Languedoc-Roussillon - Quand l'économie sociale fait école
Ce mardi 22 février, les candidats ne se bousculent pas pour intégrer l'Ecole de l'entrepreneuriat en économie sociale. Seuls deux curieux sont venus à la réunion d'information organisée dans l'ancienne cave coopérative de Montpellier, transformée depuis peu en "Hôtel de la coopération". Mais la quatrième promotion qui leur est présentée a encore le temps de trouver ses élèves : elle ne démarrera qu'en octobre 2011, pour 55 journées, réparties sur près de 18 mois. Et cette formation continue, encore unique en France, a déjà su séduire depuis son lancement en 2009.
La région Languedoc-Roussillon a fait partie des premiers conquis. "Son rôle a été déterminant", salue la directrice, Claire Laget. "Elle a accepté de soutenir l'école en cofinancement avec le Fonds social européen, à hauteur de 30.000 euros chacun durant trois ans. L'idée était de nous permettre un lancement ambitieux dès le départ."
Marketing et apport aux territoires
La formation s'adresse, prioritairement, aux dirigeants et aux cadres déjà en poste dans l'économie sociale et solidaire (ESS). Peu importe qu'ils travaillent en association, en coopérative ou en mutuelle, "leurs compétences sont les mêmes", remarque Claire Laget. L'école entend s'appuyer notamment sur leurs problématiques concrètes, au sein de leurs entreprises, afin de développer leurs capacités - tant économiques que sociales. "On ne dissocie jamais les deux", souligne la directrice. "Le social nourrit l'économique, et inversement." Le cycle aborde donc aussi bien la démarche marketing que la gestion des ressources humaines, ou encore l'apport des entreprises de l'ESS à leurs territoires. Autre spécificité, la formation se fait "hors les murs", afin de faire découvrir aux stagiaires différentes entreprises de la région. Les étudiants peuvent se faire financer le cycle entier - ou un simple module - par l'intermédiaire d'un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA). Les trois premières promotions ont été suivies par 40 stagiaires : "Une excellente expérience", témoigne à Montpellier, au terme de la première session, Jean-Claude Senneville, directeur de l'association Solidarité Dom-tom. "L'école a fait l'interface entre mon bagage théorique initial et mon expérience pratique de dirigeant associatif."
Et en près de deux années, cette initiative d'acteurs locaux de l'ESS a rencontré un certain écho au-delà du Languedoc-Roussillon. "Nous sommes sollicités au niveau national pour mettre en place des formations avec la Confédération générale des Scop (1) ou encore la Mutualité française", relève Claire Laget. Le Conseil national des Cres (CNCres) considère lui-même que "l'un de ses chantiers pour 2011 est de voir comment les Cres peuvent travailler en réseau en matière de formation initiale et continue", selon la chargée de mission Coralie Faure, "car les initiatives sont nombreuses". Au conseil régional de Champagne-Ardenne, Patricia Andriot, vice-présidente en charge de l'ESS, se dit elle-même intéressée par l'initiative : "Désormais, les outils classiques d'aide à l'ESS sont installés dans notre région ; ce type de dispositif pourrait nous permettre d'aller plus loin." En attendant de composer sa quatrième promotion à Montpellier, l'Ecole de l'entrepreneuriat en économie sociale semble donc déjà faire des émules à travers le pays. Et l'idée d'une école nationale n'est pas exclue.
Olivier Bonnin
(1) Les sociétés coopératives et participatives (Scop) correspondent, dans la législation française, aux coopératives de travail.