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Economie sociale et solidaire - Aider les jeunes à devenir entrepreneurs sociaux

Une étude détaille tout l'intérêt des "initiatives économiques solidaires" prises par certains jeunes. Encore faut-il que les collectivités territoriales apprennent à faire confiance à ces entrepreneurs de moins de trente ans.

Un cabaret culturel ouvert en rase campagne auvergnate, deux boutiques de chocolat équitable à Paris, une coopérative de services à domicile en Seine-Maritime, une SARL de nettoyage écologique en banlieue bordelaise… Vingt-neuf "initiatives économiques solidaires" menées par des jeunes ont été scrutées à la loupe, à l’initiative du Réseau des territoires pour l’économie solidaire (RTES). Son étude, présentée mardi 14 décembre à Paris, souligne tous les avantages que ces jeunes entrepreneurs sociaux peuvent apporter à leurs territoires ; elle indique aussi comment les collectivités locales peuvent les encourager.
L’ouvrage, intitulé Jeunes et initiatives économiques solidaires, permet déjà de découvrir plusieurs traits communs à ces entreprises sociales. Si elles ne se rattachent pas toujours explicitement à l’économie sociale et solidaire (ESS), beaucoup oeuvrent pour l’environnement et s’efforcent de fonctionner de manière souple et démocratique. La plupart sont aussi fortement ancrées à leur territoire, qu‘elles y trouvent leurs clients, leurs fournisseurs, leurs soutiens financiers ou même leurs copilotes.

Réticences

De fait, la plupart des entreprises observées ont décroché un soutien précieux de collectivités territoriales et en premier lieu de leur région. Cependant, "la volonté de nouer des liens avec les pouvoirs locaux ou avec les organisations de l’ESS qui habite les porteurs [de projet] s‘affronte assez fréquemment, en tout cas dans un premier temps, à des réticences", rapportent les auteurs. De plus, les municipalités et les intercommunalités ont été peu nombreuses à soutenir les projets étudiés. "La créativité économique solidaire n’est pas, ou pas encore, intégrée par la grande majorité des collectivités locales comme un facteur de développement qui compte", note l‘étude.
Ces vingt-neuf initiatives s’avèrent pourtant précieuses pour leurs territoires. Nombre d’entre elles sont novatrices, et apportent des biens ou des services utiles aux habitants et à l‘environnement, tout en créant des emplois. Beaucoup offrent aussi du lien social, notamment en proposant des lieux de rencontre à leurs riverains.

Faire "davantage confiance"

Mais comment faciliter cet entrepreneuriat social chez les jeunes ? Pour Henri Arévalo, vice-président du RTES, l’essentiel pour les élus est de faire "davantage confiance aux jeunes". Il importe également "d’adapter [les] dispositifs encourageant les entreprises solidaires". La durée des accompagnements mériterait notamment, selon Henri Arévalo, d’être rallongée. L’ouvrage du RTES avance encore d’autres suggestions : former "les porteurs à la réponse à appel d’offres ou appel à projets" ou encore "favoriser les formations visant à développer l‘entrepreneuriat des jeunes dans l‘ESS"…
L’une des dernières initiatives prises par Marc-Philippe Daubresse au ministère de la Jeunesse et des Solidarités actives devrait également encourager les jeunes à créer leur entreprise sociale. Lancé en octobre, le fonds Jeun’ESS doit ainsi être doté de 1,2 million d’euros par l‘Etat et des acteurs de l‘ESS. Piloté par l’Avise, il doit notamment soutenir les entreprises, par appels à projets. Les candidatures pourraient bien affluer : d‘après un sondage mené par CSA en janvier 2010, 62 % des jeunes seraient prêts à créer leur propre entreprise sociale.