Chômage - Emploi des jeunes : la France attend beaucoup de l'UE
Après la conférence de Berlin le 3 juillet, le marathon politique européen fait étape à Paris, pour aborder à nouveau la question du chômage des jeunes. De l'argent européen sera mis à disposition mais la mise en oeuvre des politiques de l'emploi relève bel et bien des Etats. "Il est de la responsabilité nationale de combattre le chômage", a souligné la chancelière Angela Merkel. Même si, a-t-elle tenu à préciser, "la politique ne crée pas de l'emploi, c'est l'entreprise qui en crée".
En France, le taux de chômage des jeunes atteint 26,1%. Preuve supplémentaire de la fragmentation de l'eurozone, ce chiffre caracole à 40,4% en Italie, 57,3% en Grèce et 56,5% en Espagne.
Jusqu'en 2015, l'UE dit pouvoir mobiliser 45 milliards d'euros pour l'emploi des jeunes, dont 7 milliards annuels issus du fonds social européen. Soit 70% des 10 milliards de FSE disponibles chaque année... Un chiffre que la direction générale de l’emploi ne confirme pas, préférant attendre la validation des maquettes financières des régions.
"Le chiffre annoncé de 45 milliards d’euros est un fourre-tout, remarque de son côté l'eurodéputée écologiste Karima Delli. Il s’agit de financements de projets bien plus larges que ceux dédiés à l’emploi des jeunes. On y trouve les fonds pour la modernisation des services publics de l’emploi, les bourses Erasmus, les prêts de la Banque européenne d’investissement pour aider les entreprises, sans contreparties sur la création d’emplois de qualité pour les jeunes", estime-t-elle.
Sur deux ans, treize régions françaises (Aquitaine, Auvergne, Centre, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Mayotte, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) pourront bénéficier d'un coup de pouce de 600 millions d'euros, dont 289 millions proviennent de l'initiative européenne pour les jeunes, le reste étant couvert par le fonds social européen. Plusieurs types d'actions pourront potentiellement être financées par ce biais, tels que les emplois d'avenir, l'apprentissage mais aussi la garantie jeunes, expérimentée en ce moment sur dix territoires pilotes, et appelée à être généralisée.
Mais Paris doit aussi composer avec la logique européenne, orientée sur les résultats. La Commission attend que les services publics de l'emploi soient réactifs et proposent aux jeunes une offre de formation de qualité ou un emploi, quatre mois maximum après leur sortie du système scolaire. En France, en 2012, les missions locales sont parvenues à tenir ce délai pour 36% des jeunes suivis.
Dans sa déclinaison française, le projet de "garantie" cible les jeunes en grande difficulté, cumulant échec scolaire et situation de précarité. D'où la volonté d'apporter un accompagnement financier, à travers une allocation mensuelle de 433 euros, conditionnée à la signature d'un contrat avec une mission locale. Reste à convaincre la Commission européenne : "Le dispositif n'est-il pas un peu trop passif ?", s'interroge-t-on à la direction générale de l'Emploi à Bruxelles, où l'on ne perçoit pas bien les "mesures actives" incitant les jeunes à retrouver un emploi. Suivis par les missions locales pendant au moins un an, les jeunes s'engagent à signer un contrat avec ces structures. S'il ne se plie pas aux rendez-vous réguliers avec les conseillers et ne s'investit pas assez, le jeune chômeur peut recevoir une série d'avertissements, puis se voir privé de l'allocation, sur décision de la Commission chargée du suivi de la garantie jeunes, présidée par le préfet de département.
La France a prévu de finaliser son plan d'action d'ici la fin du mois, afin de le transmettre courant décembre à la Commission européenne. "Tout l'enjeu, c'est d'aller vite", a redit François Hollande, insistant sur la mise en oeuvre des deux prochaines années.