Emploi - Elargir la prime d'activité aux étudiants salariés pose un problème de financement, selon Patrick Kanner
"Quelques contrats starter ont déjà été signés." A l'occasion d'une rencontre organisée le 14 avril 2015 par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a fait le point sur les mesures, nouvelles ou existantes, destinées aux jeunes et en particulier ceux des quartiers prioritaires de la politique de la ville, au premier rang desquels le nouveau contrat starter. Annoncé à l'issue du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 6 mars, ce nouveau contrat s'adresse aux jeunes de moins de trente ans en difficulté d'insertion (jeunes décrocheurs, non qualifiés…). Destiné au secteur marchand et d'une durée comprise entre six et vingt-quatre mois, il prévoit une prise en charge de 45% du salaire du jeune, charges comprises. "L'employeur n'aura plus que 850 euros par mois à prendre en charge, a expliqué le ministre, il n'y a pas une mesure plus simple !" Objectif du gouvernement : 13.000 jeunes bénéficiaires de ce contrat en 2015.
Le ministre a également mis en avant les atouts de la garantie jeunes, déployée sur 52 nouveaux départements d'ici fin 2015, portant le total à 72. "Les résultats sont plutôt probants", a affirmé Patrick Kanner, estimant entre 13.000 à 14.000 le nombre actuel de bénéficiaires contre un objectif de 50.000 d'ici la fin de l'année. En revanche, le ministre n'est pas emballé par la proposition du Conseil économique, social et environnemental de transformer la garantie jeunes en un droit, préférant garder une palette de dispositifs pour répondre aux différentes situations vécues par les jeunes. Un bilan de la garantie jeunes est prévu pour le mois de septembre 2015.
Autre dispositif en marche : les emplois d'avenir, dont l'objectif initial a été dépassé (170.000 signés contre 150.000 visés). Le dispositif "marche bien" selon le ministre, qui se dit optimiste pour le devenir des jeunes une fois le contrat de trois ans terminé.
Les apprentis et la prime d'activité
La prime d'activité, fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi (PPE), qui sera effective au 1er janvier 2016, est également vue comme une mesure pour l'emploi des jeunes simple et efficace. Ouverte aux jeunes de moins de 25 ans, soit entre 700.000 et un million de jeunes (contre 8.600 jeunes bénéficiaires du RSA activité à l'heure actuelle), elle sera libérée chaque mois, dès le premier euro de revenu d'activité, à partir d'une déclaration trimestrielle. "Un jeune au Smic pourra obtenir 130 euros en plus, soit 12 à 13% de pouvoir d'achat en plus", a souligné Patrick Kanner. Le budget est de 4 milliards d'euros pour cette prime, qui sera introduite dans le projet de loi portant modernisation du dialogue social discuté au Parlement avant l'été. La question d'ouvrir la prime aux apprentis et aux étudiants travailleurs salariés, soit un million de personnes supplémentaires environ, a été très vite mise sur la table. François Rebsamen s'est montré ouvert à cette possibilité. L'avant-projet de loi les exclut toutefois. "La question reviendra sûrement dans le débat parlementaire ; on pourrait aller plus loin en incluant tout jeune qui travaille même partiellement, mais il faudrait alors traiter la question des financements", a indiqué le ministre.
Quant au service civique, il concerne actuellement 35.000 jeunes et doit en cibler 70.000 en 2015 et entre 150.000 et 170.000 d'ici fin 2016. Actuellement, les missions de ces jeunes sont surtout portées par le secteur associatif et peu (16%) par le secteur public. Pour rééquilibrer le tout, et arriver à une proportion 50/50, le ministre fait actuellement le tour des ministères pour trouver des missions (15.000 à la santé, 20.000 à l'environnement, 10.000 à la culture, dans les musées…). Il se dit en revanche opposé à la mise en place d'un service civique obligatoire, qui concernerait alors 800.000 jeunes et serait donc très couteux. Patrick Kanner imagine plutôt un parcours citoyen organisé dès la troisième et jusqu'à 18 ans pour mieux découvrir son pays sur le plan de la justice, de la sécurité...
Enfin, le ministre a donné quelques informations sur le devenir du contrat de génération, qui peine toujours à décoller. "C'est un succès mitigé", a-t-il signalé, sans toutefois donner de chiffres. D'après ces informations, François Hollande a demandé un bilan du dispositif et un assouplissement de ses règles à l'occasion de la réunion de mobilisation pour l'emploi qui s'est tenue à l'Elysée le 13 avril. "Cela progresse mais c'est compliqué, et la prime est probablement insuffisante", a précisé Patrick Kanner.