Education - Un quart des contrats d'apprentissage rompus avant leur terme
Si dans les centres de formation des apprentis (CFA) des chambres de commerce et d’industrie le taux des ruptures de contrat d’apprentissage atteint seulement 5 à 10 %, globalement, au niveau national, un quart des contrats de ce type sont rompus chaque année. C’est ce que révèle l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), qui a mené, avec le soutien du ministère de l’Economie, une enquête concernant l’offre française de formation en apprentissage auprès de 800 entreprises et de 800 jeunes. Sur 300.000 contrats d’apprentissage signés chaque année au niveau national, près de 25 % sont ainsi rompus, aussi bien à l’initiative des jeunes que des entreprises. Parmi les secteurs les plus touchés : l’hôtellerie-restauration (37 %) et le commerce (23 %), deux branches qui connaissent un taux de rupture supérieur au poids de leur filière dans l’apprentissage. L’industrie (10 %) et le bâtiment (8 %) sont largement moins touchés par le phénomène. "L’obligation faite aux apprentis d’être rapidement opérationnels, contrainte propre à certains secteurs (commerce, restauration), pourrait être une source d’explication", détaille l’enquête, qui cite aussi les conditions de travail et les horaires comme freins au contrat. L’ACFCI analyse les causes éventuelles de ces ruptures de contrat et, parmi elles, le manque de véritable politique de recrutement des apprentis, et donc de sélection. "Près de 45 % des entreprises interrogées ont rencontré un seul candidat pour le poste (53 à 54 % dans les secteurs de l’accueil/hôtellerie, de l’agroalimentaire et du bâtiment)", explique l’enquête. Même phénomène du côté des jeunes qui dans leur grande majorité (71 %) n’ont pas été informés et orientés pour choisir la voie de l’apprentissage comme une filière de formation à part entière. Ainsi, près de une entreprise sur deux (45 %) estime que la rupture est due essentiellement à un problème d’orientation. "Les jeunes seraient orientés vers des métiers qui ne les intéressent pas ou qui ne leur correspondent pas", détaille l’enquête, qui en conclut que "la rencontre jeune-entreprise apparaît en bonne partie aléatoire".
Après un échec, les deux tiers des entreprises renoncent à l’apprentissage
Les jeunes ont en revanche d’autres explications. Pour eux, la raison principale des ruptures de contrat vient des difficultés d’adaptation et des problèmes relationnels (37 %), alors que l’erreur d’orientation n’est citée que dans 24 % des cas. Quoi qu’il en soit, la rupture semble constituer un frein important à l’apprentissage puisque, "après cet échec, les deux tiers des entreprises renoncent provisoirement ou définitivement à l’apprentissage". Un phénomène marqué dans les secteurs commerce-vente et bureautique-comptabilité, mais bien moins dans la coiffure-esthétique ou l’hôtellerie-tourisme. De leur côté, les jeunes rebondissent plus facilement après la rupture : les deux tiers disent avoir recherché une nouvelle entreprise et près de un jeune sur deux a retrouvé une entreprise en moins de un mois.
L’ACFCI propose des pistes d’amélioration pour éviter des ruptures de contrat trop fréquentes. Parmi ces propositions : des conseils et informations plus structurés et plus précis sur la filière de l'apprentissage et sur la réalité du métier pour éviter que les jeunes ne s’engagent dans un métier qu’ils ne connaissent pas réellement, et un accompagnement "plus net" des jeunes et des entreprises, comme celui réalisé par les développeurs de l’apprentissage. Une fonction nouvelle, prise en charge par les chambres de commerce et d’industrie, qui a obtenu de bons résultats, notamment dans le secteur de l’industrie. 275 développeurs ont ainsi été recrutés dans ce secteur, grâce au soutien de l’Etat qui s’élève à 9,7 millions d’euros, et permis la signature de 10.000 contrats d’apprentissage. Au total, ce dispositif est à l'origine de la signature de 20.000 contrats. L'objectif est d’atteindre 37.000 contrats d’ici la fin 2011.
2011, l’année de l’emploi des jeunes
Les résultats de l’enquête de l’ACFCI arrivent à point nommé. Depuis plusieurs années, et avec la montée du chômage des jeunes (25 % chez les moins de 25 ans), le gouvernement a décidé de promouvoir l’alternance, considérée comme une des meilleures voies de formation pour les jeunes qui, à l’issue d'un contrat de ce type, ont 70 % de chances de trouver un emploi. L’Etat compte ainsi atteindre 800.000 jeunes en alternance d’ici à 2015. Une évaluation de l’impact des primes et des exonérations de charges est en cours, qui doit permettre de développer de nouveaux outils pour l’alternance en 2011. L’année sera de toute façon marquée par le thème de l’emploi des jeunes. Ce sera l’un des premiers points étudiés dès le premier semestre par les partenaires sociaux dans le cadre de l’agenda social.