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Emploi - Services à la personne : "En finir avec l'image d'un secteur gadget"

"Avec 100.000 nouveaux emplois chaque année depuis trois ans, vous êtes un des deux moteurs d'activité de la France", à côté des emplois verts. C'est ainsi que Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, a introduit les Assises nationales des services à la personne qui se sont tenues le 23 juin 2009 à Paris. Ces assises étaient le point d'orgue d'une démarche, menée en mai et juin à travers cinq rencontres interrégionales auxquelles près de 2.000 personnes ont participé, destinée à réfléchir aux interrogations et aux avancées du secteur en matière de couverture conventionnelle, protection sociale, risques professionnels, certification, formation, recrutement... "Le premier plan des services à la personne reposait sur l'idée de la dynamique de création d'emplois, parfois artisanale, avec le plan II, le but est de consolider les choses, de s'inscrire dans la durée, et d'en finir avec l'image d'un secteur accessoire ou gadget de notre économie, a souligné Laurent Wauquiez, il faut maintenant avoir une vision plus exigeante des services à la personne". Trois objectifs principaux guident ce plan II : favoriser la création d'emplois, démocratiser l'accès des services à la personne, via notamment l'envoi en cours de chèques emploi service de 200 euros auprès 1,5 million de foyers les plus modestes et personnes âgées, pour un montant de 300 millions d'euros, et enfin, l'amélioration de la professionnalisation et de la qualité des emplois. "Il est absolument indispensable d'être dans une logique qui tire vers le haut ce secteur, et de rompre avec cette image de "petits boulots" sans perspective d'avenir", a affirmé le secrétaire d'Etat chargé de l'emploi. Et le gouvernement a décidé d'investir 40 millions d'euros sur trois ans pour les initiatives menées pour professionnaliser le secteur, via l'Agence nationale des services à la personne (ANSP). Le secrétaire d'Etat a également insisté sur la nécessité d'utiliser davantage l'alternance dans le secteur, avec un objectif de 1.000 contrats de professionnalisation début 2010.
Mais les Assises nationales ont surtout été l'occasion pour les acteurs du secteur de présenter les engagements, déclinés en quatorze objectifs, qu'ils vont prendre sur les grandes problématiques de la profession. Des objectifs qualifiés "d'ambitieux mais réalistes" par Laurent Wauquiez, parmi lesquels : harmoniser la couverture conventionnelle des salariés du secteur, développer l'information sur les métiers à travers notamment la création, prévue pour début septembre 2009, de centres de ressources pour les particuliers-employeurs, créer un baromètre de la qualité des emplois, améliorer l'accessibilité à la certification qualité, ou encore dégager des marges de manoeuvre pour permettre aux conseils généraux de soutenir la professionnalisation de l'aide à domicile. "La dynamique est forte, massive et plutôt consensuelle, a indiqué pour sa part Bruno Arbouet, le directeur général de l'ANSP. Il faut tenir le rythme des avancées concrètes." Le secteur est en effet très dynamique. 200.000 offres d'emplois ont ainsi été déposées en 2008 à Pôle emploi. "C'est un secteur qui se maintient malgré la crise, a expliqué Marion Badenes, chef du département services aux entreprises à Pôle emploi, mais c'est un secteur assez particulier car il recrute beaucoup de personnes non qualifiées et 10 à 15% des offres proviennent de particuliers-employeurs." Enfin, la région Franche-Comté a pu faire part de son expérience en la matière. Le conseil régional s'est intéressé dès 2004 à ce secteur, qui représentait déjà 4.500 salariés. La région a notamment travaillé sur la qualification professionnelle des salariés. A l'époque, 70% des activités étaient réalisées par des personnes non qualifiées. Ce chiffre est aujourd'hui passé à 52%, avec un objectif de 47% en 2009. "L'important est de prendre en compte la globalité des problèmes du secteur, a souligné Gérard Coulon, directeur de l'économie sociale et solidaire de la région Franche-Comté, mais ce type de démarche ne peut être décidée par la région seule, il faut une discussion avec les partenaires, et notamment avec les OPCA."

 

Emilie Zapalski