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Social - Face à la pression des besoins sociaux, les CCAS s'adaptent et tentent d'innover

"La perception par une majorité des Ccas d'une tendance à la hausse des demandes d'aides financières qui leur sont adressées s'inscrit dans la durée." C'est ce que démontre le dernier "Baromètre de l'action sociale locale", diffusé le 15 octobre par l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas), à l'occasion de son congrès.

Le paiement des loyers et des factures d'énergie : premier motif d'aide

L'enquête se fonde sur 526 réponses, collectées à l'été 2014 auprès de 508 Ccas, 15 Cias [centres intercommunaux d'action sociale] et trois communautés de communes ayant la compétence sociale. La sixième édition de cette enquête sur "l'évolution de la précarité telle qu'elle est perçue par les Ccas" permet donc de confirmer une tendance lourde : l'augmentation globale des demandes d'aide, constatée par 68% des répondants et même par 80% dans les territoires de plus de 30.000 habitants. Autre constante, la nature des difficultés les plus fréquemment rencontrées par les ménages modestes : "Les difficultés quotidiennes restent le premier motif d'aides financières adressées aux Ccas, en tête desquelles figurent les difficultés à payer les loyers et les factures d'énergie." Alors que "le paiement des factures d'énergie apparaît problématique sur l'ensemble du territoire pour les ménages modestes", les difficultés de paiements des loyers sont naturellement plus prégnantes dans les grandes villes. A l'inverse, "les difficultés financières d'accès aux services municipaux (cantine, centre de loisirs, périscolaire, etc.) semblent être plus fréquentes pour les ménages vivant dans des petites villes".

Les Ccas investissent le domaine de la santé

Le baromètre met en outre l'accent sur l'amplification de la problématique d'accès aux soins, citée par un cinquième des Ccas comme le premier élément déclencheur des demandes d'aides. Interrogés sur les postes de dépenses sacrifiés par les ménages s'adressant à eux, 48% des Ccas citent les soins, ce qui en fait selon eux "le second poste budgétaire sacrifié" après les factures d'énergie. "De nombreux Ccas souhaitent investir ce domaine d'intervention", estime l'Unccas qui s'est récemment penchée de façon approfondie sur le sujet (voir notre article du 12 juin). A noter également, l'alimentation comme dépense sacrifiée est citée par un cinquième des répondants.
Autre phénomène retenant particulièrement l'attention des Ccas : le non-recours aux droits sociaux ou aides légales (tarifs sociaux de l'énergie par exemple), jugé important par près de la moitié des répondants. Si une majorité des Ccas déclarent mettre en place des actions d'information et d'orientation pour faciliter l'accès aux droits, une part non négligeable d'entre eux assure également des missions d'instruction de demandes d'aides légales (46%) et de domiciliation (39%).

Pour 40%, les Ccas ne fournissent qu'un "accompagnement a minima" 

Concernant le profil des bénéficiaires, l'enquête confirme là encore des phénomènes observés ces dernières années, en premier lieu la "surexposition des familles monoparentales au risque de précarité". Dans les grandes villes, les sollicitations des personnes âgées sont par ailleurs fréquemment perçues comme étant en hausse.
Pour faire face à ces enjeux, les Ccas ont majoritairement augmenté leur budget dédié aux aides facultatives ces trois dernières années. Près de 60% des Ccas ont aussi modifié leurs critères d'attribution de ces aides, principalement pour en élargir l'accès.
Au-delà de l'attribution d'aides financières, les capacités des Ccas sont limitées, pour 40% des répondants qui "estiment ne pas pouvoir fournir davantage qu'un accompagnement a minima". Lucides sur ces limites, les Ccas semblent donc privilégier leur rôle de pivot de l'action sociale de proximité, à travers l'analyse des besoins sociaux et la coopération avec leurs partenaires sur le territoire. "Mis face à l'évolution quantitative et qualitative des demandes et contraints par des marges de manœuvre (notamment financières) limitées, les Ccas abordent le mandat qui s'ouvre dans un souci d'optimisation des moyens à leur disposition", conclut l'Unccas.

Caroline Megglé

ACCUEIL Des aidants, "éco appart", lutte contre l'isolement des personnes âgées… les initiatives des Ccas-Cias récompensées

Le congrès de l'Unccas est aussi traditionnellement l'occasion pour la fédération de distinguer plusieurs de ses membres sur le thème de l'innovation sociale et d'illustrer ainsi la diversité des actions mises en œuvre. Remis le 15 octobre à Nice où se tenait cette année le congrès, le premier prix a été attribué au Cias à l'Ouest de Rennes pour la Longère, un lieu de ressource dédié à la fois aux aidants de personnes en difficulté et aux personnes isolées. Ouvert à l'issue d'une étude menée sur cinq ans, la Longère propose d'offrir "un répit actif, avec de la prévention santé, des ateliers de créativité", mais aussi "un lieu culturel où différents publics se mélangent pour créer du lien social", explique Jacques Thomas, directeur général des services du Cias, sur une vidéo de présentation. Signe particulier, l'initiative mobilise des professionnels de l'action sociale et médicosociale, mais aussi une soixantaine de bénévoles regroupés en association. Pour partager son expérience, le Cias est engagé depuis janvier 2014 dans la démarche Monalisa (mobilisation nationale contre l'isolement des personnes âgées).
Le deuxième prix a été décerné au Ccas de Poitiers, qui mène depuis deux ans une campagne de prévention des troubles musculo-squelettiques au sein du service petite enfance. Une campagne intégrant "audit du service, formation des agents, aménagements ergonomiques, réalisation de supports de communication et d'un guide de bonnes pratiques".
C'est le Ccas de Lunéville qui a remporté le troisième prix, pour son "éco appart", un appartement pédagogique accueillant tout type de publics pour aborder différentes problématiques liées au logement, telles que les difficultés budgétaires notamment liées au coût de l'énergie, la sécurité des enfants et des personnes en perte d'autonomie ou encore l'isolement social.
L'isolement est d'ailleurs le thème de l'action développée par le Ccas de Neuf-Berquin, prix spécial "Communes de moins de 5.000 habitants" de cette année. Dans cette commune de 1.235 habitants du Nord, le projet du Ccas prévoit sept actions diverses (visites à domicile, prestation de transport domicile-commerces, rencontres intergénérationnelles…) pour rompre l'isolement des personnes âgées. Doté d'un petit budget (13.000 euros), ce projet fonctionne grâce à l'investissement d'une volontaire en service civique et d'un membre du conseil d'administration du Ccas. 
C. Megglé  

 

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