Social - Premier congrès du Mouves : les collectivités s'y intéressent de près
Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) organisait le 14 octobre 2010 son premier congrès. L’occasion pour ce mouvement, créé en février 2010 dans la lignée du Livre blanc pour développer l’entrepreneuriat social, et destiné à fédérer les entrepreneurs sociaux, de mieux expliquer sa démarche : créer une communauté active et ouverte d’entrepreneurs sociaux et d’autres partenaires, et porter leurs attentes et leurs solutions dans le débat public et les politiques publiques. Actuellement, plus de 5.000 structures d’insertion par l’activité économique, dédiées à l’emploi et l’accompagnement de 70.000 personnes exclues, existent sur le territoire français, auxquelles s’ajoutent plus de 2.000 structures employant et accompagnant plus de 140.000 personnes en situation de handicap, 2.000 sociétés coopérations ouvrières de production (Scop), 152 sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic), 3.500 associations opérant dans le champ des services à la personne, et encore 300 entreprises, associations vendant et promouvant les produits du commerce équitable. Un secteur discret mais qui représente pourtant 14% des emplois et 12% des entreprises en France (200.000). Avec 300 adhérents à son actif, le Mouves compte bien défendre la cause des entrepreneurs sociaux et davantage faire parler de cette économie plus solidaire. Sa démarche s’appuie aussi sur la construction de dynamiques territoriales en faveur de ce type d’entrepreneuriat. "A ce jour, huit groupes de travail dans huit régions différentes, dont l’Aquitaine, la Franche-Comté et Midi-Pyrénées, ont été créés, rassemblant élus, entreprises, et autres acteurs locaux de l’économie sociale et solidaire, explique Jean-Marc Borello, président du Mouves, et délégué général du Groupe SOS, des réunions qui ont parfois permis à des acteurs locaux qui ne se connaissaient pas de se rencontrer." Le principe de fonctionnement : chaque réseau régional du Mouves propose deux ou trois thèmes qu’il veut traiter avec ses partenaires locaux, dont les élus. Des réflexions thématiques qui sont ensuite remontées au niveau national. "Petit-à-petit l’idée est de rencontrer l’ensemble des régions, détaille le président du Mouves, et dès qu’on est face à une expérience très réussie dans une région, on essaie de la répliquer dans une autre région." En juillet 2010, Rémi Roux, cofondateur de la Scop "Ethiquable", et vice-président du Mouves, réunissait ainsi une vingtaine d’entrepreneurs sociaux en région Midi-Pyrénées pour un séminaire sur le thème "Comment développer l’entrepreneuriat social en Midi-Pyrénées". Des ateliers qui ont réuni des entrepreneurs sociaux mais aussi des conseillers régionaux. Les collectivités locales s’intéressent en effet de près à ces démarches territoriales. "L’objectif n’est plus de vouloir courir après la rentabilité à court terme, là, on a des entreprises efficaces qui rendent un service à la société", analyse Seybah Dagoma, adjointe au maire de Paris, chargée de l’économie sociale et solidaire. Des entreprises sociales que la mairie de Paris serait prête à soutenir pour "remettre l’humain au cœur de l’économie", le projet de Bertrand Delanoë, maire de Paris. Et le fait de voir ces entreprises maintenant fédérées par le Mouves pourrait faciliter les coopérations. "La question est : comment une collectivité peut être associée à ce genre d’initiatives, maintenant que le Mouves est là, on va pouvoir discuter." A l’heure actuelle, aucune collectivité ne participe financièrement au Mouves, qui alimente son budget grâce aux cotisations de ses adhérents. Ses missions sont pourtant nombreuses : créer un label "entreprise sociale", soutenir l’innovation sociale, mieux répondre aux besoins de financement de l’entrepreneuriat social, diffuser un langage de preuve, faire émerger grâce à la formation une nouvelle génération d’entrepreneurs, développer les coopérations économiques, et faire connaître ces nouveaux entrepreneurs. Et depuis la crise, le mouvement est de plus en plus sollicité.
Emilie Zapalski
Les Français évaluent la situation sociale et leur situation personnelle
D’après un sondage élaboré par TNS-Sofres pour le compte du Mouves du 24 au 27 septembre 2010 auprès d’un millier de personnes, les Français semblent partager une vision pessimiste de la situation sociale. Ils sont ainsi 71% à considérer que la situation sociale en France se détériore. Mais ils apprécient de manière plus positive leur cas personnel : ils sont ainsi 61% à déclarer que leur situation personnelle reste à peu près stable, tandis que seuls 27% estiment que leur situation se détériore. Le sondage indique également que seulement 7% des Français savent ce que sont les entrepreneurs sociaux.