Emploi - Les nouvelles recettes du gouvernement pour développer l'alternance
Le gouvernement s'est fixé un objectif ambitieux pour l'alternance, puisqu'il espère atteindre 800.000 jeunes dans la filière d'ici à 2015, contre 600.000 aujourd'hui. Jusque-là, des mesures incitatives (prime de 1.000 euros pour un nouvel apprenti ou un contrat de professionnalisation supplémentaire, dispositif "zéro charges" pour le recrutement d'un apprenti) étaient prévues pour les entreprises. Des mesures "temporaires qui ont permis de maintenir le niveau de l'apprentissage et de l'alternance, voire de l'augmenter un peu, pendant la crise économique", a expliqué Nadine Morano, ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, vendredi 14 janvier, à l'occasion du Salon de l'apprentissage et de l'alternance qui se tient à Paris jusqu'au 16 janvier. Ces mesures, qui avaient été prorogées de juin à décembre 2010 et qui correspondaient à un budget de 362 millions d'euros de la part de l'Etat, sont arrivées à leur terme. En revanche, 500 millions d'euros issus du programme des investissements d'avenir ont été débloqués pour moderniser les centres de formation d'apprentis (CFA) et créer 15.000 places d'hébergement supplémentaires.
Porter le quota de jeunes en alternance à 4 %
Pour développer encore l'alternance, que le gouvernement considère comme une voie prometteuse pour développer l'emploi des jeunes (60 % d'entre eux trouvent un emploi dans les trois mois qui suivent leur formation), la ministre a plusieurs idées. Premier point : relever le quota de jeunes en alternance dans les entreprises. Actuellement, les entreprises de 250 salariés et plus doivent payer une surtaxe d'apprentissage si elles n'ont pas 3 % de leur effectif en alternance. "Nous allons proposer aux partenaires sociaux d'augmenter ce quota à 4 %, sachant que certaines entreprises atteignent déjà près de 5 %." Autre axe de travail : des mesures incitatives pour les entreprises de plus petite taille, de 50 à 249 salariés, sous forme de bonus, correspondant à un allègement de charges sociales de plusieurs centaines d'euros par an et par contrat. "Nous choisissons des mesures plutôt incitatives que coercitives, car la période ne s'y prête pas", a précisé la ministre. Le gouvernement souhaite aussi négocier à la hausse avec chaque conseil régional les nouveaux contrats d'objectifs et de moyens (COM). Ces contrats, créés par la loi de programmation pour la cohésion sociale de 2005 pour développer l'apprentissage, vont être renouvelés pour cinq ans. L'Etat compte y investir plusieurs centaines de millions d'euros par an.
"Il faut changer de mentalité"
Enfin, Nadine Morano a formé une "task force" composée de personnalités du monde économique, dont Franck Provost, Patrick Scicard, président du directoire de Lenôtre, ou encore le chef Hélène Darroze. Des personnalités qui ont démarré par l'apprentissage ou qui ont suivi une formation de ce type au cours de leur parcours professionnel, à l'image de Hélène Darroze, qui a démarré par HEC et qui a ensuite effectué un contrat d'apprentissage pour se lancer dans la restauration. La ministre va réunir très prochainement ces personnalités, qui deviendront les porte-parole de l'apprentissage, et compte effectuer des déplacements avec eux. "Il faut changer de mentalité. Tous les acteurs, Etat, partenaires sociaux, entreprises, régions, organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) doivent faire un effort. On a eu trop tendance à considérer qu'il fallait 80 % de jeunes ayant le bac, il faut surtout miser sur 100 % de jeunes formés", a précisé Nadine Morano, citant l'exemplarité de l'Allemagne dans ce domaine, où 60 % des entreprises accueillent des jeunes apprentis sans mesures ni incitatives ni coercitives, contre 33 % en France. La ministre compte aussi sur les 275 développeurs de l'apprentissage, qui avec un budget de 9,7 millions d'euros ont déjà permis la signature de 20.000 contrats d'apprentissage. Mais le travail ne sera pas simple. D'après une étude récente d'Ipsos, les intentions d'embauche en contrat d'apprentissage risquent de baisser en 2011. La disparition des aides temporaires pourrait accentuer ce mouvement.