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Jeunesse - Pour la montée en charge du service civique, les administrations seront largement mobilisées

Le service civique a cinq ans, et de belles perspectives de développement devant lui. Après 35.000 jeunes en 2014, il devrait en concerner le double dès cette année, avec un horizon de 170.000 volontaires en 2017. Pour assurer cette montée en charge, Patrick Kanner compte sur l'implication d'autres ministères - la Santé, la Culture, l'Intérieur, les Affaires étrangères, après l'Environnement - et sur celle des collectivités locales. C'est ce que le ministre de la Jeunesse a détaillé le 9 mars, lors d'un colloque tenu à l'Assemblée nationale.

"Dans un avenir proche, le service civique sera une expérience commune dans le parcours des jeunes", s'est réjoui Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, le 9 mars 2015 à l'occasion d'un colloque organisé à l'Assemblée nationale autour des cinq ans du service civique. Créé par la loi du 10 mars 2010, ce dispositif est destiné à devenir "universel", mais non obligatoire ; en théorie, tout jeune de 16 à 25 ans pourra bientôt saisir, s'il le souhaite, cette opportunité.
En cinq ans d'existence du service civique, 85.000 jeunes ont réalisé une mission de volontariat. En 2014, ils étaient 35.000. Et l'ambition d'ici 2017, affirmée à plusieurs reprises par le président de la République, c'est de permettre à 170.000 jeunes de s'engager chaque année. Soit un budget d'au moins 600 millions d'euros par an. Après les garanties apportées par François Hollande (voir notre article du 18 février), le ministre de la Jeunesse a confirmé que des moyens seraient affectés rapidement à cette montée en charge, aussi bien en central que dans les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) qui coordonnent localement le dispositif. "Le service civique était calibré pour 45.000 jeunes en 2015, il va passer dès 2015 à 70.000, voire un peu plus, pour être au moins à 150.000 en 2016", a détaillé Patrick Kanner à l'issue de la conférence. Le ministre dit pouvoir compter pour 2015 sur une rallonge de 80 millions d'euros, par rapport au budget initialement prévu de 170 millions d'euros.

Administrations : accueillir 50% des volontaires, contre 15% aujourd'hui  

Pour bénéficier de moyens à la hauteur des ambitions affichées, le gouvernement cherche aussi à impliquer des entreprises. Premier partenaire de ce type, la fondation CNP Assurances apportera à l'Agence du service civique un soutien de 300.000 euros, destiné à financer des missions de prévention et de lutte contre les inégalités dans le domaine de la santé.
"Un tel objectif implique que tous les acteurs soient partie prenante", a poursuivi Patrick Kanner. Le défi, selon lui, c'est de s'assurer que "ce saut quantitatif ne se traduise pas par une régression qualitative" : "je ne ferai pas d'abattage du service civique". Outre l'intérêt des missions proposées, le ministre s'est dit attentif au maintien de deux éléments qualitatifs : la durée et l'indemnisation.
Ainsi "le souci n'est plus financier, il est d'organisation", pour François Chérèque, précisément en charge de cette organisation à l'Agence du service civique qu'il préside. Il va falloir "structurer des programmes", avec un objectif de rééquilibrage à parts égales entre les associations et les administrations. Aujourd'hui, environ 85% des volontaires en service civique réalisent leur mission dans une association, contre 15% seulement dans des services publics – dont 7% en 2013 dans des collectivités locales. Selon l'Agence du service civique, "près de 5.000 organismes étaient agréés en 2014".  

Des conventions thématiques pour monter "de grands projets de service civique" 

Pour que les administrations publiques - Etat, collectivités ou secteur hospitalier – s'organisent pour accueillir des volontaires, le ministre de la Jeunesse veut "mobiliser [ses] collègues sur de grands projets de service civique". Dans le secteur de l'environnement, le ministère piloté par Ségolène Royal s'est déjà engagé à proposer au plus vite 15.000 missions en s'appuyant sur des structures d'accueil variées – des associations, déjà fortement impliquées, des services de l'Etat et des collectivités locales, ou encore des parcs naturels régionaux (voir notre article du 26 février 2015). D'autres conventions devraient bientôt suivre : avec Bernard Cazeneuve - notamment sur la montée en charge du service civique "pompier"-, avec Fleur Pellerin sur la culture, avec Marisol Touraine pour accueillir davantage de volontaires dans les hôpitaux publics. Toute la difficulté étant, pour les futurs organismes d'accueil, de proposer des missions intéressantes mais bien complémentaires – et non concurrentes - des emplois permanents. A l'instar des "gilets bleus qui améliorent sensiblement la qualité de l'accueil en milieu hospitalier", illustre Patrick Kanner. Ce dernier encourage les collectivités à "prendre toute leur part" ; "le service civique est une chance pour les jeunes, mais aussi pour les organismes d'accueil".

Promouvoir aussi le volontariat à l'étranger 

Avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Jeunesse abordera aussi la dimension internationale du volontariat. Si quelques missions de service civique se déroulent actuellement à l'étranger, d'autres dispositifs tels que le service volontaire européen – aujourd'hui intégré dans le nouveau programme de mobilité "Erasmus +" de la Commission européenne (voir notre article du 30 septembre 2014) - mériteraient en effet d'être davantage portés à la connaissance des jeunes.
Outre le détail de ces nouveaux objectifs, le colloque du 9 mars a été l'occasion de faire le point sur les cinq premières années du service civique, en présence d'une délégation de quelque 50 volontaires. Profil et motivations des jeunes, types de mission et secteurs, impact des expériences de volontariat sur la suite des parcours, valorisation du dispositif auprès des entreprises… Localtis y reviendra dans une prochaine édition.
D'ici là, le président de la République se sera lui aussi exprimé à l'occasion des cinq ans du service civique. Peut-être admettra-t-il, comme le ministre de la Jeunesse, que "le service civique n'est pas la panacée". C'est certes "une clé pour rentrer dans la société", a resitué Patrick Kanner, mais ce n'est qu'"un des éléments de réponse à la crise" que nous traversons.

 

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