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Europacity : les desseins architecturaux peuvent-ils changer l'image du projet ?

Alliages et Territoires, la société qui porte le projet de mégacomplexe commercial Europacity au triangle de Gonesse, a présenté les travaux des huit cabinets d'architectes retenus dans le cadre du grand appel à projets lancé en septembre 2017. L'occasion de montrer une autre facette du projet, plus ouvert sur l'extérieur et plus urbain, sans toutefois donner d'informations sur le contenu des espaces. Les opposants au projet restent très remontés.

Malgré les critiques, les incertitudes, et la mobilisation des citoyens, le projet Europacity poursuit son chemin. Alliages et Territoires, la société qui porte ce projet de méga centre commercial au triangle de Gonesse, a présenté le 9 février le résultat du concours d'architectes qu'elle avait lancé en septembre 2017. Sur trente agences d'architectes françaises et étrangères invitées à l'appel à projets, huit ont été retenues par un jury composé de représentants de la ville de Gonesse, de Grand Paris Aménagement - l'aménageur de la zone d'aménagement concerté (ZAC) du triangle de Gonesse -, de représentants d'Auchan, dont la filiale Immochan porte le projet, et de Wanda, le géant immobilier chinois, également porteur de projet. Le concours fait suite au grand débat public organisé par la Commission nationale du débat public en 2016 à l'issue duquel Europacity avait annoncé une évolution majeure du projet pour tenir compte des attentes des citoyens.

Un projet plus ouvert sur l'extérieur

Le projet devrait se développer sur 750.000 m2, avec des commerces (230.000 m2), des loisirs (150.000), des espaces culturels (50.000 m2), de l'hôtellerie (2.000 chambres), un parc de 10 hectares et une ferme urbaine, pour un coût total de 3,1 milliards d'euros.
Les idées des architectes doivent permettre de proposer un projet plus ouvert sur l'extérieur, plus urbain, conçu comme un véritable quartier avec ses rues, places, et une diversité d'architectures. Ainsi, le projet de cirque contemporain, proposé par Clément Blanchet Architecture, se dit tourné vers l'espace public, la salle de concert présentée par Hérault Arnod Architectes, est "conçue comme un paysage traversé par les différents flux d'Europacity"... Sa façade vitrée s'ouvre sur une vaste terrasse abritée prête à se transformer en scène extérieure pour des concerts en plein air. Quant à l'hôtel de luxe inventé par l'Atelier COS, il "tend une passerelle avec le passé agricole du site par l'intermédiaire de la floriculture". Le concours a aussi permis de présenter le projet de Bjarke Ingels pour la grande halle d'exposition, à l'entrée du site.

"On en est toujours au même point"

Mais pour le moment, seule la forme des bâtiments a été présentée. Aucune information n'a en effet été donnée sur le contenu. "C'est assez caricatural car depuis le lancement du projet on ne parle que de l'architecture", signale à Localtis Bernard Loup, président du Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG). "En 2012, il y avait eu une grosse campagne de communication avec une exposition à la Maison de l'architecture ; aujourd'hui on en est toujours au même point !", poursuit-il.
Le collectif avait présenté un projet alternatif, Carma, en association avec Terre de Liens, qui permettait de maintenir l'ensemble de l'espace agricole et de se spécialiser dans la production bio, avec le réseau des Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et les magasins Biocoop. Formalisé à l'automne 2016, il a été proposé mais n'a pas été retenu. "J'espère un jour qu'Europacity sera abandonné et que le débat sur l'urbanisation du triangle de Gonesse va revenir", insiste Bernard Loup. Son collectif prépare un rassemblement sur le triangle le 27 mai, comme l'an dernier. "Cela deviendra un rassemblement régulier, indique-t-il, l'année dernière on a eu plus de mille participants ; cette année, on espère progresser."

"Europacity fait partie des grands projets inutiles"

Le destin de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes leur donne des ailes. Le collectif a d'ailleurs participé à un rassemblement là-bas le 10 février. "Europacity fait partie des grands projets inutiles imposés, qui existent dans différents territoires de la France", affirme Bernard Loup.
Mais au-delà de l'opposition citoyenne, le projet doit faire face à de nombreuses incertitudes. Les opposants ont déposé un recours contre l'arrêté de création de la ZAC sur lequel le tribunal administratif de Cergy doit rendre une décision le 20 février. Une nouvelle enquête publique portant sur la déclaration d'utilité publique du projet d'aménagement de la ZAC est ouverte depuis le 8 janvier, jusqu'au 21 février. Un avis défavorable avait déjà été donné par le commissaire-enquêteur le 30 juillet 2017. Enfin le calendrier de construction de la ligne 17 du Grand Paris Express doit être révisé. Or, sans cette ligne, le projet ne peut voir le jour.

 

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