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Environnement / Transports - Circulation alternée : "Zéro, c'est pair ou impair ?"

La circulation alternée en vigueur toute la journée lundi 23 mars à Paris et en proche banlieue ne sera pas prolongée ce mardi. "En raison d'une amélioration de la situation aujourd'hui et demain, la circulation alternée n'est pas reconduite", a en effet annoncé la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, saluant "le comportement citoyen des automobilistes qui ont compris la nécessité de cette mesure".
Airparif, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en région parisienne, prévoyait encore lundi un possible dépassement du seuil d'information aux particules, puis un assainissement de la situation mardi à la faveur du retour de la pluie.
Sachant que de 5h30 à minuit, seules les plaques impaires avaient pu circuler en ce "jour impair" dans la capitale et 22 communes limitrophes, la préfecture de police (PP), affirmait avoir verbalisé 2.803 des 7.823 véhicules contrôlés à la mi-journée. Les contrevenants, interceptés par 750 policiers sur 154 points de contrôle, devaient s'acquitter d'une amende de 22 euros.
La préfecture s'était toutefois engagée à tenir compte de la "bonne foi" des automobilistes pris en faute. Beaucoup ont affirmé n'avoir pas eu connaissance du dispositif, annoncé samedi. Comme Lionel, qui habite dans l'Essonne et se rendait à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour prendre son poste d'infirmier : "Je n'ai pas écouté les infos. J'ai juste entendu un flash il y a 20 minutes mais j'étais déjà dans ma voiture." "Le maître mot, c’est 'pédagogie active'. On verbalise les personnes les plus récalcitrantes ou ceux qui se moquent de nous", assurait-on à la PP.
Et la pédagogie ne commence pas forcément là où on s'y attend… "Le zéro, c'est pair ou impair ?" "Je ne m'occupe pas du zéro", répond, embarrassé par la question, le motard de la police au conducteur qui, soulagé, continue son chemin. Zéro, pourtant, c'est bien pair, et donc synonyme d'interdiction. Les motifs pour échapper à l'amende ne manquent pas. "C'est ma femme ! Elle m'a dit 'C'est bon tu peux rouler ! C'est ma femme !'" Il paraît que ça a marché.
Tout le monde n'a pas été soumis à la règle. Les véhicules "propres" (électriques, hybrides, au gaz) ou transportant au moins trois "covoitureurs" ont pu circuler, tout comme ceux assurant des missions de service public (forces de l'ordre, pompiers...) et certains véhicules professionnels (commerciaux et journalistes).
En contrepartie de la circulation alternée, les transports en commun sont gratuits, ainsi que la première heure de location d'un Autolib' ou le ticket journée pour un Vélib' (dans la limite de 30 minutes de circulation). Gratuits aussi, les stationnements résidentiels, tandis que les voitures dont la plaque est paire peuvent se garer sur les places dites "visiteur", dont l'occupation ne peut habituellement excéder deux heures.
La circulation alternée n'avait jusque-là été mise en place que deux fois: en 1997 et 2014. Cette fois, elle est entrée en vigueur au septième jour d'un épisode de pollution aux particules fines en Ile-de-France. Elle était réclamée depuis plusieurs jours par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et les Verts, inquiets du niveau de ces particules. Critiquée pour avoir tardé à prendre cette décision, Ségolène Royal s'est défendue en affirmant qu'"une décision de restriction des libertés, ça se fait dans le respect de l'Etat de droit. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation". Le Premier ministre, Manuel Valls, l'a soutenue lundi matin, saluant une mise en place du dispositif "dans de bonnes conditions".
La chef de file de l'UMP à la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, en a profité lundi pour préconiser que soient donnés les "pleins pouvoirs" en matière de lutte contre la pollution à un "acteur unique", la région, après ce qu'elle estime être un "véritable cas d'école des cafouillages de l'action publique". Et Valérie Pécresse de fustiger dans le Huffington Post aussi bien Anne Hidalgo jouant "les chevaliers blancs", Ségolène Royal uniquement soucieuse de ne "pas mettre en rogne les automobilistes franciliens", Jean-Paul Huchon n'ayant rien dit alors qu'il est "patron des transports franciliens" et des élus EELV ayant voté "la réduction pratiquement de moitié du budget de la lutte contre la pollution de l'air en Ile-de-France"… La députée des Yvelines – et future candidate à la région – indique qu'elle fera cette proposition lors de la seconde lecture du projet de loi Notr.
Valérie Pécresse omet en revanche de rappeler que le précédent texte de réforme territoriale, la loi Maptam, prévoit bien que la future métropole du Grand Paris aura compétence sur la pollution de l'air. Et qu'en attendant la création de la métropole au 1er janvier 2016, les élus de Paris et de banlieue savent qu'ils doivent faire cause commune, comme on a par exemple pu l'entendre en janvier dernier lors de la première "conférence métropolitaine sur la lutte contre la pollution de l'air" organisée à l'initiative de la mairie de Paris.

 

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