Social - Joëlle Martinaux, nouvelle présidente de l'Unccas
Après 18 ans de présidence lilloise avec Patrick Kanner, l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) a pris des couleurs plus méridionales depuis l'élection à sa tête, ce 25 septembre, de Joëlle Martinaux, adjointe au maire de Nice. Un changement de couleur politique, aussi, puisque l'Uncass passe ainsi d'un président PS - qui a désormais rejoint le gouvernement en tant que ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports – à une présidente UMP. Joëlle Martinaux tient toutefois à se placer pleinement dans la continuité de son prédécesseur, a-t-elle d'emblée souligné en rencontrant la presse. Elle rappelle aussi que la liste qu'elle menait en vue de cette élection – seule liste à s'être maintenue jusqu'au vote final – entendait refléter toutes les sensibilités présentes au sein de l'Unccas qui, souligne-t-elle, est "le seul organisme réunissant à l'échelle nationale les élus locaux de l'action sociale".
Le processus de renouvellement des instances de l'Unccas avait débuté après les municipales de mars dernier avec, de fait, le renouvellement des conseils d’administration des CCAS. Un "comité des 100" (100 grands électeurs nationaux) a ensuite été constitué en août, sur appel à candidatures des adhérents répartis en sept collèges selon la taille de leur collectivité. C'est ce comité qui a élu ce 25 septembre en son sein les membres du conseil d'administration et du bureau. Et ce à l'image, donc, des nuances politiques des villes représentées, avec une majorité de 60% pour la droite et le centre.
Joëlle Martinaux, vice-présidente du CCAS de Nice, conseillère régionale, présidente de l'Union départementale des CCAS des Alpes-Maritimes, souhaite que l'Unccas continue à être "force d'analyse, d'observation, de proposition, d'alerte". Mais aussi, très concrètement, à intervenir "en assistance à l'ensemble des CCAS de France". "Avec ses 25 conseillers, l'Unccas peut vraiment apporter une assistance technique, surtout aux petits CCAS de la ruralité qui ont peu de moyens, qu'il s'agisse par exemple de les aider à se restructurer ou de monter un projet de création d'établissement", explique-t-elle. Une assistance qui peut aussi prendre la forme d'actions de formation (sachant que "le CNFPT ne peut pas répondre à tous les besoins") ou encore d'une aide pour "aller chercher les financements", que ce soit auprès de divers organismes partenaires… ou de l'Europe. "Etant donnée la diversité des champs d'action des CCAS, de l'enfance au grand âge en passant par la précarité ou le handicap, il y a presque toujours des financements européens possibles", assure-t-elle, en comptant travailler davantage sur cet axe.
Les "bras armés de l'action sociale locale"
S'agissant des grands enjeux du moment pour les CCAS, les CIAS et leur union nationale, la nouvelle présidente met volontiers l'accent sur "l'aggravation de la précarité", face à laquelle "les CCAS sont les premiers sollicités", et tient dans ce contexte à insister sur le lien devant sans cesse être fait entre social et santé. Il faut dire que Joëlle Martinaux est médecin urgentiste… (en exercice au sein de SOS Médecin à Nice et au Samu 06). Elle évoque de même le grand sujet de la dépendance, sachant que l'Unccas suivra de près le parcours du projet de loi Vieillissement… et notamment de ses amendements sur les logements foyers.
Sur un plan plus institutionnel, la nouvelle présidente de l'Unccas mentionne évidemment la réforme territoriale, en vue de laquelle il sera essentiel de "défendre l'existence des CCAS" tout en restant ouverts à "de nouvelles organisations et mutualisations". "Les CCAS sont les meilleurs acteurs de proximité, doivent être reconnus comme les bras armés de l'action sociale locale", insiste-t-elle.
Il faut "que la voix des élus locaux aux affaires sociales soit entendue" et que soit "réaffirmée l’importance des partenariats entre CCAS et conseils généraux, l’intérêt du développement de l’intercommunalité sociale et des CIAS", souligne-t-on à l'Unccas. Pour Joëlle Martinaux en revanche, l'hypothèse d'une disparition du conseil général qui impliquerait que le bloc local prenne par exemple en charge la gestion de l'APA ou du RSA est encore loin d'être à l'ordre du jour… Et dans le même temps, elle imagine mal les maires être prêts à "lâcher complètement le social" et donc les CCAS qu'ils président pour confier l'ensemble à la métropole ou l'agglomération.
A l'heure où l'on sent bien que la réforme territoriale achoppe notamment sur le devenir des compétences sociales – il en a par exemple encore été question le 25 septembre lors de la Conférence des villes (voir article ci-contre) -, on saura qu'une mission de réflexion a été confiée par la ministre Marisol Touraine à Daniel Delaveau, l'actuel président de l'AdCF, autour de ces problématiques du social et de l'intercommunalité, et que l'Unccas a été invitée à s'y associer.
On saura aussi en passant que l'Unccas a vraiment très peu apprécié la toute récente étude de la Drees sur l’action sociale facultative des communes et intercommunalités (Localtis y consacrait un long article le 18 septembre…), parlant d'une étude "largement contestable dans sa propension à tirer des conclusions générales à partir de cas particuliers, ce qui confère à ces mêmes conclusions un caractère partiel et arbitraire".
Tous ces sujets seront bientôt évoqués lors du prochain congrès de l'Uncass, qui rassemblera les 15 et 16 octobre plus d'un millier de participants, dont de nombreux nouveaux élus en charge de l'action sociale. Un congrès qui aura lieu… à Nice ! Mais c'est un pur hasard.
Le nouveau délégué général de l'Unccas est Benoît Calmels, qui était jusqu'ici délégué général adjoint. Son prédécesseur, Daniel Zielinski, a suivi Patrick Kanner dans ses fonctions ministérielles, devenant son directeur de cabinet.