Archives

Industrie - Siège de la filière aéronautique : entre Bordeaux et Toulouse, Christian Estrosi choisit Paris

Finalement, le comité stratégique de la filière aéronautique sera installé à Paris. La décision a été annoncée par Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, lors d'un déplacement en Gironde le 17 septembre 2010. Ce comité est le premier des dix prévus dans le cadre des états généraux de l'industrie (1). Les autres doivent être mis en place d'ici à la fin de l'année. Leur objectif : structurer l'industrie française en filières plus compétitives, en favorisant les synergies entre les grandes entreprises et les PME d'un même secteur, en définissant des stratégies communes et en portant de grands projets structurants. Le premier comité à être installé est celui de l'aéronautique. La ville de Bordeaux avait été dans un premier temps évoquée pour l'accueillir. Une annonce à laquelle Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées, avait fortement réagi, dénonçant une "décision inadmissible" qui "relève d'un mauvais coup dirigé contre Toulouse". "Ce n'est pas une réaction d'animosité d'une région à une autre car nous travaillons ensemble, explique Martin Malvy à Localtis. Mais le siège du pôle de compétitivité Aerospace Valley se trouve à Toulouse, qui représente 60% de l'activité aéronautique du Sud-Ouest. D'où notre coup de gueule, qui n'a pas été inutile." Christian Estrosi a en effet souhaité calmer le jeu, en précisant lors de sa visite à EADS Composites-Aquitaine que le comité stratégique serait implanté à Paris. Mais au-delà de la polémique, c'est l'absence de concertation avec les régions que le président du conseil régional de Midi-Pyrénées souligne. "Je regrette l'absence de concertation qui débouche sur une implantation à Paris et qui ne permet pas à la France d'identifier son industrie aéronautique à une ville", détaille ainsi Martin Malvy, en s'appuyant sur l'exemple allemand qui avec Hambourg dispose d'une ville emblématique pour la filière aéronautique. "Il y a une capitale de l'aéronautique en France, c'est Toulouse, j'aimerais qu'on l'identifie", insiste l'ancien ministre. Autre source d'inquiétude : la composition et les objectifs de ce comité. Pour le moment, seules la présidence du comité, qui sera assurée par Christian Estrosi lui-même et Dominique Bussereau, et sa vice-présidence, confiée à Jean-Paul Herteman, président de Safran et du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, sont connues. Tout comme son budget d'un montant de 69 millions d'euros. Mais la composition détaillée de ses membres, soit une trentaine de personnes, sera annoncée ultérieurement. "Si on est à l'intérieur, ça va, sinon, ça ne va pas aller", prévient Martin Malvy, qui rejette l'idée que les régions soient considérées comme des guichets. "En quelques années, la région a consacré plus de 100 millions d'euros à l'aéronautique. Il est logique que nous soyons associés à cette politique industrielle et considérés comme des partenaires." Quoiqu'il en soit, les acteurs du comité devront aller vite. Ils doivent présenter une feuille de route dans les prochaines semaines.

 

Emilie Zapalski

 

(1) Automobile, ferroviaire, naval, technologies et services de l'information, chimie et matériaux, industries de santé, luxe et création, industries des biens de consommation et équipement de la maison, agroalimentaire et agro-industries, éco-industries.