Environnement - Energies renouvelables : des résultats encore très contrastés en Europe
L'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER) vient de publier un état des lieux des filières d'ENR en Europe. Ce huitième bilan, qui compile des données de 2007, offre un point de vue approfondi sur les résultats de chaque pays. Il rappelle que le développement de ces énergies a encore du chemin à faire pour atteindre l'objectif des 20% d'ENR fixé par l'Union européenne pour 2020. Et permet de remettre en perspective la dynamique française : pour l'éolien par exemple, la puissance éolienne cumulée a fléchi en France mais le pays reste considéré "comme le deuxième plus important gisement européen". Pour l'heure, il figure avec 2.455 MW au sixième rang derrière l'Allemagne, l'Espagne, le Danemark, l'Italie et le Royaume-Uni. Total de la production européenne : 56.406 MW. L'observatoire table sur 89.000 MW d'ici 2010. "Avec la biomasse, l'éolien génère de loin l'activité économique la plus importante du secteur des énergies renouvelables. Ce résultat est d'autant plus impressionnant qu'il y a 20 ans, la filière en était à ses premiers stades de développement", note le rapport.
Le dynamisme de la filière photovoltaïque, tiré par le leader allemand, est rejoint par celui des marchés italien et espagnol, la France figurant en cinquième position européenne. En 2010, la capacité photovoltaïque de l'UE devrait rester à deux tiers dominée par le marché allemand. L'observatoire prévoit qu'à cette date, la barre des 10.000 mégawatts-crête sera franchie dans l'UE.
La France est mieux positionnée (deuxième rang européen) en ce qui concerne le solaire thermique, filière à forte attractivité et dont la croissance devrait repartir à la hausse grâce aux mesures prises dans le cadre du Grenelle de l'environnement. De même pour la petite hydroélectricité (capacité de 2.060 MW en France, contre 2.520 en Italie), dont le potentiel "est encore considérable dans l'UE et pourrait être augmenté grâce à la rénovation d'installations existantes". Quant à la géothermie, elle a permis de produire 857 MW d'électricité en 2007. Il faut savoir que si la France (en Guadeloupe) et le Portugal développent cette filière, c'est essentiellement l'Italie qui en tire parti. Pour la géothermie destinée à produire de la chaleur, c'est la Hongrie qui tire un marché au ralenti en 2007, mais pour lequel l'observatoire table sur un retour à la croissance dès 2009.
Pour la production de biogaz par méthanisation, "la croissance actuelle n'est pas assez soutenue pour atteindre les objectifs fixés par la Commission européenne (15 Mtep en 2010)", poursuit le rapport. Quant à la production d'énergie sous forme de chaleur ou d'électricité par incinération des déchets urbains, elle progresse en Europe. Rapporté au nombre d'habitants, c'est le Danemark qui valorise énergétiquement le plus ses déchets. Mais en termes de production globale primaire, la France occupe le haut du podium grâce à un important parc d'incinérateurs (deux fois plus qu'en Allemagne) et à l'instauration d'un tarif d'achat avantageux. Quant au secteur des énergies marines, s'il suscite un intérêt croissant (le Grenelle de la mer vient de débloquer un fonds pour les développer), il ne génère que très peu de mégawatts en Europe. Seule l'énergie des marées tire pour l'instant son épingle du jeu : "90% de la production des thalasso-énergies dans le monde est ainsi issue d'un seul site français : l'usine marémotrice de la Rance (240 MW), mise en service en 1966."
Morgan Boëdec / Victoires-Editions