Environnement - Ségolène Royal veut réformer le processus de décision en cas de pic de pollution
"Afin de mettre fin aux polémiques inutiles, Ségolène Royal va mandater deux experts du Conseil général de l'environnement et du développement durable pour proposer une réforme du processus de décisions en cas de pic de pollution", a annoncé le ministère de l'Ecologie dans un communiqué diffusé dans la soirée du 9 avril. La ministre a aussi rappelé qu'un appel à projets "Villes respirables" sera "prochainement lancé". Après deux jours de pollution élevée aux particules, le ministère de l'Ecologie a publié au même moment des cartes de prévision de la qualité de l'air montrant une amélioration globale de la situation à partir du 10 avril, même si les seuils d'information risquaient encore d'être dépassés dans certains départements.
Comme il y a trois semaines, le cocktail soleil, absence de vent, trafic routier et travaux agricoles a provoqué ces derniers jours une hausse de la concentration en poussières fines, qui pénètrent profondément dans les voies respiratoires. L'Ile-de-France et le Nord-Pas-de-Calais ont été particulièrement touchés par cet épisode de pollution par les particules.
Bras de fer avec les élus franciliens
Anne Hidalgo, maire de Paris, et Jean-Paul Huchon, président de l'Ile-de-France, sont plusieurs fois montés au créneau pour demander à l'Etat de prendre rapidement des mesures d'urgence pour faire baisser les concentrations de ces polluants. Piquée au vif, Ségolène Royal avait répliqué le 8 avril que personne ne pouvait "imposer, vociférer ou exiger" la circulation alternée, dispositif déjà au coeur d'une polémique au mois de mars.
Le bras de fer menaçait de se répéter. D'autant que les conditions anticycloniques sur le nord de la France ne favorisaient pas la dispersion des polluants. Jeudi 9 avril, à l'issue d'une réunion à la préfecture de police avec des élus franciliens et des experts, il a donc été décidé de maintenir les baisses de vitesse de 20 km/h, assortie d'un contournement obligatoire de l'agglomération francilienne (le coeur de l'Ile-de-France) pour les poids lourds de transit. Le brûlage des déchets verts et agricoles a aussi été interdit le 10 avril. Pour les autres sources d'émissions de particules (agriculture, industrie, chauffage), les mesures annoncées par la préfecture se sont bornées à des recommandations : éviter l'utilisation du bois en chauffage d'agrément ou d'appoint, reporter les épandages par pulvérisation, reporter les travaux agricoles au sol et les activités de nettoyage des silos agricoles.
Pics de pollution et qualité de l'air : gare à la confusion
Comme elle l'avait fait le 20 mars dernier, Anne Hidalgo est revenue à la charge pour demander à l'Etat d'instaurer la circulation alternée "si les prévisions de pollution sont à nouveau préoccupantes". Cette mesure est de toute façon mise en oeuvre en cas de dépassement prévisible du seuil d'information au quatrième jour d'un épisode de pollution. Mais les élus franciliens souhaitent que ce dispositif, qui va de pair avec des transports en commun gratuits dont le coût est partiellement compensé par l'Etat, soit à l'avenir plus rapidement appliqué. Ils souhaitent aussi être associés à la décision, qui relève aujourd'hui du préfet de police.
Si des élus montrent une certaine fébrilité sur la gestion des pics de pollution, "ces pics "ne sont pas un bon indicateur de la qualité de l'air", a tempéré Karine Léger, d'Airparif. Même s'il faut des mesures d'urgence pour "faire baisser l'intensité de l'épisode", a-t-elle ajouté. Les pics sont en fait très liés aux conditions météorologiques : leur nombre peut ainsi varier d'une année sur l'autre, sans que la qualité de l'air en général n'ait vraiment changé. "Les moyennes annuelles d'exposition aux polluants sont de meilleurs indicateurs", a précisé Karine Léger. Mais ils ne sont pas aussi marquants que des pics visibles à l'oeil nu et symbolisés par des annonces de dépassement de seuils journaliers. Seules des mesures pérennes peuvent permettre de lutter contre la pollution chronique, soulignent les experts. Enfin, concernant la volonté de Ségolène Royal de n'avoir que des taxis et bus électriques en ville d'ici cinq ans, des représentants des taxis, interrogés par l'AFP, ont jugé la mesure louable mais difficile à atteindre, "compte tenu des contraintes économiques".