Archives

Environnement - La territorialisation, une question clé pour le développement des énergies renouvelables

Dans le cadre de la première Semaine des énergies renouvelables, un colloque organisé les 20 et 21 novembre par l'Ademe a fait le point sur le développement des filières électriques renouvelables (éolien, biomasse, hydraulique, photovoltaïque, énergies marines). La première journée, une table ronde s'est plus particulièrement concentrée sur l'approche territoriale de ce "mix électrique gagnant", consistant pour la France à atteindre 23% de part d'énergies renouvelables (ENR) d'ici 2020.
"En tant que gestionnaire, l'insertion dans le réseau national de la production de ces filières représente un défi exigeant mais stimulant", a estimé Dominique Maillard, président de Réseau de transport d'électricité (RTE). Citant en exemple le modèle espagnol, il a expliqué qu'il restait nombre d'efforts à faire pour anticiper, adapter plus précisément la production d'origine éolienne aux besoins du réseau national. A l'instar de ce qui se fait dans la péninsule ibérique, une politique d'affichage en pleine ville du niveau de production engrangé quotidiennement par les éoliennes est une solution intéressant de près RTE. "L'écueil à éviter est de mettre les filières en concurrence entre elles, alors qu'elles sont complémentaires et diverses de par leur maturité. Leur adaptabilité aux besoins territoriaux constitue leur force", a ajouté Raphaël Claustre du Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler).
L'idée de se réapproprier localement la maîtrise de la production d'énergies vertueuses étant au coeur des mesures exposées en début de semaine par le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, celle-ci a fait l'objet d'échanges motivants. Selon Pierre-Marie Abadie, directeur énergie à la Direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'Ecologie, "le projet de reterritorialiser l'énergie est porteur, car il est à même de motiver l'adhésion des acteurs locaux et pourrait se traduire au travers de programmations pluriannuelles des investissements (PPI) déclinées au niveau régional. Mais à condition que ces PPI régionales confortent et soutiennent deux objectifs : celui d'équilibrage de l'offre et de la demande et celui de sécurité du réseau. De même, pas question de déduire de cette régionalisation qu'il n'y a plus besoin ni d'infrastructures ni d'interconnexions, alors même que celle-ci sont fondamentales". Aussi technique soit-elle, l'idée de "reterritorialiser" l'énergie suit donc son cours mais nécessite avant tout de mettre à disposition des acteurs locaux une meilleure information. Ce qui n'est pas toujours le cas, à en croire Marguerite-Marie Chichereau, présidente de la commission énergie de la région Rhône-Alpes. Elle a ainsi pointé la difficulté d'obtenir des retours précis sur l'impact des politiques énergie menées sur son propre territoire. "On sait qu'on a de bons résultats, mais on navigue encore trop souvent à vue", a-t-elle remarqué. Les outils manquent et, pour l'heure, il est par exemple délicat d'évaluer quel impact économique a sur un territoire donné la taxe professionnelle reversée par les acteurs intervenant dans la production d'ENR. Pour les éoliennes, un problème de juste compensation fiscale a également été relevé par Alain Cabannes, élu de Saint-Agrève (Ardèche) et président du jeune réseau des Collectivités locales éoliennes (Cleo). Faciliter la dialogue entre les grandes entreprises et les petites communes qui développent l'éolien est l'un des objectifs de ce réseau, auquel adhérent une centaine de collectivités.
Si l'un des talons d'Achille de la production éolienne actuelle est d'être encore mal répartie dans l'Hexagone - ce qu'expliquent en partie les inégalités d'exposition au vent - il est toutefois possible de dresser certaines généralités et moyennes. Ainsi, sur un total de 4.400 MW de permis de construire accordés pour l'éolien, un projet sur cinq intègre une zone de développement éolien (ZDE). Plafond moyen d'une ZDE : 55 MW. La plus modeste produit 5 MW, la plus grande 310 MW. Yves-Bruno Civel, directeur d'Observ'ER, a ainsi élaboré un Top 10 des régions éoliennes qui, pour l'année 2008, classe en tête la Lorraine, le Centre, la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais et le Languedoc. En 2010, il prévoit que la Champagne-Ardenne et la Picardie prendront la tête du classement.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions

 

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis