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Economie sociale - Le prix Nobel Muhammad Yunus rencontre le "social business" à la française

Pas mal de choses sont en train de se passer du côté de l'entrepreneuriat social – de ces entreprises pas tout à fait comme les autres auxquelles le Salon des Entrepreneurs, qui s'est ouvert ce mercredi 3 février au Palais des Congrès à Paris, va cette année permettre de donner un joli coup de projecteur. Avec, en invité d'honneur, tout un symbole : Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, fondateur de l'institution de microcrédit la Grameen Bank au Bangladesh, qui entamait ainsi une visite très remarquée de quelques jours à Paris. Accueilli par Hugues Sibille, le président de l'Agence de valorisation des initiatives socio-économiques (Avise), Muhammad Yunus a pu donner mercredi matin à un parterre de 50 entrepreneurs sociaux sa vision du "social business", qui doit à la fois être économiquement efficace, autosuffisant, servir un objectif social et bannir tout profit personnel ("Vous prêtez 1 million, on vous rend 1 million, et pas un centime de plus"). Il a, aussi, donné amplement la parole à Franck Riboud, PDG du groupe Danone, avec lequel il a créé un vaste programme nutritionnel au Bangladesh (Grameen Danone Foods) ainsi qu'un fonds d'investissement solidaire. L'occasion pour Franck Riboud d'insister sur la nécessité de ne plus "segmenter" le monde économique, de ne plus opposer entreprises classiques et entreprises solidaires. Une idée reprise par Jean-Marc Borello, patron du Groupe SOS et président du tout nouveau Mouvement des entrepreneurs sociaux : "Nous devons travailler avec les entreprises classiques. Nous devons nous aussi créer de la richesse. On peut parfaitement être un grand groupe à vocation sociale."
Ce Mouvement des entrepreneurs sociaux vient tout juste d'être officiellement lancé, le 2 février. Et a su mercredi que Muhammad Yunus acceptait spontanément la proposition d'en être le parrain. Sa vocation : "construire une communauté active et ouverte d’entrepreneurs sociaux et d’acteurs partenaires ; porter leurs attentes et leurs solutions dans le débat public et les politiques publiques". Parmi ses premiers chantiers : travailler à la mise en place d'un label "entreprise sociale", sachant qu'il n'existe pas aujourd'hui de définition unique ni, en tout cas de statut spécifique (il peut s'agir d'une association, d'une Scop ou d'une Scic, d'une SARL ou d'une SA, d'une mutuelle…). Sans cela, difficile de leur donner plus de visibilité et de lisibilité auprès du grand public. Un sondage CSA commandé par l'Avise montre bien que si les Français plébiscitent l’entrepreneuriat social, lequel bénéficie d'une forte attractivité et d'un fort indice de confiance, ils sont très peu nombreux à pouvoir dire précisément de quoi il s'agit (voir ci-contre les résultats détaillés de ce sondage). Le site internet inauguré mercredi par Muhammad Yunus avec Hugues Sibille, premier site dédié à la création et au développement des entreprises sociales, pourra peut-être contribuer à cette identité et notoriété.
S'agissant cette fois de la reconnaissance des pouvoirs publics, l'Avise estime en tout cas que leur intérêt vient d'être matérialisé avec l'annonce par le chef de l'Etat, le 14 décembre, de la création d'un fonds doté de 100 millions d'euros, dans le cadre du grand emprunt, consacré à l'entrepreneuriat social et solidaire.
 

Claire Mallet

 

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