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Environnement - La Commission présente son nouveau plan quinquennal pour l'énergie

Bruxelles alerte sur la nécessité de renforcer la politique communautaire en matière d'énergie. Trois crises sont récemment venues imposer cette évidence, a estimé Ferran Tarradellas Espuny, porte-parole énergie de la Commission européenne, lors d'une réunion organisée le 27 avril 2009, à Paris. Tout d'abord, la crise du gaz russe en janvier 2009 ayant entraîné une interruption des livraisons du gaz russe vers l'Europe pendant quinze jours. Egalement, l'augmentation du prix du pétrole qui a fait partie des éléments déclencheurs de la crise économique actuelle, selon l'Agence internationale de l'énergie (IAE) qui prévoit un prix du baril à 200 dollars en 2020. Et, enfin, les incendies en Australie, imputés au changement climatique. 

Pour la Commission européenne, il y a urgence. Dès 2006 un bilan a permis d'identifier certains problèmes : des énergies renouvelables qui peinent à décoller, une consommation d'énergie plus importante que les besoins... Dans la foulée, Bruxelles a pris une série de mesures dont le paquet "Climat et énergie", adopté par le Parlement européen en décembre 2008. Ces mesures fixent des objectifs juridiquement contraignants consistant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport aux niveaux de 1990 et à relever de 20% la part des énergies renouvelables d'ici à 2020. Le paquet prévoit aussi des mesures nationales. Pour la France, l'objectif fixé est de réduire les émissions de CO2 de 24%. La Commission se dit prête à utiliser les sanctions prévues en cas de manquement à ces objectifs. Autre mesure prise par l'Union européenne : un plan d'action dit d'efficacité énergétique qui comprend une soixantaine de mesures dont la suppression des ampoules incandescentes d'ici à 2012, de nouvelles étiquettes pour les machines à laver, une limite dans la consommation de CO2 des voitures, ou encore la réduction de la consommation des "circulateurs" intégrés aux chaudières. Des mesures qui doivent permettre d'économiser 100 milliards d'euros par an et qui devraient profiter aux secteurs d'activité économiques français. "C'est un bon business qui va créer du travail en France", a ainsi assuré le porte-parole de la Commission européenne.

Mais Bruxelles veut aller encore plus loin et c'est l'objet du "Strategic Energy Review", un plan stratégique pour les cinq prochaines années. Ce plan repose sur cinq axes : organiser la sécurité d'approvisionnement de l'Europe, avec le développement des interconnexions, favoriser les relations internationales avec les pays fournisseurs mais aussi les pays consommateurs, pour notamment exporter les idées développées par l'Union européenne, sortir le maximum de profits des énergies qui restent en Europe (énergie nucléaire, renouvelable et charbon), avec par exemple la construction de nouvelles centrales nucléaires. Dix sont en construction en Grande-Bretagne, quatre en Italie, et la Suède remet en question son moratoire nucléaire. Derniers points du plan d'action : l'efficacité énergétique et le développement des nouvelles technologies. Au-delà de ce plan pour les cinq ans à venir, la Commission européenne a donné sa vision du futur, avec des défis importants : l'électricité ne devra plus générer de CO2, les maisons passives devront se développer et il faudra organiser la "dépétrolisation" du secteur du transport à partir des véhicules électriques.

Emilie Zapalski