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Transports - Transports collectifs en site propre : l'Etat donne un coup d'accélérateur à 50 projets

50 projets de transports collectifs en site propre vont bénéficier d'un appui financier de l'Etat (800 millions d'euros au total), dans la plupart des cas en lien avec la dynamique Espoir banlieues et donc le désenclavement de certains quartiers.

Le dossier aura suscité une émulation palpable et a finalement été vite bouclé : ce jeudi 30 avril, la liste des 50 projets de transports collectifs en site propre (TCSP) qui bénéficieront, dans 36 collectivités hors Ile-de-France, d'une aide de l'Etat, a été officiellement dévoilée et détaillée. Six mois après le lancement de l'appel à projets, auquel les collectivités ont massivement répondu, et un mois après qu'une réunion décisive ait entre autres réuni les membres du gouvernement concernés, l'Ademe et d'importantes associations d'élus (AMF, AMGVF), la cohérence entre les trois grands objectifs de l'opération apparaît plus clairement : report multimodal et qualité des projets dans la foulée du Grenelle, relance économique, désenclavement des quartiers sensibles ("Dynamique Espoir banlieues"). En effet, sur les 800 millions d'euros d'aides apportés par l'Etat aux collectivités prêtes à lancer au plus tôt des chantiers de création ou d'extension de lignes de métro, de tramway, de bus à haut niveau de service (BHNS), voire de trolleybus (Grand Lyon) ou de funiculaire (Grasse), plus de la moitié l'est au bénéfice d'une meilleure desserte des quartiers dits sensibles. Et ce, en articulation avec les objectifs de renouvellement urbain fixés par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) dont Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargé de la politique de la ville, a tenu à souligner l'efficacité. Ainsi, nombre de nouvelles lignes à venir vont relier deux quartiers prioritaires (par tramway à Nice), ou bien prolonger une ligne prenant source dans un quartier en vue de le relier au centre-ville et aux gares TGV (par exemple à Reims). Il est en outre prévu que des clauses d'insertion soient inscrites dans les conventions qui doivent être signées d'ici cet été entre les agglomérations et l'Etat. D'ores et déjà, des communautés urbaines ou d'agglomération telles que Brest (53 millions d'euros d'aide l'Etat, dont 19,11 au titre de Espoir banlieues) et Dijon (47 millions d'euros, dont 16,53 au titre de Espoir banlieues) ont fait savoir qu'elles inclueraient dans leur marché une clause sociale d'au moins 10%.

"Coup de fouet"

"Derrière l'aspect technique de cet appel à projets se joue le retour de l'Etat dans la politique des transports en agglomération, a souligné Jean-Louis Borloo. Il garantit ainsi que soient desservis l'ensemble des quartiers, de manière réactive puisque les projets de chantiers qui ont été retenus sont les plus matures et sont prêts à démarrer avant le 1er janvier 2011. Un tiers d'entre eux devrait démarrer avant la fin de l'année. Les 6 milliards de travaux qui vont être engagés dans les trois ans permettront un doublement de la capacité de transports de voyageurs dans les agglomérations, avec près de 400 km de lignes TCSP supplémentaires." Un par un, la dizaine d'élus présents jeudi au ministère de l'Ecologie ont tenu à remercier le ministre d'Etat pour cet appui décisif. "Sans cette impulsion de l'Etat, lancer un chantier de 9 km de ligne de tramway supplémentaire n'aurait pas été possible. Les villes françaises ont pris du retard sur les grandes métropoles européennes. Il faut dire que les élus manquent parfois de courage pour engager des chantiers impopulaires", a pointé Christian Estrosi, député-maire de Nice.
Roland Ries, président du Groupement des autorités responsables de transports publics (Gart), lui aussi s'est déclaré satisfait par ce "coup de fouet" apporté par l'Etat, l'enveloppe initiale ayant été quelque peu élargie. Selon lui, certains adhérents du Gart vont toutefois être déçus, car ils tablaient sur un niveau de subvention légèrement plus élevé (25% du montant des travaux, contre 20% actuellement). Autre point noir : onze projets qui, selon Jean-Louis Borloo, n'étaient pas encore tout à fait opérationnels, ont été écartés du lot. Mais temporairement car la fixation du montant de l'aide de l'Etat à ces projets fera l'objet d'une second appel à projets lancé début 2010. "On attend de l'Etat qu'il délivre d'ici là plus de précisions, par exemple sur le montant de l'enveloppe globale qui pourra être alloué", a ajouté Roland Ries.
Parmi les 50 projets retenus, nombre d'entre eux portent sur la création ou l'extension de lignes de tramway : Marseille, Grand Lyon, Grenoble, Angers, Brest, Le Mans, Le Havre. Au Havre, il s'agit de contribuer au désenclavement de trois quartiers prioritaires. "A Angers, le projet de TCSP comprend la desserte par tramway d'un quartier prioritaire, mais permet aussi d'appuyer des quartiers en fort développement, de renforcer la multimodalité et d'accompagner nos efforts en matière d'apprentissage de la mobilité", a témoigné Bernadette Caillard-Humeau, déléguée à la voirie et aux déplacements de la ville d'Angers, qui bénéficie d'une subvention de 30,5 millions d'euros, dont 7,3 au titre de Espoir banlieue. A Mulhouse, l'aide de 12,4 millions d'euros (dont 4,72 pour Espoir banlieues) va permettre de boucler la boucle en achevant une ligne est-ouest de tramway. "Et Tours va entrer dans le club des villes dotées d'un tramway grâce aux 40,2 millions d'euros apportés par l'Etat à son projet de ligne de 15 kilomètres", a ajouté Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports.
Le plafond record d'aide est atteint par la communauté d'agglomération de Montpellier (tramway) : 82,6 milllions d'euros, dont 30,55 au titre de la dynamique Espoir banlieues. La plus modeste commune à obtenir une aide est Annemasse, en Haute-Savoie (2,3 millions d'euros). Les DOM ne sont pas oubliés, avec deux projets de BHNS décrochant une aide à Saint-Paul et Saint-Pierre-de-la-Réunion.

Morgan Boëdec / Victoires éditions