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Achat équitable - Seize collectivités veulent promouvoir une autre forme de commerce

Seize collectivités locales françaises s'engagent dans la campagne nationale "Territoires de commerce équitable", lancée par Max Havelaar France, avec la fédération Artisans du monde et la Plateforme pour le commerce équitable. L'opération est la déclinaison française de la campagne européenne "Fairtrade towns in Europe", subventionnée par la Commission européenne, dans laquelle près d'un millier de collectivités sont déjà impliquées. Objectif de la démarche : développer l'engagement des collectivités dans le commerce équitable en leur décernant des titres en fonction de leurs actions. Quatorze villes, dont Lyon, Nantes, Tours et Paris, et deux régions françaises (Nord-Pas-de-Calais et Pays-de-la-Loire) ont décidé de se lancer dans l'aventure. En participant à cette campagne, ces collectivités se sont engagées, entre autres, à acheter des produits issus du commerce équitable, à inciter les commerçants, les restaurateurs et les hôteliers à développer et mettre en avant l'offre de commerce équitable, et à créer un conseil local pour le commerce équitable. "L'idée est intéressante, car elle donne de l'écho et propose une démarche de progrès", explique Claire Vaillant, chargée de mission au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, qui espère que l'opération sera l'occasion de "sortir de l'expérimental pour aller vers une généralisation". Le conseil régional Nord-Pas-de-Calais est déjà largement impliqué dans ce domaine à travers ses achats mais aussi sa politique de soutien aux acteurs du commerce équitable. Une aide de 15.000 euros est ainsi proposée aux boutiques de ce secteur pour constituer leurs stocks.

 

Des difficultés d'approvisionnement

Par ailleurs, la région tente d'acheter équitable. "Sur l'opération 'Nos quartiers d'été', nous avons réussi à acheter des tee-shirts équitables que nous offrons aux associations", raconte Claire Vaillant. Mais l'opération ne s'est pas faite sans mal. "Avec le même budget, on est passé de 10.000 tee-shirts à 5.000 ! Il a fallu expliquer pourquoi."

Les difficultés pour travailler avec cette filière sont en effet nombreuses : le coût, donc, qui demeure plus élevé que les autres filières, mais aussi l'approvisionnement. La ville de Tours souhaite ainsi dédier au commerce équitable un lot de commande publique (le riz) effectuée pour les cantines scolaires. "Il y a 1,4 million de repas par an, et même s'il n'y a pas du riz à chaque repas, il faut trouver un fournisseur qui puisse s'engager dans la durée et sur la quantité", explique Dominique Lemoine, conseiller municipal de Tours et conseiller à l'agglomération de Tours. La filière peine encore à répondre à la demande dès qu'il s'agit d'assurer un approvisionnement de masse. "On a eu des marchés infructueux, avec certains acteurs qui n'arrivaient pas à répondre à notre demande, témoigne Claire Vaillant, mais ça progresse d'année en année ; il faut espérer que la crise ne coupe pas les ailes de ces initiatives naissantes." Autre problème : le niveau de connaissance des acheteurs. "Acheter commerce équitable, c'est encore très complexe, des progrès sont réalisés mais cela demande encore beaucoup de travail et ce n'est pas simple de changer les habitudes", assure encore Claire Vaillant, qui estime qu'une formation en la matière destinée aux acheteurs serait efficace. Mais si les difficultés sont nombreuses, la volonté politique est bien là. "C'est tout à fait faisable si on cible bien les domaines dans lesquels on veut aller, insiste Dominique Lemoine, et il faut être conscient que la commande publique constitue un formidable effet de levier pour ce secteur."

Emilie Zapalski