permanentes", a souligné le directeur d'Airparif. La pollution chronique, première préoccupation environnementale des Français, est en effet plus nocive pour la santé que les pics. Elle a aussi un coût élevé. Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) parue en avril, le coût de l'impact sanitaire de la pollution de l'air en France s'élève à 48 milliards d'euros par an, soit 2,3% du produit intérieur brut. La Commission européenne a engagé une procédure de contentieux à l'encontre de la France pour non-respect des valeurs limites sur les particules et insuffisance des plans d'action, a rappelé Airparif. Elle considère que dans dix zones, dont l'Ile-de-France, Paris "n'a pas adopté les mesures qui auraient dû être appliquées pour protéger la santé de ses citoyens et lui demande de prendre des mesures ambitieuses, rapides et efficaces". De fait, à quelques mois de la grande conférence sur le climat organisée cet automne à Paris, les autorités manifestent de plus en plus leur préoccupation sur le sujet. Le projet de loi sur la transition énergétique, en cours de discussion au Parlement, contient un certain nombre de dispositions, notamment une prime à la conversion pour l'achat d'un véhicule électrique remplaçant un véhicule diesel. Anne Hidalgo a quant à elle dévoilé en janvier un plan de lutte contre la pollution dans la capitale prévoyant notamment une zone interdite en journée, dès le 1er juillet prochain, aux cars et aux poids lourds de plus de 14 ans.