Développement des territoires - La Datar fait le point sur les destructions d'emploi en région
28.000 emplois détruits en Ile-de-France en 2009, 12.000 en Lorraine, 9.800 dans le Nord-Pas-de-Calais… La crise économique a des répercussions importantes sur les régions de France, et plus particulièrement sur les plus industrielles. C'est l'un des constats que fait la Datar dans son récent rapport sur l'état et l'évolution des territoires français.
Les zones françaises les plus touchées par la crise économique sont les régions industrialisées du Nord-Est, de la Normandie à la région Pays-de-la-Loire et de Rhône-Alpes mais aussi, dans le Sud-Ouest, la région toulousaine, où se concentrent les activités aéronautiques. C'est ce que révèle un rapport de la Datar qui vient d'être publié, en vue de la prochaine conférence du Conseil de l'Europe des ministres responsables de l'aménagement du territoire (Cemat), qui se tiendra les 8 et 9 juillet 2010 à Moscou sur le développement territorial durable. Au total, en 2009, la crise aura causé des destructions d'emploi massives : 28.000 emplois détruits en Ile-de-France, 12.000 en Lorraine, 9.800 dans le Nord-Pas-de-Calais. La région Rhône-Alpes connaît quant à elle la plus forte progression de disparitions d'entreprises (+44% entre 2008 et 2009). La réorganisation des services de l'Etat, notamment dans le domaine militaire, la délocalisation de certains établissements publics et la suppression des emplois accentuent d'autant plus la crise dans certaines de ces régions. Et c'est en Lorraine que le pourcentage d'emplois supprimés est le plus élevé par rapport à la population active. Les régions comme celles du nord et de l'est de la France, où se concentrent les industries traditionnelles (sidérurgie, métallurgie, textile et automobile), sont ainsi fortement touchées par les faiblesses conjoncturelles ou le déclin économique. "On estime que la Lorraine a perdu 176.000 emplois dans ses industries traditionnelles entre 1962 et 1995", détaille ainsi le rapport. Autre constat de la Datar : quatre régions françaises, l'Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nord-Pas-de-Calais, qui font aussi partie des régions les plus dynamiques en termes de démographie, concentrent la richesse en France. Elles regroupent à elles seules plus de 50% du PIB français. Même disparité concernant l'économie du savoir qui se concentre dans les grandes métropoles. "L'Ile-de-France accueille 26% des étudiants en France, souligne le document de la Datar. Outre Paris, onze villes sont le siège de plusieurs universités", dont Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble et Marseille, mais "seules l'Ile-de-France et Rhône-Alpes figurent parmi les quinze premières régions de l'Union européenne en dépenses de recherche et développement, brevets, ou ressources humaines en sciences et techniques". Cela dit, dans ce domaine, des évolutions ont lieu. "Certaines régions qui ne bénéficient pas d'un effet taille favorable, peuvent créer une dynamique interne et se rendre attractives", détaille le rapport, citant notamment le dynamisme en matière de demande de brevets de la Bretagne et de l'Alsace.
Le cas de la nouvelle campagne
La Datar s'est également penchée sur les zones rurales. Dans ces zones, la croissance de la population s'est davantage accélérée que dans les territoires urbains, le taux de croissance des villes et campagnes étant maintenant sensiblement le même, autour de 0,7%. Mais toutes les zones rurales ne profitent pas de la même façon de cette croissance. Ce sont surtout les cantons périurbains de proximité et les cantons ruraux en voie de périurbanisation, qui concentrent 10% de la population française, qui profitent de forts taux de croissance démographique entre 1999 et 2005, mais aussi la "nouvelle campagne", localisée dans le sud-est, le long de la côte Atlantique et de la frontière franco-espagnole, et en Corse, qui bénéficie d'un solde migratoire nettement positif. Des zones qui connaissent toutefois des difficultés, "liées à l'insuffisante prise en compte des transformations du territoire induite par l'arrivée de nouveaux habitants". Augmentation du foncier, pression sur les espaces naturels, développement des loisirs… La coexistence des deux types d'habitants "ne se fait pas toujours sans heurts", précise le rapport. Ces territoires formant la "nouvelle campagne", qui bénéficient pourtant largement de l'économie résidentielle et touristique, ont du mal à s'en sortir. "Le développement de ces territoires se situent au-dessous des moyennes nationales tant en termes de participation à l'économie nationale que de revenus de qualification ou d'emploi", souligne le rapport. Au-delà de l'état des territoires, la Datar met en avant les résultats des politiques territoriales menées par la France. Parmi les politiques citées : les 71 pôles de compétitivité, dont les projets ont continué à augmenter malgré la crise financière, les contrats de projets Etat-régions (CPER), qui correspondent à 30 milliards d'euros, dont 12,74 milliards pour l'Etat, le programme national de rénovation urbaine mis en œuvre par l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) pour transformer les quartiers classés en zones urbaines sensibles (ZUS), les pôles d'excellence rurale (PER), qui créeraient 11.600 emplois, le Fonds national de revitalisation des territoires (FNRT) et le plan de relance, qui, d'après le ministre chargé de la relance, a permis de sauver ou créer 250 000 emplois en 2009.
Emilie Zapalski