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Emplois familiaux - L'essor des métiers de la garde d'enfant masque mal la crise de l'emploi à domicile

L'Insee publie une étude intitulée "Travailler pour des particuliers : essor des métiers de la garde d'enfants". Celle-ci montre notamment que le dynamisme de ces métiers masque - pour partie - le fort recul des emplois familiaux. Sur la période 2008-2012, l'emploi à domicile - qui regroupe métiers de la garde d'enfant et emplois familiaux - a reculé de 3,3%, ce qui est beaucoup pour un secteur longtemps présenté - notamment à l'époque du plan Borloo de 2005 - comme un véritable eldorado de l'emploi.

Les emplois familiaux ont reculé de 8% entre 2008 et 2012

Ce recul moyen de 3,3% masque toutefois des évolutions très divergentes. En effet, entre 2008 et 2012, le volume d'emploi dans le secteur de la garde d'enfants au domicile de l'employeur a progressé de 15% et celui des assistantes maternelles de 10%. Mais, dans le même temps, les emplois familiaux (ensemble des emplois à domicile, hors modes de garde) ont reculé de 8,2%. Dans une interview au Figaro, le 13 novembre, la présidente de la Fepem (Fédération des particuliers employeurs de France) indiquait d'ailleurs que 60.000 emplois à domicile pourraient basculer dans le travail au noir. Un mouvement qui s'expliquerait par la hausse des coûts salariaux, en particulier avec la suppression de l'abattement de cotisations sociales de 15 points attaché au régime dit "au réel" - décidée par le gouvernement Fillon - et celle des charges "au forfait", décidée par le gouvernement Ayrault.
L'étude de l'Insee ne se contente pas de cette approche quantitative. Si l'emploi à domicile a stagné, la rémunération des salariés employés à domicile a en revanche progressé de 10% en 2008 et 2012, soit une moyenne annuelle de l'ordre de 2,4%. Cette hausse des rémunérations tient toutefois, pour l'essentiel, à un effet de structure : la part des métiers de la garde d'enfants - mieux rémunérés - ayant progressé au cours de la période, ceci s'est traduit par une hausse mécanique du salaire moyen. Malgré cette tendance à la hausse, les salaires moyens restent d'ailleurs très disparates pour la garde à domicile. Le revenu médian est de 2.500 euros par an, en 2011, avec une forte amplitude : 10% perçoivent moins de 300 euros par an et 10% plus de 14.700 euros. De même, le salaire moyen des gardes d'enfants à domicile est de 6.800 euros pour 819 heures de travail en Ile-de-France, contre 3.400 euros pour 433 heures en province.

Des profils très variés

La rémunération des assistantes maternelles est moins dispersée. Leur travail est quasi-continu sur l'année et elles affichent un revenu annuel moyen de 9.900 euros en province et de 12.900 euros en Ile-de-France (où cette profession est nettement sous-représentée).
Enfin, les emplois familiaux (70% des emplois à domicile) présentent des profils très variés. En 2011, ils ont travaillé en moyenne 34 semaines auprès de 3,1 employeurs et ont perçu un salaire moyen de 3.700 euros, avec toujours un écart de 22% en faveur des emplois familiaux parisiens.
En termes sociologiques, les salariés de particuliers sont à 87% des femmes. Ils sont aussi relativement âgés, avec une moyenne de 44 ans (contre 39 ans pour les salariés du secteur privé et 41 ans pour l'ensemble des salariés). De ce fait, 39% des salariés de particuliers sont âgées de 50 ans ou plus, contre seulement 22% des salariés du privé et 27% pour l'ensemble des salariés. Enfin, l'étude de l'Insee relève que l'emploi auprès de particuliers est une activité secondaire pour un tiers des intéressés. La population des salariés de particuliers connaît d'ailleurs un important renouvellement, puisque 22% des salariés employés par un particulier en 2012 ne l'étaient pas en 2011. 

 

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