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Economie - Une dose de protectionnisme pour soutenir l'industrie française

Officiellement lancé le 31 août par le ministre chargé de l’Industrie, l’Observatoire du "fabriqué en France" devrait redonner une impulsion à dix des onze filières stratégiques de l’industrie française (automobile, aéronautique, ferroviaire, construction et réparation navales, technologies et services de l’information et de la communication, mode et luxe, industries des biens de consommation, chimie et matériaux, industrie de la santé et agroalimentaire). C’est du moins ce qu’espère Christian Estrosi qui revendique même "une dose de protectionnisme". La valorisation du "fabriqué en France" devrait permettre d'"augmenter la production industrielle de 25% d’ici 2015 et de pérenniser l’emploi industriel après la perte de plus de 550.000 emplois au cours des dix dernières années".

Trois indicateurs seront pris en compte par l’observatoire : la part des produits qui provient de France, l’équilibre entre importations et exportations françaises et la part des produits "fabriqués en France" dans le marché intérieur. Les premiers chiffres sont éloquents : alors que 75% des composants des produits étaient français en 1999, ils n’étaient plus que 69% l’année dernière. Parmi les secteurs pointés du doigt par le ministre de l’Industrie, l’automobile (passée de 67 à 64%) et plus particulièrement Renault, dont le véhicule électrique Zoé ne contient que "40% de composants produits sur notre territoire". Or, l’Etat soutient la fabrication de cette voiture à Flins (Yvelines) et a souhaité, à ce titre, que Renault "accepte de porter ce taux à 70% sur trois ans".

Les aides de l’Etat seront conditionnées aux critères définis par l’observatoire. Ainsi, l’appel à projets lancé dès le mois de septembre, "visant à soutenir des projets structurants, notamment au niveau local, pour un montant total public-privé de 300 millions d’euros" ou encore "les 231 millions d’euros consacrés à renforcer l’action d’Oséo en faveur du financement et du développement des entreprises de ces filières stratégiques, permettant de soutenir environ 5.000 entreprises par an". Enfin, la "prime à la relocalisation", annoncée par Christian Estrosi (voir notre article du 2 mars 2010) et à laquelle le Gouvernement consacre 185 millions d’euros devrait, selon le ministre, "permettre de soutenir une quarantaine de projets de réindustrialisation avec la création de 2.000 emplois d’ici trois ans".

Ces aides seront également accompagnées de mesures qui verront le jour à travers des textes législatifs et réglementaires élaborés par Yves Jégo (voir notre article du 7 mai 2010). L’ancien secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer préconise en effet la création d’un label "France" qui prendrait en compte "la conception, l’origine des matières premières et les lieux d’assemblage". Le parlementaire rédigera un mémorandum qu’il défendra à Bruxelles dans les prochains mois afin de convaincre la Commission européenne de réviser la législation actuelle. Parmi les revendications d’Yves Jégo : "Marquer l’ensemble des produits mis en vente au sein de l’Union européenne et non plus uniquement les produits importés." Et pour que les régions puissent bénéficier de leurs savoir-faire industriels, le député souhaite que "les indications géographiques protégées (IGP) ne concernent plus uniquement les produits alimentaires mais l’ensemble des produits industriels". Ainsi, "les mouchoirs de Cholet", cités en exemple par Yves Jégo, feraient la fierté des Pays-de-la-Loire.


Muriel Weiss