Désindustrialisation - Nicolas Sarkozy veut "ressusciter la marque France"
"Notre pays a délibérément entravé pendant des années son propre développement industriel", a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 4 mars, sur le ton du volontarisme, devant les salariés d'Eurocopter à Marignane. Le chef de l'Etat a égréné les grandes lignes de sa nouvelle politique industrielle destinée à enrayer un déclin qui, selon lui, remonte au début des années 2000. "La France a commencé à se désindustrialiser massivement à partir du début des années 2000, nous avons perdu un demi-million d'emplois dans l'industrie", a-t-il martelé, en conclusion des Etats généraux de l'industrie. Une étude de Bercy (voir ci-contre) montre qu'en réalité, la France a perdu deux millions d'emplois dans l'industrie depuis le début des années 1980, soit 36% de ses effectifs. Nicolas Sarkozy s'en est vivement pris aux 35 heures, aux taux de prélèvement sur les salaires. Il a également regretté le manque d'innovation ou d'investissement des entreprises avant de revenir sur la polémique suscitée par la réforme de la TP : "Les collectivités territoriales, ça ne se délocalise pas", a-t-il justifié.
La part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée marchande est en France de 16%, alors qu'elle est de 23% en Italie et de 30% en Allemagne, a-t-il souligné. Dans ce contexte morose accentué par la crise, Nicolas Sarkozy se fixe pour objectif d'accroître la production industrielle française de plus de 25% d'ici à 2015. Il souhaite dans le même temps augmenter de plus de 2% la part de la France dans la valeur ajoutée industrielle européenne.
L'emprunt national sera mis à contribution. Au-delà des 5,5 milliards d'euros déjà alloués aux entreprises innovantes, aux transports et à l'espace, 500 millions d'euros de prêts bonifiés seront versés aux entreprises qui investissent pour produire propre. 300 millions supplémentaires seront consacrés à la réorganisation de l'industrie en filières, une "instance de réflexion" sera mise sur pied. Un médiateur de la sous-traitance sera créé sur le modèle du médiateur du crédit. Par ailleurs, un fonds d'investissement de 100 millions d'euros (50 financés par la Caisse des Dépôts, 50 par le grand emprunt) servira à valoriser les brevets des PME sur le marché international.
Nicolas Sarkozy a appelé l'Europe à se doter d'une politique industrielle pour rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis. Il a chargé Christine Lagarde de faire des propositions "dans les trois mois" à l'Union européenne sur le principe général de réciprocité dans les marchés publics. Il a appelé à la mise en place d'une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne.
Le président est revenu sur la fameuse "prime à la relocalisation" proposée par Christian Estrosi, expliquant que 200 millions d'euros seront versés sous forme d'avances remboursables aux entreprises qui décident de rapatrier leur production. Un document de l'Elysée précise que la mesure permettra de "favoriser les investissements productifs par des avances remboursables sur trois ans aux entreprises de moins de 5.000 salariés qui investissent au moins 5 millions d'euros et créent 25 emplois". "Il faut réconcilier la France avec son industrie et pourquoi pas ressusciter la marque France", a-t-il déclaré. Dans la foulée des Etats généraux, une "conférence nationale de l'industrie" sera chargée de proposer en septembre des "mesures concrètes d'allègement et de simplification" de la réglementation.
M.T.