Transports / Environnement - Lutte contre la pollution de l'air : les vieux véhicules diesel à cibler en priorité, estime l'Ademe
Dans un avis publié ce 26 juin, l'Ademe fait le point sur les émissions de particules et d'oxydes d'azote (NOx) par les véhicules routiers. Si on veut s'attaquer à ces deux polluants majeurs en milieu urbain dont l'impact sur la santé est aujourd'hui avéré, "il est nécessaire d'agir prioritairement sur les véhicules les plus émetteurs (…), en particulier les véhicules diesel non équipés de filtres à particules fermés qui représentent encore environ les deux tiers du parc : véhicules particuliers et véhicules de livraison ainsi que les flottes captives (taxis, bus…) circulant dans les agglomérations. Ces modes de transport doivent être substitués par d'autres modes de transports moins polluants ou par des véhicules plus respectueux de l'environnement", recommande l'agence.
"La solution n'est pas unique"
A l'échelle nationale, le transport routier (véhicules particuliers, poids lourds et utilitaires) représente moins de 20% des émissions globales de particules fines mais ce secteur a un rôle autrement plus important en milieu urbain. A Paris, par exemple, 60% des émissions proviennent des pots d'échappement, et d'abord de ceux des voitures diesel particulières. Les oxydes d'azote, eux, proviennent pour plus de moitié du trafic routier. Et dans ces émissions liées à la route, 89% sont dues aux diesel (poids lourds pour 41%, particuliers pour 33% et utilitaires pour 15%). "Le message est clair : il faut travailler prioritairement sur ce parc" des véhicules diesel anciens et "essayer de les remplacer par des solutions de mobilité moins polluantes", a résumé Gilles Aymoz, chef de la qualité de l'air de l'Ademe, lors de la présentation de l'avis. "Mais la solution n'est pas unique", a-t-il précisé, estimant que la substitution passera par des voitures moins polluantes (électriques, hybrides) mais aussi par des modes de déplacements différents (transports en commun, vélo).
En Europe, les Low Emission Zones (zones à faibles émissions) ont démontré leur efficacité comme mesure pérenne pour réduire les niveaux de pollution par les particules et le NO2, estime aussi l'Ademe. Elles consistent à interdire la circulation des véhicules les plus polluants dans les agglomérations confrontées à des dépassements des seuils réglementaires. Environ 194 zones de ce type existent aujourd'hui dans neuf pays. La Suède a été la première à expérimenter le dispositif en 1996. Elle a été rejointe par l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Autriche, les Pays-Bas, la République tchèque, le Danemark, le Portugal et l'Italie. Le dimensionnement de ces zones est variable et dépend du contexte local : il peut concerner une petite partie du centre-ville ou au contraire couvrir toute une agglomération (1.500 km² pour le Grand Londres) et même plusieurs communes (800 km² dans la Ruhr, en Allemagne). Les véhicules concernés ne sont pas non plus identiques d'un pays à l'autre : le plus souvent, il s'agit des poids lourds et des bus/autocars mais en Allemagne et en Italie, qui concentrent à elles deux 85% des zones recensées en Europe, les véhicules légers des particuliers et des entreprises sont aussi inclus et l'Italie va même jusqu'à englober les deux-roues. Les impacts sur la qualité de l'air ne sont pas identiques d'une zone à l'autre mais dans tous les cas des réductions sont observées, note l'Ademe : de l'ordre de 1 à 10% concernant les concentrations en dioxyde d'azote et jusqu'à 12% pour la concentration moyenne annuelle en particules PM10. Pour ces dernières, la Rhénanie-du-Nord Westphalie en Allemagne a connu 16 jours de moins de dépassement de la valeur limite journalière. A partir de ces expériences étrangères, l'Ademe a retenu quatre leviers d'action pour faciliter l'acceptabilité sociale de ces mesures de restriction de la circulation routière : cibler les catégories de véhicules les plus émettrices, mettre en place le dispositif progressivement, pour que les usagers aient le temps de s'adapter, prévoir des dérogations et un accompagnement financier (prime à la casse, par exemple).