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Crise - Comment aider les régions industrielles à rebondir ?

Plusieurs régions de France auront du mal à se remettre de la crise économique et financière qui a traversé le pays en 2008 et 2009. Les études sur le sujet sont toutes concordantes. La dernière en date, qui vient d'être publiée par l'Insee, corrobore les conclusions du rapport provisoire, réalisé par Laurent Davezies, professeur à l'université Paris-XII, pour l'Institut Caisse des Dépôts pour la recherche et l'ADCF (Assemblée des communautés de France) sur la "crise et nos territoires". "Les régions industrielles ont été parmi les plus touchées par la crise, indique ainsi l'étude de l'Insee, entre le premier trimestre 2008 et le quatrième trimestre 2009, 600.000 emplois du secteur ont été perdus en France, dont 240.000 emplois dans l'industrie." Au total, les régions Franche-Comté, Champagne-Ardenne, Picardie, Auvergne, Alsace, Haute-Normandie, Lorraine, Pays-de-la-Loire, Bourgogne, Basse-Normandie et Centre ont perdu 340.000 emplois industriels depuis 2002, dont un tiers pendant la période 2008-2009. Dans ces régions, en 2008 et 2009, la baisse de l'emploi industriel et celle des emplois intérimaires ont représenté 80% des emplois perdus… D'autres régions arrivent à tirer leur épingle du jeu, c'est notamment le cas de régions comme l'Ile-de-France ou l'Aquitaine où l'activité tertiaire est importante. "La spécialisation dans le tertiaire protège, affirme ainsi l'Insee. Entre début 2008 et fin 2009, l'emploi a relativement peu baissé (entre 2% et 3%) dans les régions où la part des emplois salariés dans les services marchands est la plus élevée." D'autres facteurs peuvent expliquer cette résistance. "Face à un choc économique, ce sont les territoires les plus dotés d'amortisseurs (retraites, emploi public, tourisme non marchand,...) qui s'en sortent le mieux, explique Laurent Davezies, "à l'inverse, les territoires industriels qui subissent le plus fort choc sont aussi ceux qui n'ont pas ou peu d'amortisseurs et la restructuration de la Défense en a rajouté une couche dans certains d'entre eux…" Quel devenir alors pour ces territoires industriels français qui peinent à retrouver leur croissance économique d'antan ? D'après le chercheur, plusieurs pistes, combinées, peuvent être explorées. La première : tenter par tous les moyens, avec tous les acteurs concernés, Etat, collectivités, entreprises, d'amener du travail dans ces territoires, mais "cela marche rarement".

 

Valoriser le "Made in France"

Autre solution : aider les gens à aller vers le travail. Mais "il y a une forte immobilité résidentielle, car les difficultés sont nombreuses à surmonter", explique Laurent Davezies. Le déménagement, le fait de couper les liens sociaux, la vente d'une maison dont le prix a peut-être été dévalorisé, la difficulté de trouver un logement à prix modéré, autant de problèmes que les habitants d'un territoire touché par la crise ont du mal à surmonter… sauf si on les aide. "Il faut des aides lourdes au déménagement si on veut être efficace, assure Laurent Davezies, à l'image de ce qui s'est fait en Grande-Bretagne." D'autres pistes encore sont à explorer comme transformer les conséquences de la crise en facteurs d'attractivité. "Le prix du logement qui s'effondre peut ainsi créer une attractivité", insiste l'économiste, citant l'exemple de la ville américaine de Baltimore, qui après une grande crise immobilière, a su attirer artistes et professions libérales grâce à des prix particulièrement attractifs dans le domaine de l'immobilier. Autre piste, enfin : utiliser le potentiel du "Made in France". "On devrait plus encore valoriser la valeur symbolique que l'on retrouve dans de nombreux produits français comme dans les parfums, les vêtements, l'alimentation." Un chantier en cours de développement, après la publication du rapport d'Yves Jégo sur le sujet et la création d'une mission au sein du ministère de l'Industrie dédiée à cette question. Reste à savoir comment transformer ces territoires traditionnellement industriels en territoires modernes, porteurs de ce "Made in France". "Il y a des exemples de rebond exceptionnel, comme dans l'Ain, où la spécialité traditonnelle de plasturgie et matériaux synthétiques a été la base pour le développement d'une entreprise de prêt à porter comme CotéLac qui a aujourd'hui des magasins dans le monde entier, ou dans le Maine-et-Loire, à Cholet, qui abrite l'un des leaders mondiaux de la fabrication de vêtements d'enfants, il faut comprendre comment on peut arriver à ces transformations."

 

Emilie Zapalski

 

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