Europe - Crise : l'année 2010 pourrait être pire que 2009 pour les collectivités
"Les conditions sous-jacentes à la crise (les déséquilibres mondiaux et les pratiques financières à haut risque) sont toujours présentes." En ouvrant le 92e Congrès des maires, mardi 17 novembre à Paris, l'économiste Gunther Capelle-Blancard s'est montré assez pessimiste sur l'avenir. Reconnaissant que sans les plans de relance, "la contraction aurait été plus violente", il a surtout souligné que "les niveaux actuels d'endettement publics sont insoutenables à long terme". Une inquiétude qui tranche avec le discours des autorités nationales et internationales mais partagée par les villes et régions d'Europe pour qui le pire est peut-être à venir, comme le montre une enquête du CCRE (Conseil des communes et régions d'Europe) réalisée auprès de 32 associations de collectivités européennes. "Si la Commission européenne, la Banque centrale européenne et d'autres organismes internationaux pensent que 2010 verra une amélioration sensible de la situation économique et financière en Europe, nos villes et régions, dans leur grande majorité, craignent que 2010 soit aussi difficile que 2009, si pas pire", constate Jérémy Smith, le secrétaire général du CCRE.
76% des collectivités locales et régionales estiment que la situation s'est aggravée ces derniers mois, selon cette deuxième enquête du CCRE sur l'impact de la crise sur les collectivités (une première enquête avait été menée en avril dernier). Seules 6% perçoivent une légère amélioration, essentiellement au Portugal, en Suède et en Wallonie. Concernant les perspectives pour 2010, une très faible minorité se disent optimistes.
Depuis la précédente enquête, les conditions d'accès à l'emprunt ont continué à se détériorer. Les collectivités sont prises dans un cercle vicieux : une diminution des recettes fiscales et des transferts gouvernementaux face à une augmentation des dépenses. 65% des collectivités interrogées anticipent des réductions ou un gel des budgets en 2010. Seules 18% envisagent une augmentation. Conséquence directe de la crise, la pression est particulièrement sensible sur les services sociaux : allocations sociales, aide au logement, soutien aux demandeurs d'emplois et sans-abri... "La crise n'épargnera pas le service public européen en 2010, estime Jérémy Smith. Même si l'économie devait se redresser, l'étendue de la dette du secteur public et un chômage tenace exerceront une pression écrasante sur les collectivités."
M.T.