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Industrie - Réorientation de l'épagne, label "Produit en France"... le gouvernement lance la "société pro-industrielle"

Les Etats généraux de l'industrie (EGI) qui ont pris fin le 4 mars 2010 entrent maintenant dans la phase concrète. Sur les 23 mesures adoptées alors, "près de la moitié sont d'ores et déjà engagées", a indiqué le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, mardi 18 mai, devant des parlementaires et des industriels. "Elles le seront toutes d'ici l'été et leur mise en place devra être achevée d'ici le mois de décembre prochain." Après des années de déclin, le gouvernement veut renouer avec la politique industrielle de la France. Il se fixe des objectifs ambitieux : une augmentation de l'activité industrielle de plus de 25% d'ici fin 2015, la pérennisation de l'emploi industriel en France sur le long terme, le retour d'une balance commerciale industrielle durablement positive d'ici 2015 et un gain de plus de 2% de la part française dans la production industrielle européenne. Le chemin pourrait être long car la France s'est laissée distancer par ses principaux voisins. "La part de l'Allemagne dans les exportations européennes est de plus de 30% et n'a pas fléchi depuis 2000. Celle de la France est de moins de 12% et elle a chuté de 25% sur la même période, a précisé Christian Estrosi, tançant les "prophètes de l'ère post-industrielle". "En dix ans, nous avons perdu plus de 500.000 emplois industriels et les parts de marché de notre industrie se sont considérablement réduites", a-t-il ajouté. D'après une étude de Bercy, depuis le début des années 1980, ce sont deux millions d'emploi qui ont été supprimés ! "Croire que l'économie d'un pays peut se passer d'une dimension industrielle forte, c'est oublier que l'industrie représente 70% des exportations et assure ainsi une partie de notre richesse", a souligné le ministre, avant de prôner l'avènement d'une "société pro-indutrielle".
Au-delà des actions déjà engagées, telles que les mesures de soutien au crédit, qui ont permis de soutenir près de 12.000 entreprises pour un total de 2,5 milliards d'euros de prêts, et du crédit d'impôt-recherche, Christian Estrosi a présenté quelques-unes des actions qui seront lancées prochainement . Ainsi, le 3 mai dernier, le comité interministériel sur les investissements d'avenir a permis de valider les dix premières conventions entre l'Etat et les opérateurs (ANR, Oseo ou l'Ademe...) chargés de l'octroi d'une partie des 35 milliards du grand emprunt. Trois de ces conventions concerne directement la mise en oeuvre des EGI : 500 millions d'euros pour les prêts verts bonifiés, 200 millions d'euros pour les actions de soutien à la réindustrialisation dotées et la mise en place d'un fonds d'amorçage pour les start-up innovantes développées dans le cadre d'universités ou de grandes écoles.

 

Réorienter l'épargne des Français au profit de l'industrie

Autre piste de travail : une meilleure orientation de l'épargne, qui bénéficie d'un groupe de travail réunissant banquiers et assureurs. "1.300 milliards d'euros sont épargnés sur l'assurance-vie, il suffirait de bouger une petite partie de cette épargne pour la déplacer sur l'industrie", a souligné Christian Estrosi, mentionnant la possibilité de créer un livret d'épargne industrie. Des propositions qui seront présentées au président de la République avant le mois de juillet.
Par ailleurs, d'ici le mois de septembre, la député d'Eure-et-Loir, Laure de la Raudière, devra faire des propositions pour une simplification de l'environnement législatif et réglementaire. Dans ce domaine, le ministre compte aussi engager une procédure unifiée d'information et d'orientation des PMI/PME en région : "Avant la fin de l'année, où que soit située votre entreprise, quelle que soit la question que vous vous posez sur les dispositifs de soutien nationaux ou locaux, quel que soit votre besoin de financement, vous serez systématiquement orienté vers l'interlocuteur qui saura vous donner la réponse appropriée." Quelques régions pilotes vont être sélectionnées pour mettre en place ce dispositif à la rentrée prochaine. Le ministre a également annoncé la mise en place d'une conférence nationale de l'industrie chargée de définir la politique industrielle de la France, et la création d'une mission administrative au sein de son ministère pour travailler sur le "Produit en France", proposition du rapport d'Yves Jégo, "Pour en finir avec la mondialisation anonyme", remis début mai à Nicolas Sarkozy (voir ci-contre notre article du 7 mai 2010). L'idée serait de donner corps à ce label d'ici la fin de l'année.

 

Emilie Zapalski 

 

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