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Environnement - L'Ile-de-France dévoile son plan pour "changer d'air"

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a présenté le 9 juin le plan régional pour la qualité de l'air pour les cinq ans à venir qui sera débattu en séance plénière les 16 et 17 juin. Pour la région, qui entend jouer pleinement son rôle de chef de file pour la qualité de l'air, l'objectif est de rompre avec les "mesures court-termistes" du passé.

"1,5 million de Franciliens soit 12% de la population régionale sont exposés chaque jour à des niveaux de pollution qui ne respectent pas les valeurs limites. Nous voulons faire de la qualité de l'air une priorité de notre politique", a lancé Valérie Pécresse en présentant à la presse le 9 juin le plan régional de la qualité de l'air pour la période 2016-2021, intitulé "Changeons d'air en Ile-de-France". Pour la nouvelle présidente LR de l'exécutif régional, cette question a été jusqu'ici sous-estimée alors qu'elle constitue à la fois un enjeu majeur en termes de santé, de qualité de vie et d'attractivité économique et touristique pour la région.
Depuis la loi Maptam du 27 janvier 2014, les régions sont chefs de file de toutes les autres collectivités territoriales en matière de qualité de l'air, d'énergie et de lutte contre les changements climatiques et l'Ile-de-France compte bien assumer pleinement ce rôle, a souligné Valérie Pécresse, qui a fustigé le "tête à tête singulier entre l'Etat et la Ville de Paris" et les "mesures court-termistes" du passé qui ont été épinglées par la Cour des comptes. En outre, l'échelle régionale est à ses yeux la plus pertinente pour lutter contre la pollution. "Lorsque la ville de Paris décide de piétonniser les berges de la Seine, nous souhaitons qu'il y ait des études d'impact pour vérifier que les habitants de la périphérie et les banlieusards ne soient pas touchés par le report de la pollution, a-t-elle illustré. Nous avons été alertés à ce sujet par des élus du Val-de-Marne".

Agir sur les "causes structurelles" des pollutions

Alors que la région a augmenté de 150% son budget d'investissement dans le domaine de l'air, l'ambition du nouveau plan pour les cinq ans à venir est d'agir sur les "causes structurelles" des pollutions franciliennes pour les ramener dans la norme européenne, a affirmé Valérie Pécresse. "Il s'agit d'un plan transversal qui implique d'autres champs de compétences de la région comme la formation professionnelle, l'innovation, le développement économique", a ajouté Chantal Jouanno, vice-présidente UDI chargée de l'écologie et du développement durable. Les propositions contenues dans le plan couvrent une dizaine de thématiques (gouvernance, amélioration des connaissances, innovation, diminution des consommations d'énergie dans les bâtiments, qualité de l'air intérieur, baisse des émissions liées aux transports, utilisation des ressources forestières, formation professionnelle et exemplarité de la région).

La région veut être "pleinement associée" aux décisions

En matière de gouvernance, la région veut être "pleinement associée" aux procédures et décisions de gestion des épisodes de pollution de l'air aux côtés de l'Etat et aux décisions locales qui ont un impact régional telles que les futures zones de circulation restreinte (ZCR). Elle "entend que les effets d'éventuelles restrictions de circulation soient systématiquement évalués sur l'ensemble du territoire régional pour éviter les effets de report et garantir l'efficacité collective comme l'équité des dispositions", indique le plan. Autres propositions : évaluer à l'échelle de la région les impacts sur la qualité de l'air des plans d'actions et des grands projets d'intérêt régional et intégrer, de manière transversale, l'objectif d'amélioration de la qualité de l'air dans les travaux menés au sein des services du conseil régional et par les organismes oeuvrant pour le compte de la région.
Au chapitre de l'innovation figure la création d'un "Lab Air" pour structurer les entreprises en pointe dans le domaine de la qualité de l'air et l'inscription de ce thème au titre des domaines d'intérêt majeur (DIM) de la région. Pour réduire les émissions de polluants atmosphériques liées aux consommations énergétiques dans le bâtiment, la principale proposition est la création d'un "fonds air-bois" avec l'Etat, l'Ademe et d'autres collectivités volontaires. L'objectif est d'aider les particuliers résidant notamment en territoire rural à remplacer leurs anciennes chaudières aux bois par des dispositifs plus performants (label flamme verte cinq étoiles). Le plan comporte aussi des dispositions en faveur de la qualité de l'air intérieur, de façon à mieux prendre en compte cet enjeu dans la construction et la réhabilitation (accompagnement des professionnels de la construction, lancement d'une expérimentation avec la RATP pour améliorer la qualité de l'air dans le métro, déploiement d'un réseau de conseillers médicaux en environnement intérieur pour mieux prendre en charge les personnes souffrant de pathologies liées à la mauvaise qualité de l'air).

Une aide à l'achat de véhicules propres pour les artisans et commerçants

Dans le domaine des transports, le conseil régional propose d'instaurer un nouveau plan vélo, de développer le co-voiturage et les parkings relais aux abords des principales gares pour encourager l'utilisation de transports en commun, de réduire le parc de bus diesel. Il prévoit aussi la création d'une aide aux artisans et commerçants franciliens pour leur permettre de remplacer par des véhicules électriques ou roulant au gaz naturel leurs vieux véhicules immatriculés avant 1997 qui vont bientôt être interdits à la circulation dans Paris. Cette aide sera plafonnée à 3.000 euros pour les véhicules utilitaires légers, 6.000 pour les fourgons et 9.000 pour les poids lourds et "ne pourra pas être cumulée avec les aides mises en place par la ville de Paris ni avec les aides d'Etat", a précisé Valérie Pécresse. Environ 3.000 véhicules seront concernés par cette mesure d'un coût annuel de 2,6 millions d'euros, a-t-elle indiqué. Le plan propose aussi de mandater la présidente du conseil régional pour "définir avec l'Etat les dispositions nécessaires" pour mettre en place une écotaxe sur les poids lourds en transit, a indiqué Chantal Jouanno. Autre proposition concernant cette fois le secteur agricole et la forêt : améliorer la valorisation de la biomasse forestière par un programme de mobilisation du bois énergie et de bois matériau doté d'un million d'euros en 2016 et favoriser dans le domaine agricole la recherche de technologies économes en intrants en prévoyant aussi une aide d'un million d'euros en 2016.
Le plan sera débattu lors de la séance plénière du conseil régional les 16 et 17 juin.
 

 

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