Salon des maires - Quatorze collectivités deviennent "territoires de commerce équitable"
Pour une fois, les élus locaux ne distribuaient pas de récompenses, ce mercredi 18 novembre, ils en recevaient... A l'occasion du Salon des maires et des collectivités locales, quatorze collectivités ont été reconnues "territoires de commerce équitable". Elles ont ainsi été encouragées pour leurs efforts pour intégrer le commerce équitable dans leurs achats publics, et pour promouvoir cette forme d'économie sociale et solidaire sur leurs territoires.
Parmi les lauréats figurent deux conseils régionaux – Nord-Pas-de-Calais et Pays-de-la-Loire – et douze communes – parmi lesquelles Paris, Lyon, Nantes, Dijon, Tours, jusqu'à la municipalité de Mouans-Sartoux (10.000 habitants, dans les Alpes-maritimes) (1). Deux autres communes d'Ile-de-France s'étaient également engagées à devenir "territoires de commerce équitable", mais le jury a considéré leurs efforts insuffisants.
"On voit beaucoup de collectivités de bords politiques différents s'engager sur ce sujet", apprécie Danielle Desguées, membre du jury, et directrice générale des boutiques de gestion de Paris Ile-de-France. Les achats des collectivités peuvent naturellement constituer un levier de poids pour le développement de ce type de commerce plus favorable aux producteurs. La région Pays-de-la-Loire, par exemple, exige désormais du coton équitable pour les vêtements de ses 20.000 agents des lycées – pour un montant de 300.000 euros en 2009. Paris a engagé le même montant pour habiller ainsi ses 7.000 agents de la propreté. A Nantes, Patricia Dupré-Cormerais, chargée de mission à la commande publique durable, souligne néanmoins qu'il a fallu plusieurs années à sa ville pour "faire se rejoindre les contraintes réglementaires, les contraintes de pratiques et les contraintes organisationnelles, avec le marché". Par exemple, dans les cantines scolaires, le jus de fruit équitable ne peut être livré dans des bouteilles en verre... "Tout le travail avec les fournisseurs a été de faire se rapprocher l'offre du marché aux besoins."
Quant à la promotion, elle peut prendre bien des aspects : des collectivités incitent les entreprises locales à acheter équitable, ou encouragent les commerces à distribuer ce type de produits ; certaines mettent en valeur les points de vente spécialisés et d'autres appuient les associations locales engagées... Pour sensibiliser les habitants, plusieurs collectivités interviennent dans les écoles : relais auprès de leurs parents, "les enfants sont nos meilleurs ambassadeurs", estime Christine Bruneau, maire adjoint chargée du développement durable, à Boulogne-Billancourt. La ville de Longjumeau, quant à elle, vient même d'accueillir son premier "Festival du commerce équitable et des commerces du monde".
Engagée sur ces différents types d'actions depuis 2001, la ville de Lyon y voit désormais "une vraie politique économique". Avec le label "Lyon ville équitable et durable", qui est désormais décerné à divers lieux de consommation engagés, "on touche maintenant au développement économique du territoire", explique Guylaine Gouzou-Testud, maire adjointe au développement durable et à l'économie sociale et solidaire. "Le territoire ne doit pas se développer sur une seule économie. Or celle-ci est une nouvelle forme d'économie, innovante, qui aujourd'hui, en période de crise, représente une alternative."
Ces quatorze "territoires de commerce équitable" ont été accompagnés dans leurs engagements par la marque Max Havelaar France, la fédération Artisans du monde, et la Plateforme pour le commerce équitable. Ils rejoignent ainsi 735 territoires titrés à travers le monde, dont Londres, Rome ou Bruxelles. Il leur reste à poursuivre leurs efforts ; car leur titre sera remis en jeu dans trois ans. Et cette fois, toutes les collectivités françaises pourront tenter de décrocher la récompense...
Olivier Bonnin
(1) Les autres municipalités primées sont Alfortville, Boulogne-Billancourt, Cluses, Drancy, Longjumeau et Saint-Paul, à la Réunion.