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Transports - 2010, année capitale pour les TER

Une "année décisive" : c'est ainsi que l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) voit 2009. En termes de fréquentation d'abord : après une progression en 2008, un repli de la mobilité se devine, du fait en partie de la crise économique. L'impact en cette fin d'année des mouvements sociaux et des conditions météorologiques sur nombre de lignes de bus, tramways ou trains n'ont guère arrangé les choses. "Les recettes tendent à diminuer, si bien que les autorités organisatrices peuvent être tentées de limiter l'offre proposée aux voyageurs", précise-on à l'UTP. Or ce n'est pas le moment de lâcher prise, car partout où les collectivités ont investi dans les transports en commun, le retour paraît bénéfique pour la fréquentation. Ainsi, preuve que l'innovation reste un trait de caractère des collectivités, on notera leur intérêt accru pour de nouvelles formules comme le tram-train, le premier du genre étant prévu à Mulhouse à la fin 2010. Mais pour lancer d'autres chantiers d'ampleur, un coup de pouce était réclamé de longue date par les collectivités. Signal positif : en avril dernier, 36 agglomérations ont pu bénéficier d'une aide de 800 millions d'euros apportée par l'Etat dans le cadre d'un premier appel à projets sur les transports collectifs en site propre (TCSP). Ces chantiers sont à surveiller de près, à savoir que tous démarreront avant 2011. D'ici là, un second appel à projets, a priori du même niveau que le premier, sera lancé au printemps prochain.

Reste que de tous bords, tant lors des dernières Rencontres du transport public à Nice que lors des rencontres parlementaires sur les transports qui ont eu lieu ce mois-ci, le manque de financements et d‘engagement de l'Etat est pointé du doigt et pose toujours problème. Ce n'est pourtant pas faute de nouveaux plans de soutien car, en la matière, l'année fut fertile. Exemple : un plan doté de sept milliards d'euros consacrés d'ici à 2020 au développement du fret ferroviaire a été annoncé en septembre. Il vise notamment à créer un "véritable réseau d'autoroutes ferroviaires cadencées en France" et à développer le fret à grande vitesse entre les aéroports. Autre enjeu d'avenir : la promotion par les villes des véhicules électriques. En octobre, un plan lancé par le gouvernement associe ainsi les collectivités à un objectif industriel ambitieux : équiper le pays de 2 millions de voitures électriques et hybrides à l'horizon 2020.

 

Mutation du transport ferroviaire

Après l'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire en 2006, ce sera au tour du transport international de voyageurs de se libéraliser en 2010, avant celui du TER. "Cette ouverture a déjà fait ses preuves, voyons-y un dynamiseur, un nouveau souffle notamment pour nos TER !", motivait récemment Yannick Paternotte, député du Val-d'Oise et auteur en juillet dernier d'un rapport sur la relance du fret ferroviaire. Transférés depuis sept ans aux régions, le TER a nettement accru son attractivité mais le poids de sa modernisation sur les finances publiques n'a pas échappé à la Cour des comptes, qui a remis en novembre dernier un rapport listant par ailleurs des pistes d'amélioration. En 2010, on sera donc attentif aux conclusions du "comité des parties prenante" créé dans l'année pour réfléchir aux modalités de cette ouverture à la concurrence des TER. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, s'est dit favorable à son expérimentation mais "conscient des problèmes complexes que pose une telle évolution".

Quant à l'ouverture à la concurrence du transport international de voyageurs, elle est effective et a donné lieu cette année à l'adoption mouvementée d'une loi sur la régulation ferroviaire. Celle-ci est venue créer une nouvelle autorité ferroviaire, un "gendarme du rail", et devrait faciliter l'émergence des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) qui intéressent de près les collectivités pouvant en être parties prenantes. L'équilibre économique des trains Corail suscite également l'attention : d'ici juin 2010, une nouvelle convention entre l'Etat et la SNCF sera signée en vue de combler le déficit d'exploitation de certaines lignes. Enfin, la gestion des gares reste un sujet d'actualité brûlant. Epinglée le mois dernier par l'Autorité de la concurrence, cette gestion a été confiée à la SNCF à une nouvelle entité créée en avril dernier, et ce à la suite de la remise par la sénatrice Fabienne Keller d'un rapport au Premier ministre. Ce rapport ayant fait grand bruit pointe un retard de vingt à trente ans à rattraper et suggère, en vue d'accélérer le développement de grandes gares intermodales, un programme de 5 milliards d'euros d'investissements à l'horizon 2020.

 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions

 

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