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Energie - Le développement de la micro-hydroélectricité inquiète les associations environnementales

Lors d'une conférence de presse organisée le 3 décembre, la fédération France Nature Environnement (FNE) a pointé les lacunes d'un projet de convention ministérielle qui vise à mettre en oeuvre les objectifs du Plan de relance de l'hydroélectricité. Annoncé le 23 juillet dernier par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, ce Plan de relance comporte un volet portant sur le développement de la micro hydraulique. De septembre à fin novembre, cinq réunions de parties prenantes ont eu lieu en vue d'aboutir à la signature d'une "convention d'engagement pour le développement d'une hydraulique durable et cohérente". Cette convention devrait nécessiter un arbitrage ministériel prévu en janvier prochain. Aux côtés de représentants de l'Etat, des producteurs hydroélectriques, l'Association des maires de France et des associations comme la FNE ont participé à ces réunions.

Selon la FNE, le projet de convention tel qu'il est pour l'heure orienté sert de trop près les intérêts de l'industrie de la petite hydraulique. En France, celle-ci représente de 1.700 à 1.800 petites centrales hydroélectriques. Soit un potentiel de production de 7 TéraWatt-heure (TWh) par an, ce qui équivaut à 10% de la production hydroélectrique totale. "La micro hydroélectricité est présentée comme contribuant à la réduction de la consommation de CO2, or cela ne tient pas et repose sur des calculs trop confus", a indiqué Bernard Rousseau, responsable des politiques Eau de FNE. Encore pourvue d'un certain potentiel de croissance de quelques TWh, même si la plupart des rivières des deux principaux bassins concernés (Rhône-Méditerranée, Loire-Bretagne) en sont déjà dotées, la micro hydroélectricité est en effet régulièrement présentée pour ses atouts écologiques. Le sujet tend même à semer le trouble et des acteurs de tous bords ne savent plus de quel côté ranger cette forme d'énergie.

D'un côté, ses défenseurs la disent propre, créatrice d'emplois en territoire rural et aux effets maîtrisés et minimisés sur la faune et la flore. De l'autre, ses opposants rappellent que ces installations ne servent que des intérêts privés (elles appartiennent surtout à des particuliers qui revendent l'énergie à EDF) et qu'elles ont déjà fortement modifié les masses d'eau en présence et la morphologie des rivières.

Dit "au fil de l'eau", leur fonctionnement n'est pas calé sur les périodes de pointe de demande électrique. En cela, elles ne permettent donc pas d'éviter l'usage de moyens de production thermiques. Renouvelable, cette énergie n'est pas forcément verte puisque ces équipements rompent la continuité écologique des cours d'eau. Dès lors, son développement semble entrer en contradiction avec les objectifs de la directive-cadre sur l'eau, qui impose d'atteindre d'ici à 2015 un bon état des cours d'eau.

Dans ce sens, la FNE préconise plutôt de "moderniser les installations existantes, de préserver les rares sites encore vierges, d'imposer des mesures permettant un meilleur équilibre entre production hydroélectrique et restauration des rivières et d'apaiser les conflits entre l'hydro-électricité et les autres usagers de l'eau".

Si la fédération regrette que ces objectifs ne transparaissent pas encore dans le projet de convention, elle promet de mobiliser le plus d'acteurs possibles en vue d'influer sur la décision ministérielle de janvier. Notamment les comités de bassin et Agences de l'eau qui - quelque peu paradoxalement - n'ont pas été associés à l'élaboration de cette convention. Et ce alors même qu'ils financent les inventaires d'installations hydroélectriques dans le cadre des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage).

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions