Emploi des jeunes - Un député propose de fusionner les garanties jeunes européenne et française
Fusionner la garantie pour la jeunesse européenne et la garantie jeunes française pour favoriser leur lisibilité, et créer un filet de sécurité pour les jeunes décrocheurs. Ces mesures font partie des propositions de Philip Cordery, député SRC des Français établis hors de France, détaillées dans son rapport d'information, publié le 10 mars 2015, intitulé "L'emploi des jeunes en Europe : une urgence".
"Soyons clairs, nous avons atteint des niveaux de chômage des jeunes qui sont difficilement soutenables", a affirmé Philip Cordery le 4 mars, lors de l'adoption du rapport par la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale. En mars 2014, le taux de chômage des jeunes atteignait 22,8% dans l'Union européenne (5,6 millions de jeunes), contre 9,3% pour le chômage total. Leurs chances de trouver un emploi sont faibles : seuls 29,7% des jeunes de 15 à 24 ans au chômage en 2010 ont trouvé du travail en 2011. Et 14 millions de jeunes de moins de 29 ans ne sont "ni en emploi, ni en études, ni en cours de formation". Ce sont les "Neet". Ou décrocheurs en français...
En France, le problème du chômage des jeunes ne date pas d'hier. Depuis plus de trente ans, le taux de chômage des moins de 25 ans dépasse ainsi les 15% et a régulièrement franchi la barre des 20%. En 2012, il atteint 23,8%. Le risque de paupérisation de cette population est important. "En France, comme dans beaucoup de pays de l'Union, le taux de pauvreté, s'élevant à 10,1% en 2008, est supérieur à la moyenne pour la tranche des 15-25 ans," détaille le rapport précisant que cette situation perdure et s'accroît depuis les années 1970. Elle provient de la difficulté des jeunes à obtenir un emploi stable et durable.
Tenir compte des disparités infra-régionales
Pour tenter d'améliorer la situation, le député souhaite avant tout simplifier les dipositifs, notamment en fusionnant la garantie pour la jeunesse et de la garantie jeunes. Deux dispositifs lancés concomitamment et sources de confusion. Le premier, lancé en 2013 par Bruxelles dans le cadre de l'Initiative pour l'emploi des jeunes (IEJ), vise à garantir à tous les jeunes "Neet" âgés de 15 à 24 ans une offre de qualité portant sur un emploi, un complément de formation, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois qui suivent le début de leur période de chômage ou leur sortie de l'enseignement formel. Dotée de 8 milliards d'euros pour la période 2014-2020, elle est orientée vers les régions dont le taux de chômage des jeunes dépasse 25%.
La garantie jeunes française a quant à elle été mise en place en 2013 dans le cadre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale. Instituée à titre expérimental, elle vise à accompagner les jeunes les plus vulnérables avec un accompagnement renforcé. En juillet 2014, le gouvernement s'est fixé l'objectif de 50.000 jeunes bénéficiaires dès 2015, puis 100.000 d'ici à 2017, avec 51 territoires supplémentaires, s'ajoutant aux dix territoires pilotes déjà en place et aux dix territoires lancés en janvier 2015. "L'imbrication entre garantie jeunes et garantie pour la jeunesse pose un problème de lisibilité qui nuit à la compréhension et à l'efficacité des deux dispositifs, sans que leur distinction soit réellement nécessaire", dénonce le député.
Au niveau européen, le rapport propose aussi que soient prises en compte, dans la garantie pour la jeunesse, et plus largement l'IEJ, les disparités infra-régionales existantes, "certaines poches de pauvreté des régions riches étant exclues du bénéficie du dispositif", d'étendre le dispositif aux jeunes de 25 à 30 ans, et d'augmenter le budget communautaire et le taux de préfinancement.
Des coachings personnalisés pour les décrocheurs
Autre proposition, au niveau français : créer des "guichets uniques" concentrant en un seul lieu tous les interlocuteurs susceptibles d'aider les jeunes dans leurs recherches d'emploi. Le rapport cite en exemple l'expérience menée depuis 2010 dans l'Oise avec la Maison de l'emploi – mission locale de l'entreprise et de la formation (Mief). Cette Mief fédère en un seul guichet unique dans le sud de l'Oise tous les services pour l'emploi, en complémentarité de Pôle emploi. Financée par l'Etat, la région et les collectivités, la structure a reçu 11.000 visiteurs en 2011 sur ses cinq sites d'accueil. Elle traite tout ce qui se trouve à la périphérie de la recherche d'emploi (aspects sociaux, formation, santé, orientation), tandis que Pôle emploi se charge de mettre en relation demandeurs d'emploi et employeurs. "Les demandeurs d'emploi peuvent donc rencontrer sur un même site tous les partenaires", détaille le rapport qui insiste sur la nécessité de multiplier ce type de structures, au niveau communal, et d'y associer un site internet.
Le rapport estime aussi que la France doit maintenir ses efforts de valorisation de l'apprentissage et mettre en place des passerelles entre ces filières de formation et les cursus généralistes, à l'image de ce qui se fait en Allemagne ou en Autriche. Au niveau européen, il s'agirait de favoriser la mobilité des apprentis et de poursuivre la réflexion en cours sur le statut européen de l'apprenti.
Pour les décrocheurs, le dispositif proposé est celui d'un filet de sécurité fonctionnant sur un principe de donnant-donnant : le jeune chômeur ou en sortie d'études reçoit une garantie de revenu ; en contrepartie, il s'engage à chercher activement un emploi et à se former. L'idée de leur offrir un coaching personnalisé est également avancée. Développé dans d'autres pays européens, comme la Finlande (le centre Happi de Helsinki), le coaching particulier permet de mieux prendre en compte les besoins de chaque décrocheur.