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Environnement - Ile-de-France : l'air toujours trop pollué par les particules et le dioxyde d'azote

"La qualité de l'air reste insatisfaisante en Ile-de-France", estime Airparif dans son bilan annuel 2012 qui vient d'être publié. L'organisme chargé des contrôles de la qualité de l'air dans la région parisienne souligne qu'en 2012, "environ 3 millions de Franciliens étaient potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectaient pas la réglementation, principalement le long du trafic et dans le coeur de l'agglomération". Même si ces niveaux marquent une certaine stabilité depuis plusieurs années, remarque Airparif, cinq polluants posent toujours problème à des degrés divers et ne respectent pas diverses réglementations. "Le dioxyde d'azote reste un des enjeux principaux en matière de pollution atmosphérique en Ile-de-France", relève l'organisme. Globalement 3 millions de Franciliens sur plus de 11 millions - un chiffre en léger recul - sont concernés par des taux moyens de dioxyde d'azote excessifs, lié au trafic des véhicules diesel et concentrés à proximité des grands axes (1.600 km de voirie sont concernés). Neuf Parisiens sur dix sont touchés, les habitants de la rive droite étant plus exposés du fait d'un réseau routier plus dense et d'axes plus importants que sur la rive gauche.
Autre point noir: les particules en suspension dans l'air, dont "les niveaux sur le long terme sont plutôt stables". Pour les particules PM10 (inférieures à 10 micromètres, soit plus petites qu'une cellule), quelque 2,4 millions de personnes ont été exposées en 2012 (contre 2,7 millions en 2011) à des dépassements de la valeur limite journalière européenne (35 jours autorisés de dépassement du seuil de 50μg/m³). Ces dépassements ont lieu essentiellement aux abords de gros axes routiers (3.600 km sont touchés). Les plus mauvais résultats ont été enregistrés sur l'autoroute A1 à Saint-Denis (192 jours de dépassements), sur le boulevard périphérique à la porte d'Auteuil (135 jours) et sur la RN2 à Pantin (106). A la suite d'un abaissement des seuils d'information (de 80 à 50µg/m3) et d'alerte (125 à 80 µg/m3) sur les PM10 fin 2011, les dépassements ont été plus nombreux, mais essentiellement en raison du changement de procédure, note Airparif.
Pour les particules fines PM2,5 (plus petites qu'une bactérie), la valeur limite annuelle européenne (27μg/m³ en 2012) est dépassée à proximité de grands axes et respectée loin du trafic. Par contre, "l'objectif de qualité français (10μg/m³), qui correspond également aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, serait largement dépassé dans toute la région et concernerait l'ensemble des 11,7 millions de Franciliens", remarque Airparif.
La pollution aux particules a des sources multiples, qu'il s'agisse de rejets directs (véhicules diesel, industrie, agriculture, chauffage, notamment au bois) ou indirects (transformation chimique de polluants gazeux, transport de particules à travers l'Europe, remise en suspension des poussières déposées au sol). Airparif a déterminé qu'en Ile-de-France, à proximité du trafic routier, 45% des particules provenaient du trafic local, 15% de la pollution ambiante de l'agglomération et 40% de l'import (transport et réactions chimiques).
La pollution à l'ozone est restée soutenue en Ile-de-France, même si les conditions météorologiques de l'été 2012 n'ont pas engendré de forts niveaux de dépassements de seuil. Mais sur le long terme, l'ozone est le seul polluant pour lequel les niveaux moyens étaient en augmentation.
L'Ile-de-France est loin d'être la seule région concernée par le non-respect des valeurs limites fixées par la réglementation sur la qualité de l'air. Une quinzaine d'agglomérations françaises dépassent les normes européennes annuelles et Bruxelles a déclenché en mai 2011 un contentieux avec la France au sujet des particules PM10 pour non-respect de la valeur limite annuelle depuis 2005. Et un autre contentieux se profile sur le dioxyde d'azote, après que la Commission européenne a rejeté en février dernier la demande de la France de reporter de 2010 à 2015 le délai d'application de la directive sur la qualité de l'air.
En février, le gouvernement a présenté une série de mesures "d'urgence", dont l'une vise à bannir des routes les véhicules les plus polluants lors des pics de pollutions. Le nouveau plan de protection de l'atmosphère pour l'Ile-de-France, qui aligne une série de mesures visant à améliorer la qualité de l'air, a aussi été approuvé le 25 mars.