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Europe / Formation - Le nouveau programme de mobilité Erasmus + s'adresse aussi aux jeunes moins favorisés

Le nouveau programme européen de mobilité Erasmus+ a été officiellement lancé en France, le lundi 29 septembre, par Androulla Vassiliou, commissaire européenne chargée de l'éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse, et par les ministres Najat Vallaud-Belkacem, François Rebsamen, Patrick Kanner et Geneviève Fioraso. Une présence renforcée du gouvernement, pour mieux marquer la nouvelle orientation du programme : désormais, le fameux Erasmus ne s'adresse plus seulement aux étudiants, mais aussi aux élèves du primaire et du secondaire, aux enseignants, aux stagiaires, aux apprentis et aux adultes en formation.

Objectif : 500.000 bénéficiaires en France d'ici 2020

Doté d'un budget "de près de 15 milliards d'euros - auxquels il faut ajouter 1,7 milliard d'euros pour sa dimension internationale", soit 40% de plus par rapport à la période précédente selon Androulla Vassiliou, Erasmus+ regroupe sept programmes de l'Union européenne dans les domaines de l'éducation, de la formation et de la jeunesse (dont Léonardo da Vinci, Grundtvig et Jeunesse en Action) ; il financera en outre pour la première fois des projets liés au sport. "Plus de quatre millions de personnes", dont 500.000 Français, devraient pouvoir en bénéficier d'ici 2020 pour "étudier, se former, acquérir une expérience professionnelle ou travailler en tant que bénévoles à l'étranger", a précisé la commissaire.

Moderniser l'apprentissage et cibler les personnes éloignées de l'emploi

La philosophie du programme se veut en outre globale, avec l'ambition d'impulser "un nouveau partenariat entre tous les acteurs de l'éducation, de la formation et de la jeunesse", mais aussi "un nouveau partenariat entre l'éducation et le monde du travail". Au niveau européen, "Erasmus+ financera de nouvelles alliances entre les instituts de formation et les entreprises pour moderniser l'apprentissage et booster sa qualité et sa quantité partout en Europe", a-t-elle précisé.
"Si nous voulons vraiment lutter contre le chômage des jeunes, Erasmus+ doit devenir plus accessible à ceux qui en ont le plus besoin, les publics spécifiques, issus de milieux défavorisés ou habitant dans des zones rurales éloignées. Je sais qu'en France cette question est centrale", a insisté Androulla Vassiliou, tout en saluant les réformes récentes de l'éducation prioritaire et de l'apprentissage.
Dans les champs de la formation professionnelle, de l'alternance et de l'accompagnement vers l'emploi, François Rebsamen a affirmé "l'engagement plein du service public de l'emploi et des acteurs de l'alternance pour mobiliser les opportunités qu'Erasmus + offre". Le ministre du Travail entend ainsi compter sur le relais des agences Pôle emploi pour informer et orienter davantage de jeunes demandeurs d'emploi.

Vers des contrats de ville à dimension européenne ?   

Dans le cadre de la politique de la ville, Patrick Kanner a également manifesté le souhait de saisir ces opportunités de mobilité en Europe, dont certaines – accessibles sans aucune condition de diplôme ou de cursus universitaire, à l'instar du service volontaire européen - sont actuellement peu connues. "L'ensemble des 1.300 futurs contrats de ville ne seront pas signés s'ils ne possèdent de dimension européenne", s'est engagé le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Ce dernier a souhaité qu'un "référent institutionnel" soit nommé pour qu'"aucun jeune en situation financière difficile ne soit écarté d'un dispositif aussi vertueux".
Si les ministres ont fait preuve d'enthousiasme, c'est d'abord parce que ces opportunités européennes leur permettent de compléter – à peu de frais pour la France - la boîte à outils des dispositifs destinés à soutenir les jeunes décrochant du système scolaire ou peinant à s'insérer sur le marché du travail. C'est peut-être aussi parce qu'ils sont convaincus des bienfaits d'une telle expérience de mobilité pour dynamiser les parcours des personnes concernées. Une expérience internationale "améliore de 60% les chances d'être embauché" à CV égal, a ainsi estimé Geneviève Fioraso. Une étude récente publiée par la Commission européenne a en effet confirmé que les jeunes ayant étudié ou suivi une formation à l'étranger étaient davantage "employables" que les autres.