Formation professionnelle - François Rebsamen : "Le compte personnel de formation est compliqué mais c'est une grande avancée"
"Le compte personnel de formation va marcher ; il sera ouvert pour tous en 2015 avec la possibilité de suivre une formation, y compris pour les demandeurs d'emploi." A l'occasion d'une rencontre avec les journalistes, organisée le 14 octobre 2014 par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), François Rebsamen a donné des précisions sur la mise en oeuvre du compte, qui va bénéficier prochainement d'une campagne de communication. "Il va se mettre en oeuvre progressivement, en mobilisant notamment le DIF (droit individuel à la formation) et avec l'aide du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP)", a ainsi souligné le ministre du Travail. Ce compte, qui a été créé par la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, l'emploi et la démocratie sociale, doit être mis en place dès 2015.
Géré par la Caisse des Dépôts, le CFP va permettre à toute personne de suivre une formation certifiante, qualifiante ou diplômante. Alimenté à hauteur de 24 heures par an pendant 5 ans (pour un temps plein), jusqu'à 120 heures, puis de 12 heures par an, il est plafonné à 150 heures. "C'est compliqué mais c'est une grande avancée," s'est félicité le ministre. Compliqué dans le sens où dès 2015, il va falloir financer les heures de formation, issues du DIF… "Il y aura les moyens financiers nécessaires", a toutefois assuré le ministre qui compte suivre les abondements réalisés.
Au-delà des heures cumulées par les salariés, le compte peut en effet être abondé par les régions, Pôle emploi, les branches professionnelles ou les entreprises. Un rapport récent de l'Institut Montaigne a toutefois mis en doute les capacités et les velléités de ces acteurs à abonder le compte. Pour les auteurs du rapport, Marc Ferracci, professeur d'économie à l'université de Nantes, et Bertrand Martinot, ancien délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), ces abondements sont "très hypothétiques" ; les régions risquent surtout de se concentrer, comme elles le font aujourd'hui, sur la formation des demandeurs d'emploi. "Parfois les relations avec les régions sont compliquées, mais dans le cas par exemple du plan d'urgence pour la formation des chômeurs, cela a très bien fonctionné", a rétorqué François Rebsamen. Ce plan, lancé en 2013, a permis de créer 75.000 formations, avec la collaboration des régions, sur un total de 100.000 prévues d'ici la fin de l'année 2014.
37.000 emplois créés grâce au contrat de génération
Le ministre est également revenu sur le contrat de génération, qui, malgré les récents changements, ne parvient toujours pas à décoller. L'aide financière a notamment été portée à 8.000 euros dans le cadre du plan pour l'emploi des seniors lancé en juin 2014. Au total, 37.000 emplois ont été créés grâce à ces contrats, avec 37.000 maintiens en emploi pour des seniors. "Ce n'est pas neutre", a souligné François Rebsamen, tout en avouant que le contrat n'avait pas eu l'impact attendu. Au départ, le gouvernement s'était fixé un objectif de 500.000 contrats signés sur l'ensemble du quinquennat…
La rencontre du 14 octobre a aussi été l'occasion pour le ministre de faire un point sur les engagements des branches professionnelles sur le pacte de responsabilité. Après la chimie, le secteur de la métallurgie serait prêt à signer un accord. "Arrêtons de ne voir que la bouteille à moitié vide, a-t-il demandé à ce propos, la chimie s'est engagée sur 47.000 emplois, c'est 10% de plus que ce qui était prévu !" Mais pour ceux qui ne souhaiteraient pas s'engager (quinze branches n'ont encore rien fait dans ce domaine), le ministre ne dispose que de sa force de conviction "inépuisable", selon lui, pour les amener à signer… Après un premier point d'étape, qu'il a lui-même organisé en septembre, le comité de suivi des aides publiques, présidé par Manuel Valls, devrait prendre le relais et faire le point, avec un peu de retard, début novembre.
Enfin, François Rebsamen s'est exprimé sur le sujet très polémique du contrôle des chômeurs, laissant à Pôle emploi le soin, ce mercredi, de présenter le bilan de l'expérimentation "équipes dédiées au contrôle de la recherche d'emploi", qui repose sur un contrôle renforcé des chômeurs. Quant à une généralisation de ce système, le ministre n'a pas souhaité s'exprimer avant la présentation de Pôle emploi. "Les partenaires sociaux fixent les règles, l'Etat assure le contrôle, a-t-il simplement rappelé, je suis pour l'application des droits et des devoirs, et dans les devoirs, il y a la recherche d'un emploi pour le chômeur. De son côté, Pôle emploi a le devoir d'accompagner les chômeurs et de comprendre quand ceux-ci abandonnent leur recherche."