Emploi - Najat Vallaud-Belkacem s'attaque à l'emploi des jeunes des quartiers
A l'occasion de l'ouverture des Journées nationales d'échange des acteurs de la rénovation urbaine le 17 juin 2014, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a détaillé ses intentions en matière d'emploi des jeunes dans les quartiers. Premier axe : utiliser encore davantage les clauses d'insertion.
Ces clauses imposent aux entreprises de prévoir 5 à 8% des volumes de travail pour les demandeurs d'emploi peu qualifiés. D'après les données de la ministre, depuis le lancement du Programme national de rénovation urbaine (PNRU), près de 20 millions d'heures d'insertion ont été réalisées dans 375 projets de rénovation urbaine. Et pour de nombreux projets, le nombre d'heures effectuées est supérieur au nombre d'heures prévu dans les marchés lancés. "Et j'ai constaté ce matin encore dans l'Oise, les clauses d'insertion tendent aujourd'hui à se généraliser, même en dehors de la rénovation urbaine", a précisé Najat Vallaud-Belkacem, estimant que "nous devons tout faire pour convaincre les entreprises de l'intérêt d'embaucher les jeunes d'où qu'ils viennent et quel que soit leur code postal".
Le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), confié par la loi à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), doit permettre de produire quelque 322.000 emplois. L'occasion "d'amplifier ce mouvement", a souligné la ministre, qui souhaite que ces emplois profitent en premier lieu aux habitants de ces territoires.
Réduire les discriminations à l'embauche
Réduire les discriminations au travail, et notamment à l'embauche, fait aussi partie des priorités de la ministre. Au-delà du CV anonyme, qui n'a pas encore prouvé son efficacité, Najat Vallaud-Belkacem souhaite lancer trois chantiers.
Premier chantier : la mise en oeuvre des préconisations du rapport Pécaut-Rivolier, "Lutter contre les discriminations au travail : un défi collectif". Le rapport propose de créer une action collective devant le tribunal de grande instance pour constater l'existence d'une discrimination envers plusieurs salariés, et permettant d'ordonner à l'employeur de prendre les mesures pour y mettre un terme.
Le déploiement dans dix nouvelles villes du cabinet "Mozaik RH", spécialisé dans le recrutement de jeunes diplômés issus des quartiers populaires est également prévu, tout comme la création d'un fonds de promotion du testing dans le cadre des contrats de ville. Objectif : amplifier l'action des associations et promouvoir les pratiques vertueuses des acteurs économiques locaux. "La lutte contre les discriminations fait partie intégrante de notre politique d'égalité républicaine et de mobilisation pour l'emploi, et nous ne ménagerons pas nos efforts, avec les associations, tant les attentes sont fortes et légitimes," a ajouté la ministre.
Faire plus que les contrats aidés
Enfin, Najat Vallaud-Belkacem compte sur la conférence sociale organisée les 7 et 8 juillet 2014 pour "poser les fondements d'une négociation sur l'emploi des jeunes, qui dépasse les postures habituelles". Le 16 juin, François Rebsamen, ministre du Travail, a précisé l'ordre du jour de cette conférence sociale avec une table ronde consacrée à l'emploi, qui doit permettre de trouver des voies pour concrétiser les engagements que les branches doivent prendre vis-à-vis de l'emploi des jeunes, et d'envisager une mobilisation spécifique envers l'emploi des jeunes. Une deuxième table ronde, coprésidée par Benoît Hamon, ministre de l'Education nationale, et Najat Vallaud-Belkacem, abordera les questions des liens entre l'école et l'entreprise.
Pour la ministre, patronat et partenaires sociaux doivent bouger leurs lignes. Le patronat doit "proposer mieux qu'un sous-statut pour les jeunes", a-t-elle indiqué, en allusion au "Smic jeunes" proposé par Pierre Gattaz, président du Medef. De leur côté, les partenaires sociaux doivent accepter une nouvelle répartition des responsabilités entre eux et l'Etat en matière de formation professionnelle. Et côté Etat, la ministre estime qu'il faut faire plus que les contrats aidés, une politique qu'elle juge "insuffisante".
Le gouvernement a pourtant récemment accordé une rallonge de 500 millions d'euros pour la création de 45.000 emplois d'avenir supplémentaires et de 20.000 contrats aidés… "L'Etat doit ouvrir le chantier d'une meilleure adéquation de notre système éducatif avec les besoins de l'économie", a affirmé Najat Vallaud-Belkacem.