Services médicosociaux - Aide à domicile : pendant la crise, les liquidations continuent
Le 1er février, l'administrateur judiciaire de la Fédération d'aide à domicile du Finistère - ADMR 29 - a déposé auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Brest une demande de mise en liquidation judiciaire de l'organisme. Le TGI a annoncé qu'il examinerait cette requête le 2 avril prochain. L'ADMR 29 était en redressement judiciaire depuis le 29 juillet dernier. La décision de l'administrateur de précipiter les choses se fonde sur une impasse financière de 600.000 euros et un déficit cumulé de 3 millions d'euros. Si cette décision ne rencontre guère d'écho au niveau national, son impact potentiel en termes d'emploi est pourtant beaucoup plus important que celui de certaines PME industrielles dont les difficultés font aujourd'hui la une de l'actualité.
Structurel et conjoncturel
L'enjeu est en effet considérable, puisque l'ADMR 29, qui emploie elle-même directement environ 120 salariés, fédère et assure les services communs - comme la paye - de 91 associations d'aide à domicile intervenant sur le département. Celles-ci emploient 3.500 salariés et interviennent auprès de 28.000 personnes âgées ou handicapées, souvent très dépendantes. Certes, la liquidation de la fédération n'entraînerait pas la disparition de facto des associations membres de cette dernière. Mais certaines d'entre elles, créancières de la fédération, pourraient se retrouver dans de sérieuses difficultés.
Même si l'association est loin de constituer un cas général, la situation de l'ADMR 29 est représentative des déboires actuels de l'aide à domicile. Elle mêle en effet des difficultés structurelles tenant à des tarifs parfois insuffisants pour couvrir le coût réel des prestations assurées, mais aussi des difficultés plus conjoncturelles tenant à des carences d'organisation ou de gestion, ainsi qu'à des problèmes de gouvernance. Les difficultés de l'ADMR 29 sont en effet loin de constituer un cas isolé. Elles sont, au contraire, le dernier maillon en date d'une longue série.
Le principal réseau français en redressement judiciaire
L'événement le plus spectaculaire est survenu le 15 décembre dernier, avec la mise en redressement judiciaire de l'UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles, ex-Unassad), premier réseau français d'aide à domicile (145.000 salariés, 800.000 personnes aidées). Certes, le redressement de l'UNA ne concerne que la fédération tête de réseau et non pas les 1.200 associations adhérentes. Mais le symbole est particulièrement fort. Depuis 2009, plusieurs disparitions se sont ainsi succédé : l'Assad 77 en Seine-et-Marne (490 salariés et 3.000 personnes âgées aidées), l'Adar à Lille (400 salariés et 2.000 personnes âgées aidées), le Codapa à Chartres (250 salariés et 950 personnes âgées aidées)...
Face à ces difficultés, la principale mesure prise par l'Etat porte sur la mise en place d'un fonds d'urgence de 50 millions, dont les modalités ont été récemment précisées (voir nos articles ci-contre). En revanche, les réformes de fond - dont celles préconisées par le rapport de Bérengère Poletti sur la tarification ou celles évoquées par l'Assemblée des départements de France - devront laisser passer les échéances électorales avant une éventuelle concrétisation.